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20/02/2020

Jean-Claude requiem XV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

QUAND SOUDAIN.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 ...sur ce suspense insoutenable la version numérique de la série Jean-Claude requiem s'arrête, car un individu de type éditeur a fait une proposition à l'auteur de ces lignes, et il faut bien en garder un peu pour le papier. Merci à tous d'avoir suivi ces aventures.

 

 

17/02/2020

Jean-Claude requiem XIV

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Les tarifs ci-dessus sont consultables sur la site de la mairie du 4e.

La suite est sur Legifrance.

Car il y a une suite. Asseyez-vous.

Dans l’intervalle, le marbrier chargé de s’occuper de l’ouverture de la concession appelle.

Prenez un mouchoir.

On ne parle pas seulement de la corpulence d’un homme, de vingt-sept ans de boîte et de collègues dans la stupeur qui gonflent un homme, ce qu’il a été, ce qu’il laisse – on parle d’un autre marbrier, un collègue-marbrier en fin de carrière en 2004.

Il faut se méfier des professionnels en fin de carrière apprend-on soudain.

Des professionnels qui en ont marre, qui ont mal au dos, qui n’en peuvent plus de votre gueule en morve toujours prête à fondre quand on vous présente un devis.

Et se soucient de fouiller partout à la recherche de tous les justificatifs touchant leur carrière.

Beaucoup plus que de leur réputation d’artisans.

 

Pour ne pas investir dans un suspense inutile, l’homme au bout du fil explique : le cercueil ne passe pas dans le caveau.

Quoi qu’on fasse, et ce n’est pas une question de corpulence.

C’est une question de boulot salopé. De fosse creusée à l’arrache. Beaucoup moins profond que ce que prévoyaient les termes du contrats.

La concession prévue pour accueilli Jean-Claude (et tous les hommes de sa race depuis une génération) et où son père (enfin inoffensif) l’attend.

Ne peut accueillir d’autre cercueil.

Quoi qu’on fasse.

Et même si, comme finement suggéré plus haut, le médecin-légiste avait profité de l’autopsie pour enlever de la graisse.

Amen.

 

Amen : il faut (la famille est forcée de) acheter un caveau en terre pleine.

Et en attendant : il faudra à Jean-Claude un caveau provisoire.

Car nous n’allons pas attendre que l’écosystème qu’est devenu (qu’a toujours été) Jean-Claude poursuive son travail de liquéfaction, de sécession.

Travail qui est (qui n’est rien d’autre que) de la vie, de la vie et encore de la vie.

Mais ne correspond pas à la façon dont nous souhaitons traiter les défunts, en occident.

 

Ce genre de tragédies ne s’anticipe pas.

Ce genre de comédies n’arrive pas dans les films.

Ou du moins pas de cette façon. Pas avec ce luxe de détails.

Il faut que la date soit publiée, le rendez-vous pris, le froid vif, les hommes et les femmes rassemblés, mères, sœurs, voisins, collègues d’il y a vingt ans et d’aujourd’hui, cousins éloignés, flâneurs, bénévoles de la paroisse.

Il faut le rite.

Collectif, toujours.

Il faut que soit appliqué le taux de TVA voir plus haut.

Il faut que le caveau soit normé NF P98049, il faut que les yeux piquent et que la morve subisse un mouvement contraint vers le haut avec un bruit de siphon bouché.

Il faut que la boîte, destinée elle-même à se dégrader, à être rongée peu à peu (long est parfois le temps du deuil) par des micro-organismes dans un minimum de respect des habitudes alimentaires desdits micro-organismes mais néanmoins selon des normes d’étanchéités propres à garantir la sécurité des personnels et des proches, obéisse à la Norme Française D80-001-3, selon les articles dédiés du Code des communes :

 

Article R363-26 En savoir plus sur cet article...

Créé par Décret 77-241 1977-03-07 JORF et JONC 18 Mars 1977

Sauf dans les cas [*qui exigent un cercueil hermétique d'un modèle agréé*] prévus à l'article suivant, le corps est placé soit dans un cercueil en bois dur de 26 mm d'épaisseur avec garniture étanche, soit dans un cercueil fabriqué à l'aide d'un matériau autorisé à cet effet par le ministre chargé de la santé, après avis du conseil supérieur d'hygiène publique de France [*conditions de forme*].

Toutefois, un cercueil en bois léger d'une épaisseur minimale de 18 mm avec garniture étanche est autorisé si l'inhumation a lieu dans une commune située dans un rayon [*distance*] maximum de 200 km du lieu de fermeture du cercueil.

Les restes provenant d'un corps inhumé depuis plus de cinq ans [*délai*] et réduit à l'état d'ossements sont placés dans une boîte à ossements.

 

Article R363-27 En savoir plus sur cet article...

Créé par Décret 77-241 1977-03-07 JORF et JONC 18 Mars 1977

A moins qu'il n'ait subi des soins de conservation conformément aux dispositions de la section I, le corps est placé dans un cercueil hermétique satisfaisant aux conditions fixées à l'article R. 363-29 dans les cas suivants :

1° En cas de transport du corps hors du territoire de la commune où a eu lieu la fermeture du cercueil et à une distance ne dépassant pas 600 km si le délai compris entre le moment de la fermeture du cercueil et celui de l'exhumation ou de la réinhumation doit dépasser quarante-huit heures ;

2° En cas de transport du corps en dehors du territoire de la commune où a eu lieu la fermeture du cercueil si le trajet à parcourir, quels que soient la durée et le mode de transport, est supérieur à 600 km ;

3° En cas de dépôt du corps pendant une durée excédant quarante-huit heures soit à la résidence du défunt ou à celle d'un membre de sa famille, soit dans un dépositoire ou un caveau provisoire.

En cas de transport à résidence sans mise en bière du corps d'une personne décédée hors de sa résidence, le délai de quarante-huit heures est compté à l'arrivée du corps à sa destination ;

4° Dans tous les cas exceptionnels où, par décision préfectorale, l'emploi d'un cercueil d'un tel modèle est reconnu nécessaire.

Article R363-28 En savoir plus sur cet article...

Créé par Décret 77-241 1977-03-07 JORF et JONC 18 Mars 1977

Même dans les cas où il subit des soins de conservation conformément aux dispositions de la section I, le corps est placé dans un cercueil hermétique répondant aux conditions prévues à l'article suivant :

1° Lorsqu'il y a lieu de transporter hors du territoire de la commune où a eu lieu la fermeture du cercueil ou de garder en dépôt soit à résidence, soit dans un édifice cultuel, soit dans un dépositoire ou dans un caveau provisoire le corps d'une personne qui était atteinte au moment du décès de l'une des maladies contagieuses mentionnées dans l'arrêté prévu à l'article R. 363-6 ;

2° Lorsque la durée du dépôt dans un caveau provisoire doit excéder huit jours.

 

(…)

Décret n° 2018-966 du 8 novembre 2018 relatif aux cercueils


« Art. R. 2213-25-1.-I.-Avant la mise sur le marché, un organisme accrédité vérifie que le cercueil muni d'une cuvette d'étanchéité respecte les caractéristiques mentionnées à l'article R. 2213-25. Cet organisme délivre une attestation de conformité. 
« II.-Un arrêté des ministres chargés de la santé et de l'environnement, pris après avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail et du Conseil national des opérations funéraires, fixe les modalités de la vérification prévue au I. 
« III.-L'organisme mentionné au I est accrédité par le Comité français d'accréditation ou par tout autre organisme d'accréditation signataire d'un accord de reconnaissance mutuelle multilatéral pris dans le cadre de la coordination européenne des organismes d'accréditation. 


« Art. R. 2213-25-2.-Les dispositions des articles R. 2213-25 et R. 2213-25-1 ne font pas obstacle à la libre circulation des cercueils légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre Etat membre de l'Union européenne, dans un autre Etat partie à l'accord instituant l'Espace économique européen, ou en Turquie, qui satisfont à un niveau de résistance, d'étanchéité, de biodégradabilité et de combustibilité équivalent à celui défini par l'arrêté prévu au I de l'article R. 2213-25. »

 

On ne saura pas de quels fléaux bactériens pestilentiels auraient pu être porteuses les émanations de Jean-Claude, émanations d’une vie de sueur de métal de palettes et de souffle rauque.

On saura en revanche que le vendredi 18 octobre 2019, les hommes et les femmes furent rassemblés, la morve aspirée les larmes ravalées et Jean-Claude accompagné jusqu’à son avant-dernière demeure.

Ce qui s’appelle (autant que cela puisse avoir un sens lorsqu’on parle d’un cadavre) ne pas avoir de bol.

Mais cela eut lieu.

Rituellement.

Collectivement.

J’aurais pu en être.

Mais vous savez, la vie, les gosses, les travaux sur la ligne C du métro.

 

14/02/2020

Jean-Claude requiem XIIbis

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Les jours suivants la mairie donne son feu vert.

Le service d’état civil délivre le permis d’inhumer.

Cela se passera le vendredi 18 octobre à 15h30. Cimetière de la Croix-Rousse.

Les papiers sont signés. Les collègues, prévenus par voie de mail interne.

Une cagnotte a été mise en place au bénéfice de la famille.

C’est ainsi que les choses se passent : avec un taux de TVA applicable pour l’ensemble des opérations funéraires de 20%.

Par suite de l’augmentation du taux de la taxe sur la valeur ajoutée réduite apportée par la loi n°2011-1978 du 28 décembre 2011.

Complétée par la hausse de TVA implémentée sous le Gouvernement Ayrault. 20%. Excepté pour le transport du corps.

Avant ou après mise en bière.

Qui est taxé au taux réduit de 10%.

Et ce depuis le 1erjanvier 2012.

Date à laquelle je ne connaissais pas Jean-Claude.

Ni le personnel chargé de ce fameux transport.

Sans quoi. Il y avait de quoi exiger une prime.

La pénibilité. Vous savez.

 

Selon les sources on lit qu’un cercueil peut varier de 500 à 8000 euros.

Parfois moins, pour les articles en carton, parfois plus, selon votre fantaisie et votre goût des belles essences. Aucun site correctement référencé n’affiche cependant de tarifs clairs et définitifs – quelque part la décence, quelque part le marketing. Prenez un mouchoir.

 

On trouve par contre facilement sur le site de la mairie du 4eles tarifs de la direction des cimetières.

Il est dit que les tarifs sont soumis à la délibération du Conseil Municipal car nous sommes en démocratie bordel.

Et dépendent de la durée choisie et de la superficie.

Les concessions temporaires (de 15 ans), les concessions trentenaires et les concessions cinquantenaires sont renouvelables au prix du tarif en vigueur à la date d'échéance du précédent contrat.

Les prix "moyens" des concessions pour une durée de 15 ans :

Concession en terre, 520 €

Caveau, 620 €

Enfeu, 1 500 €

Jardin cinéraire, 260 €

Rosier, 210 € non renouvelable

Columbarium entre 265 € et 345 € pour les acquisitions (plaque incluse) et 230 € et 310 €

Il est possible également d’acheter un caveau d’occasion est-il précisé.

Et que la mairie prévoit les formalités de désistement.

On peut donc (on a le droit) de (c’est légal c’est encadré) se désister d’un enterrement.

Si par hasard on a décidé de ne plus mourir.

Comme ça par caprice parce que comme disent les livres au rayon bien-être il est important de s’écouter.

Ou peut-être parfois vous vous rendez-compte (votre famille se rend compte pour vous) que la mort ne tient pas ses promesses.

En vrai, c’est surévalué.

Ça ne vaut pas le prix que ça coûte.

Ou alors juste le prix du snobisme.

Un peu comme le ski alpin.