14/05/2014
Des questions pratiques en langue vulgaire
puisque nous sommes en faillite
avec le coeur en récession
et nos âmes velléitaires
accrochées aux tétons austères —
puisqu'on nous voit le bout de notre résilience
et qu'on sera bientôt trop gris
trop cernés fatigués variqueux
pour se fourguer à la bourgeoise
entre teckel et géranium
dites-nous donc
o arrêtés municipaux
où donc garer la caravane
où exposer nos os
dans quelle région continentale mourir
d'autre chose que de pneumo
o nymphes o faunes o agents de sécurité
dites-moi
qui écrira le guide de la vie en grand air
le Michelin des cours d'immeubles le Routard des portes cochères
le conseil de gourmet de la soupe populaire
où planter une tente où poser un carton
ramasser des mégots
sans se faire ramasser par la municipale
devant quel temple à cathos de gauche tendre la main
pour thésauriser l'amour fait humain
les villes ne sont les villes que la nuit
après l'extinction des fêtards
et encore, avant les camions-poubelles
tant que les rats sont là nous ne risquons rien
08:00 Publié dans Bouts de peau, fins de séries | Tags : tourisme, questions pratiques, langue vulgaire, routard, michelin, clochardisation | Lien permanent | Commentaires (0)
03/05/2014
Variation sur un thème connu
Pas la peine d'essayer d'y couper. Il va falloir retourner au boulot, tout reprendre à zéro, comme au CP, et brûler des tonnes de cierges en espérant que ça y sera, encore une fois.
Ce n'est pas évident. Ce n'est pas facile. Rien n'est acquis. La cafetière crachote, le soleil te brûle les yeux et tu te demandes où tu as foutu le collyre.
Et personne ne te demande de faire ça. Il n'y a pas de raison. Tu pourrais te payer de belles vacances à enchaîner les séries sur le canapé. Mais non, toi, tu te crois au-dessus de ça, et rien que l'idée d'un jour sans souiller de papier de colle des sueurs froides.
Mais ce n'est pas facile. Ça n'a rien d'évident. Et parfois seule l'idée qu'à l'aune des planètes de l'âge du soleil du big crunch et de toutes ces sortes de choses tu aies exactement la même importance que Jésus, Bouddha, Dante, Marc Lévy et Lady Gaga est capable de te maintenir à ta table.
...
La question de savoir si c'est la conscience professionnelle ou une simple névrose, vraiment, c'est du luxe à ton époque et dans ta position.
15:18 Publié dans Bouts de peau, Gueules de bois | Tags : boulot, s'y remettre, mater des séries, conjonctivite, collyre, cierg | Lien permanent | Commentaires (0)
15/04/2014
La sainteté commence par les pieds
Je ne peux pas le dire,
hein —
j'aurais mon père, ma mère,
avec des torches enflammées.
Non, je ne peux pas le dire —
j'aurais ma copine, mes copains, mon gosse
avec fourches affamées — Non,
il faut me taire
— j'aurais
mon frère ma soeur le maire et tous mes éditeurs
avec tanks et moissonneuses-batteuses.
Je ne peux pas le dire
que la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie
est ce tapis de bain
fabriqué en Suède
que tu as rapporté l'autre jour.
Et pourtant.
Sens, sens.
Sens comme la plante de tes pieds
efface toute pensée.
Gouttes.
Buée.
Rémission de tous les péchés du monde
l'espace qu'une seconde.
09:37 Publié dans Bouts de peau | Tags : tapis de bain, ikea, rémission de tous les péchés du monde | Lien permanent | Commentaires (0)