11/11/2015
Honneur aux jours fériés
mon estropiée
elle n'en a rien à foutre de la patrie
de l'honneur
et de l'uniforme
mais ce matin
exceptionnellement
elle rend hommage
à nos valeureux combattants de Verdun
sans qui cette grasse mat
n'eût pas été possible
09:37 Publié dans Bouts de peau | Tags : jour férié, verdun, la patrie reconnaissante | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2015
Fait son taf
pris des vacances le poète
pas fini de sécher son bob le poète
pas imprimé les photos le poète
pas terminé sa cigarette le poète
pas vu dans les soirées poésies le poète
fréquenté les métros le poète
revu la ville en accéléré à sept heures du matin le poète
analysé les jolies circonvolutions de la vie en entreprise le poète
rumine son épopée le poète
se refuse à second degré générationnel comme se refuse à se faire plein de pognon avec un beau roman sur la shoah et les familles recomposées le poète
prêt à se laisser circonvenir le poète
attend les Méphisto de l'édition un RIB à la main le poète
commence un jour plus un jour plus un jour très curieux de savoir si ça cessera de ressembler à un jour plus un jour plus un jour s'il y met assez d'attention le poète
meurt pas beaucoup plus que d'habitude mais c'est dans son programme de muscu de la semaine prochaine le poète
fait son taf mais ça s'arrête là le poète
vous souhaite une excellente journée et vous dit à bientôt le poète
06:52 Publié dans Bouts de peau | Tags : le poète, vacances, quotidien, toutes ces conneries | Lien permanent | Commentaires (0)
21/10/2015
Septheuresdumat
7H du mat et c'est l'instant où l'immeuble d'en face fait ses sémaphores.
Troisième étage, fenêtre du milieu : trois coups brefs.
Deuxième, fenêtre de gauche : trente secondes de néon à vif, puis noir.
Rez-de-chaussée, troisième fenêtre en partant de la droite : lumière, noir, lumière, noir, toutes les trois secondes.
Il est 7 heures du mat. C'est l'heure où on peut voir de loin des formes humaines reprendre forme humaine. Du moins les deviner. Imaginer le sexe, l'âge et la carrure. Mais même à cette distance on peut voir la fatigue.
C'est quelque chose d'onctueux, la fatigue, à cette distance et à cette heure. Quelque chose d'à la fois atterrant et rassurant. De nonchalant. De presque brésilien dans le dandinement.
Et c'est pour moi. Rien que pour moi.
Une cigarette, un bruit de freins au loin, la camionnette des éboueurs et les formes humaines : je suis le poète de service, je fais le malin, j'appelle ça ma petite solitude.
C'est très exagéré. C'est tout simplement de l'attention aux choses.
Aux choses comme le fait que je suis seul, que cette heure de solitude est chargée d'oxygène, que tout est là mais que les autres dorment encore. Que j'ai autant besoin d'avoir froid, de de tousser.
Mais j'ai besoin aussi que les autres aient chaud, qu'ils soient là et qu'il ne se doutent de rien.
7H15.
Je balance mon mégot par la fenêtre. Il tournoie il rougeoie. C'était l'instant ou jamais. Le soleil se lève. Cinq minutes plus tard on n'aurait rien vu.
12:41 Publié dans Bouts de peau | Tags : sept heures du matin, solitude, fumer sa clope, se lever tôt, pas crever tout de suite | Lien permanent | Commentaires (1)