28/01/2015
A l'Yve B, l'homme qui s'écoutait couler
(je pense à mon pote qui est en train de respirer en ce moment même quand je dis respirer je veux dire VRAIMENT RESPIRER pas par habitude comme ça par conformisme et pour ne pas se poser de questions pas parce qu'on fait ça depuis l'enfance et que papa maman papy mamie ont fait ça sous les Républiques 3 & 4 et même un peu l'État Français
mais par AMOUR — je pense à mon pote
qui a besoin de tout l'amour qu'il peut contenir pour faire cet effort-là
qui écoute son sang couler entre ses bronches entre ses tempes & dans ses bras
pas comme on prend conscience une demi-seconde de son élément liquide quand on a failli rater le bus
mais comme quand le bruit du ruisseau monte & se met à secréter des violons dans une comédie romantique
juste avant la scène du baiser
je pense
à mon pote qui bat des tempes
qui se colmate
mais qui n'a pas fini de se colmater
qui fuit un peu qui déborde et qui crache
comme s'il en avait trop
comme s'il en avait à refiler aux Kurdes aux Syriens aux p'tits gars de la Palestine ohé ohé
qui n'en voudraient sans doute pas, de son sang
de son sang qui a cogné à une valve de porc
qui manque de globules rouges mais qui a le mérite de couler encore
je pense
à mon pote qui savoure l'air l'eau le sang et le plafond de l'hôpital
même s'il est vacillant comme un mauvais réveil de sieste
et je pense à mon air
à mon eau
à mon sang
j'y ajoute juste ce qu'il faut de caféine et de nicotine
pour que nos airs eaux sangs à mon pote et à moi
soient une petite fête)
10:03 Publié dans Bouts de peau | Tags : coeur, yve bressande, valve de porc, kurdes, syriens, palestine, respirer | Lien permanent | Commentaires (1)