25/02/2014
De l'azur dans un tas de cailloux (suite de la note précédente)
Je n'ai pas cette capacité. N'insistez pas.
Moi, je vois un tas de cailloux, je tape dessus.
Pas avec de la poésie. Avec une masse.
Les éclats rebondissent, des fois ça me fait saigner une paupière.
Et je m'y mets alors avec une rage accrue.
C'est dur, les cailloux.
Et les lunettes de protection glissent.
Et ce n'est pas pour l'amour de l'art.
C'est pour 9 euros 39 de l'heure.
Et on m'a dit qu'il y avait de l'or dessous.
N'insistez pas. On m'a dit qu'il y avait de l'or.
10:24 Publié dans Bouts de peau | Tags : cailloux, masse, taper, or, azur, poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
21/02/2014
De l'azur dans un tas de fumier
Maman était du genre à trouver de la poésie dans n'importe quoi.
Par exemple, elle était persuadée que ses ancêtres paysans vivaient dans une sorte d'Eden où les hommes et les bêtes réalisaient l'harmonie avec le soleil la pluie et la terre.
Et les femmes pilaient le mil dans des mortiers, elle disait.
Et c'était une joie de les voir tout en noir, sur les bancs, le fichu sur la tête.
Et l'émerveillement, et la simplicité, et la supériorité morale.
Papa disait que c'était sans doute pour ça que les ploucs de l'époque avaient une espérance de vie d'environ quarante ans, et des problèmes de dos.
Alors maman lui faisait le gueule.
Elle ne voulait pas admettre cette histoire d'espérance de vie : dans sa campagne, il y avait les saisons, mais à part les très vieux qui se couvraient d'écorce et devenaient des arbres, elle n'avait pas vu beaucoup de ses ancêtres sortir du cycle des graminées.
Par contre, les problèmes de dos la turlupinaient.
Maman n'était pas du genre à mépriser la douleur.
...
11:24 Publié dans Bouts de peau | Tags : azur, fumier, paysans, mythologie familiale, papa, maman, ancêtres | Lien permanent | Commentaires (0)
18/02/2014
Un jour puis un jour puis un jour
elle passe en laissant une traînée de parfum
elle agit toujours comme si elle n'avait pas conscience
d'être une chose tout à fait étrange
comme si ces parties de son corps ne venaient pas d'une autre galaxie
elle existe
comme elles le font toujours
sans se poser de question
puis elle fait un effort
ne t'inquiète pas je ne vais pas tarder à être grosse
elle a l'air sincère
mais pour l'instant il semble très douteux
qu'il existe des échangeurs d'autoroutes
des décharges publiques
des usines puant la nourriture pour chat
et des dimanches après-midi
13:25 Publié dans Bouts de peau | Tags : parfum, déesse, galaxie, échangeurs d'autoroute | Lien permanent | Commentaires (0)