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25/02/2014

De l'azur dans un tas de cailloux (suite de la note précédente)

Je n'ai pas cette capacité. N'insistez pas.

Moi, je vois un tas de cailloux, je tape dessus.

Pas avec de la poésie. Avec une masse.

Les éclats rebondissent, des fois ça me fait saigner une paupière.

Et je m'y mets alors avec une rage accrue.

C'est dur, les cailloux.

Et les lunettes de protection glissent.

Et ce n'est pas pour l'amour de l'art.

C'est pour 9 euros 39 de l'heure.

Et on m'a dit qu'il y avait de l'or dessous.

N'insistez pas. On m'a dit qu'il y avait de l'or.

 

21/02/2014

De l'azur dans un tas de fumier

Maman était du genre à trouver de la poésie dans n'importe quoi.

Par exemple, elle était persuadée que ses ancêtres paysans vivaient dans une sorte d'Eden où les hommes et les bêtes réalisaient l'harmonie avec le soleil la pluie et la terre.

Et les femmes pilaient le mil dans des mortiers, elle disait.

Et c'était une joie de les voir tout en noir, sur les bancs, le fichu sur la tête.

Et l'émerveillement, et la simplicité, et la supériorité morale.

Papa disait que c'était sans doute pour ça que les ploucs de l'époque avaient une espérance de vie d'environ quarante ans, et des problèmes de dos.

Alors maman lui faisait le gueule.

Elle ne voulait pas admettre cette histoire d'espérance de vie : dans sa campagne, il y avait les saisons, mais à part les très vieux qui se couvraient d'écorce et devenaient des arbres, elle n'avait pas vu beaucoup de ses ancêtres sortir du cycle des graminées.

Par contre, les problèmes de dos la turlupinaient.

Maman n'était pas du genre à mépriser la douleur. 

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