07/01/2015
Un truc de monotrème
j'ai encore rencontré un type dans le métro
qui était la réincarnation de Jésus César Clemenceau Saint François d'Assise et Saddam Hussein
il n'a pas fait exploser la rame ce coup-ci mais il avait l'air en forme
et j'ai pour principe de ne jamais désespérer des procratinateurs
j'ai encore fait celui qui trouve ça normal au milieu des cache-nez déguisés en humains
et je lui ai tenu le crachoir jusqu'à la station Part-Dieu
je ne sais pas ce que ça dit sur mon romantisme adolescent
mais je sais que j'attire ce genre de personnes
comme certaines filles les mecs violents
j'étais moi-même en pleine réincarnation
je venais de m'incarner en moi
le moi d'avant la nouvelle année
qui n'avait même pas eu la chance d'une gueule de bois pour jouer la mort symbolique
alors j'ai joué le jeu
j'ai fait comme si tout ça avait un sens
comme si tout ça n'était pas l'exacte définition d'un cloaque
l'amour et la merde au même endroit
un truc de pédé
de monotrème
de poète
07:00 Publié dans Bouts de peau | Tags : un truc de pédé, monotrème, poète, prophète dans le métro, nouvelle année sans gueule de bois | Lien permanent | Commentaires (0)
20/12/2014
Tilia
la fille la plus balèze du monde
fait 1,6 kg
elle se tortille
avec des cuisses de mouches que même les Chinetoques boufferaient pas
à la sauce aigre-douce
pourtant elle vit
et elle fait vivre et elle fait parler et elle occupe toutes les pensées d'une bonne douzaine de personnes depuis un mois
et ELLE respire
et ELLE ouvre les yeux
et ELLE réclame à bouffer
et alors vous vous dites
moi je suis auto-entrepreneur
moi j'ai gagné la coupe des nations
moi je suis président de la République
oui mais ELLE tout ça
— respirer ouvrir les yeux réclamer à bouffer —
elle le fait vraiment
vous pouvez en dire autant ?
19:02 Publié dans Bouts de peau | Tags : tilia, les bébés prématurés, respirer, ouvrir les yeux, réclamer à bouffer, président de la république, la fille la plus balèze du monde | Lien permanent | Commentaires (2)
07/12/2014
Avec ce truc la poésie
(ce qu'il y a avec ce truc la poésie c'est qu'on reste peut-être plus qu'ailleurs prisonniers de nos réflexes & idées reçues. Par exemple, si je dis que ce qui m'intéresse dans le métier de poète c'est la gloire et l'argent on va dire que je manie subtilement une ironie dont le fond de désespoir etc etc. et que ce n'est pas grave, que six milliards d'humains moins des poussières s'en foutent.
Mais je reste sur ma position : je suis vraiment devenu poète pour l'argent. Et la gloire. Et la coke et les putes et l'Académie Française, si tant est qu'il y ait une différence. Je veux être mainstream, moi. Je suis prêt à me faire récupérer. À vendre ma mélodie intérieure à l'industrie de la pub. Et je m'étonne de ne pas encore avoir reçu de propositions.
En attendant, je rentrais hier tard dans la nuit avec le papa et la maman d'un journal pour les enfants.
Certains d'entre nous étaient bourrés. Mais on était tous au bord de l'épuisement. Mais on était tous au bord de l'épuisement et QUAND même encore plein de poésie. Malgré le vent le froid les deux fleuves les métros fermés.
Jaloux de notre succès, le maire de la Grande Ville avait organisé un événement international à base de pognon et d'ampoules destiné à faire quadrupler la population de l'agglomération pour un week-end et à paralyser le réseau de transports en commun. Il l'avait fait dans le seul but de nous emmerder, nous, nous trois plus les quelques poètes/éditeurs/gérants de MJC qu'on venait de quitter. Les mecs les plus puissants de la terre, bien plus que le Tsar de Russie ou le Roi de Chine, j'avais des preuves mais elles n'arrivaient pas à me sortir du cerveau dans le bon ordre alors je levais mon vin chaud aux délires logistiques qu'il avait fallu accomplir pour traîner tous ces Chinois Italiens Baltes Australiens Suédois avec leurs bonnets et leurs appareils photo, rien que pour nous faire chier, rien que pour nous faire chier moi et mes potes.
Ça s'est passé tout comme je vous dis.)
14:44 Publié dans Bouts de peau, Gueules de bois, Revues | Tags : fête des lumières, métros fermés, rentrer bourrés, je fais de la poésie pour l'argent, la coke et les putes | Lien permanent | Commentaires (1)