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17/12/2013

Un vrai moment de littérature

Je te touche.

Tu me touches.

J'enfonce mon doigt dans la peau.

Ce que tu peux être gonflant.

M'en fous. Je te triture. 

Je m'amuse.

C'est pas si souvent. 

Tu cherches des yeux le plus gros volume de la bibliothèque.

Pour m'assommer avec.

Moi je ris.

Le plus gros volume, c'est celui que j'ai relu toute mon adolescence.

Alors tu me parles de ce vieux monsieur pour qui le vers libre est devenu l'expression du conformisme en poésie.

Je te réponds que je veux être incinéré.

C'est dommage, tu dis.

Et tu me triture un muscle juste en-dessous de l'épaule.

Alors je te fais remarquer qu'on a sept cendriers à la maison et qu'on n'en utilise que deux.

Et là, tu ne peux pas me contredire.


12/12/2013

Chatterton

Dans la vie à partir de maintenant ça sera comme ça, gamin : 

Un poème, un carton, un poème, un carton, un poème...

Et à partir de maintenant je te préviens,

Je vais me mettre à te raconter mes guerres.

Tiens, passe-moi la lampe.

Comment, c'est ça que tu appelles emballer ?

Allons, passe-moi le journal, je vais te montrer.

Pis tu prendras ce que tu voudras, tu porteras le reste chez Cash Converters,

Et si c'est pas assez bon pour eux y a Emmaüs juste en face,

Ou, au pire, l'enfer de la Bibliothèque nationale...

Enfin tu verras.

C'est toi qui verras.

Tu feras ce que tu voudras.

Moi, non, ça me gênait pas que mon vieux ait fait ni les tranchées ni Dien Ben Phu ni 68.

Il me reste juste à retrouver le gendarme qui l'a giflé en 83.

Je lui fais le coup de l'accident de voiture, 

Et ce sera tout bon pour moi.

On y bouchera 2-3 trous ils n'y verront que du feu à l'état des lieux.

Après, tu feras ce que tu voudras.

Enfin, tu verras.


Tiens, passe-moi le chatterton.


08/12/2013

Je ne te cherche plus...

je ne te cherche plus au fond des malles des sacs et des cartons qui encombrent le salon

je ne te cherche plus chez Joyce en ouvrant le bouquin au hasard

j'ai arrêté la Bible comme on arrête l'alcool au début de janvier

provisoirement en en gardant quelques psaumes planqués derrière les meubles

je ne te traque plus entre les troupeaux que nous découvrons derrière les armoires

et je ne suis même plus ta trace sous ta peau

 

tu es là

je suis là

juste le temps de constater qu'on a rien à en dire de plus


et pour l'instant aucune angoisse particulière ne transforme la peau de mes mains en vieux parchemins illisibles

nous savons que tout était déjà tombé en poussière dès l'origine

et nous n'avons qu'un ricanement bref pour les paperasses retrouvées

les bijoux cassés 

les dessins froissés sur déchirures de nappes en papier

et tout ce qui sera urgent de relire


tout est à empaqueter encore une fois

mais ça fait si peu de temps depuis la dernière que c'en est presque de la triche

je ne sais toujours pas le manouche

mais je frimerai un peu à la guitare s'il me reste assez de doigts


...et ça continuera tant qu'on aura la santé

nous ne connaissons pas notre bonheur/nous n'avons pas connu la guerre

regarde dans le bocal s'il resterait une pièce

t'angoisse pas

te frappe pas

c'est rien qu'un truc générationnel