18/10/2023
Bloc
Comme je l’ai dit sur un autre réseau il y a quelques semaines jcrois j’ai fini mon premier jet. Je vous remercie pour les blagues aéronautiques le blagues scatoalcooliques. Du fond du coeur je vous embrasse. Tous. Toutes. Je vous embrasse depuis un bloc : mon bloc. Du haut duquel mes six derniers mois de travail acharné de feignasse semi-pro vous contemplent.
Car j’ai maintenant un bloc. Un bon gros bloc de texte de 115 pages avec le titre les dédicaces et les citations en exergue. Ce bloc est un bloc de texte il est donc à moitié intellectuel à moitié spirituel, il n’en demeure pas moins un bloc avec une existence physique de bloc. Un poids une densité. Mille emmerdements pour le déplacement le stockage. Il fait fumer quelque part des data centers inscrit quelques débits à mon compte karmique. Mais c’est un beau bloc.
Quand on a un tel bloc c’est beau mais on a tout et rien fait. On a surtout une structure à attaquer, à critiquer, à détruire. C’est précieux. C’est un point de départ. De nouveau départ. C’est un guide. Un objet autour duquel tourner pour le regarder sous tous les angles dans toutes les lumières possibles, devant lequel faire un pas en arrière pour inspecter la perspective.
On a tout fait. On n’a rien fait : il s’agit maintenant de l’attaquer, mais de l’attaquer par les flancs, façon guérilla, y aller au harcèlement à l’escarmouche. Ronger de délicats bouts de caillasse sur les bords, faire apparaître de fragiles esquisses comme à l’acide quand on fait une litho, comme au ciseau quand on est Michelange qu’on a un gros bloc qu’on s’acharne à chercher chaque poil pubien de David dedans.
Je ne connais rien à la litho. Je ne connais rien à la sculpture sur marbre. Par contre je sais quelques trucs sur l’écriture de blocs, en particulier qu’il va falloir à un moment décider dans quel genre littéraire tu dois le presser. Ça peut intervenir très tardivement, ça peut se décider sur un coup de nerf un changement de personne de narration une histoire de fantôme qui te revient. Et bien sûr tout peut s’écrouler à la moindre conversation alcoolisée la moindre vidéo YouTube la moindre sortie de livre qui peut te rendre absolument obsolète, anodin, hors de propos.
Il faut vivre avec cette anxiété encore une fois c’est la vie héhé. Il fait l’accepter parce que c’est quand même sur ces grands huits hormonaux que tout ça vaut le coup. En gardant à l’esprit le commandement ultime : NE PAS FAIRE LE MALIN.
Ça ne veut pas dire qu’on doit rester tout seul avec ses grands huits, c’est un peu pour ça que je cause ici. Mois après mois un tas d’entre vous ont encouragé, vanné et répondu, m’ont filé des super disciplines de bien-être à glisser dans mes énumérations chéries (putain c’que j’aime les énumérations) ou par un simple like en forme de solidarité rose et jaune m’ont fait comprendre que je me plantais de route. Merci à tout le monde.
Je vais peut-être continuer à poster des trucs, je ne sais pas quand, à quelle fréquence ni dans quel état d’inachèvement mais je voulais ajouter une dernière chose : je cause beaucoup de ce projet avec mon beauf, qui n’est pas un poète ni particulièrement un lecteur de poésie. L’autre jour alors qu’on crachait nos poumons dans le Pilat il m’a posé cette question : Tu veux faire quoi en fait ? Un roman ? Un poème ? Une autobiographie, un essai critique ?
Cette question est encore assez bordélique dans ma tête mais on s’est mis à parler de la structure romanesque, de la gestion de l’empathie du lecteur envers le personnage etc. Là je crois bien avoir pigé que je ne voulais pas de ce type d’empathie. On sera donc certainement pas sur du roman romanesque. Pour le reste c’est assez chaud à doser, ça brasse beaucoup de contenu documentaire, pourtant je ne peux pas m’empêcher de garder ce mot à l’esprit : poème. Pas poésie, pas poèmes, pas poésies, poème. Un mot tout simple, qui n’a aucune sorte de connotation méliorative ou péjorative à mes yeux mais qui agit d’une façon ou d’une autre sur mes circuits cérébraux : d’une façon ou d’une autre, ça aura une influence sur le texte.
Bisous.
10:05 Publié dans Spi, développement perso | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
"quand on est Michelange qu’on a un gros bloc qu’on s’acharne à chercher chaque poil pubien de David dedans" : oh c'est bon ça. Oui, c'est bien comme ça qu'on l'imagine.
Pour illustrer ce Michel-Ange-là, en quête du poil parfait, il y a le biopic "époque tombeau de Jules II" réalisé par Kontchalovski (le type qui a fait Runaway Train). Petit film pas très propre sur lui plutôt réussi, où flottent même ici et là des remugles jubilatoirement pasoliniens.
Écrit par : Stéphane Bernard | 18/10/2023
Merciiiii Stéphane ! Ça fait plaisir d'avoir de tes nouvelles et ça prouve que c'est pas pour rien que je copiecolle tous mes posts FB ici. Merci du conseil, ça fait un moment que le Kontchalovski est sur ma pile, ça peut être un bon moment pour passer à l'action.
Amitiés !
Écrit par : Greg | 18/10/2023
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