14/12/2017
Jeudi 4 décembre 2017 dans l'histoire de la littérature française
Les deux neurones du poète
se rencontrent devant la
machine à café
- Ça va dit l’un, le petit fait ses dents, mais maintenant ça va.
- Ça va dit l’autre j’ai eu 6 euros sur le quinté hier je sens que la baraka revient.
C’est un de ces instants
fulgurants et lumineux
où la magie opère.
08:48 Publié dans fins de séries | Tags : neurones, poète, machine à café | Lien permanent | Commentaires (0)
28/03/2017
Gratos XIV
...
ensuite
mon
binôme
me raconte
une autre
aventure
con-
cernant
un
objet
tombé
derrière
son
frigo
je
n'ai pas compris
s'il
s'agitait
d'un
portefeuille
ou d'un
plat à tarte
toujours
est-il qu'
Arlette
et lui
durent
déplacer le frigo
non sans
découvrir
un
tapis
de crasse
et de
poussières agglutinées
qu'aussitôt ils
nettoyèrent
à
grands renforts
d'as-
pirateur
et de
détergents industriels
en
tirant une
morale
définitive
sur
les frigos
et la
rapidité
de la
crasse
qui
s'accumule
-
ce
disant
il se
fait
son
sixième feu rouge
de la matinée
et dans
l'habitacle
de mon
cerveau
il est
à peine
7h32
de ce
côté
du monde
mais le
soleil
est levé
depuis
je ne sais combien de temps
le
printemps
a fait
les poches
de mes yeux
soutirant
tout le mystère
-
je
pense
aux
poissons
aux
anémones
aux
coraux –
coraux
qui sont
des
animaux
des êtres
pourvus d'âme
qui
mangent
qui
chient
qui
rêvent peut-être
je
me souviens
que
passée la limite des
coraux
des
merveilles scintillantes
passé
le mystère
retrouvée
la pesanteur
cette
île
est la
pire aberration
économique
de l'Océan
Indien –
mono-
culture
poly-
glottisme
illettrisme
20%
chômage
30%
fonctionnaires
idem
subventions
européennes
je me
souviens
de ces routes
concassées
par les chutes
de pierres
ou
recouvertes
tous les deux
ou trois ans
par les coulées
de lave
et qu'on
reconstruit
qu'on
réhabilite
mordant sur
l'océan
je me
souviens
du taux
d'obésité
des hectolitres
d'insuline
dans des milliers
de seringues
attendant
l'humain
qu'on
gave
d'imports
saturés en
sucre
à base de betterave
produite
en Normandie principalement
et dans
les Hauts-de-France
afin
qu'ils
ne se révoltent pas
comme
moi
comme
mon binôme –
je me
souviens
du sucre
de betterave
au supermarché
deux fois
moins cher
que le sucre
de canne
produit
locale-
(de temps en temps mon
binôme me demande
où c'est que j'ai loué aux
Antilles – car dans
deux ans
il aura fini de payer sa
campagne Arlette
aura ses
trimestres)
- ment mon binôme quant à lui
vit assez bien la
situation/
son foie :
à la Banque Populaire
son cœur :
chez Century 21
ses poumons :
chez un concessionnaire Renault
son rêve :
dans le magasin d'un revendeur
de motos
de l'avenue de Saxe
son crachat :
éternellement pour un
système qui
économiquement
le rend
possible –
car il
a le don du
langage créateur
il
est au centre de tout
c'est
son leitmotiv
il dit
c'est quand même nous la moelle épinière
il
assume parfaitement d'être
par
la vertu magique
de son
langage
le seul
l'unique
travailleur véritable
de ce nid
de feignasses le
détenteur de l'art
de vivre
avec
ses vingt ans de crédit
ses
deux bagnoles
son
anesthésie télévisuelle
pour
tout le temps passé
à
ne pas rembourser –
économiquement mon
binôme
est comme
ce sage
attendant la mort sur
sa montagne : ne veut
rien
n'espère
rien
a tout
pigé
mais laisse
aux jeunes générations le
soin de refaire le
chemin
afin de communier dans
son monde
parfait
clos sur lui-même
où rien ne sort
ni
ne rentre
qui soit de l'ordre de
la pensée
un monde qui
à force d'être
ressassé finit par
s'incarner
comme un
ongle
qui
à chaque
pas me procure
non une
douleur
mais une
gêne bien
réelle – ce qui
fait de mon binôme
à
sa manière et pour
moi seul un
poète.
06:24 Publié dans fins de séries, Gratos | Tags : aberration économique, crédit, poète | Lien permanent | Commentaires (0)
07/01/2015
Un truc de monotrème
j'ai encore rencontré un type dans le métro
qui était la réincarnation de Jésus César Clemenceau Saint François d'Assise et Saddam Hussein
il n'a pas fait exploser la rame ce coup-ci mais il avait l'air en forme
et j'ai pour principe de ne jamais désespérer des procratinateurs
j'ai encore fait celui qui trouve ça normal au milieu des cache-nez déguisés en humains
et je lui ai tenu le crachoir jusqu'à la station Part-Dieu
je ne sais pas ce que ça dit sur mon romantisme adolescent
mais je sais que j'attire ce genre de personnes
comme certaines filles les mecs violents
j'étais moi-même en pleine réincarnation
je venais de m'incarner en moi
le moi d'avant la nouvelle année
qui n'avait même pas eu la chance d'une gueule de bois pour jouer la mort symbolique
alors j'ai joué le jeu
j'ai fait comme si tout ça avait un sens
comme si tout ça n'était pas l'exacte définition d'un cloaque
l'amour et la merde au même endroit
un truc de pédé
de monotrème
de poète
07:00 Publié dans Bouts de peau | Tags : un truc de pédé, monotrème, poète, prophète dans le métro, nouvelle année sans gueule de bois | Lien permanent | Commentaires (0)