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11/11/2015

Honneur aux jours fériés

mon estropiée

elle n'en a rien à foutre de la patrie

de l'honneur

et de l'uniforme

mais ce matin

exceptionnellement

elle rend hommage

à nos valeureux combattants de Verdun

sans qui cette grasse mat

n'eût pas été possible

 

04/11/2015

Fait son taf

pris des vacances le poète

pas fini de sécher son bob le poète

pas imprimé les photos le poète

pas terminé sa cigarette le poète

pas vu dans les soirées poésies le poète

fréquenté les métros le poète

revu la ville en accéléré à sept heures du matin le poète

analysé les jolies circonvolutions de la vie en entreprise le poète

rumine son épopée le poète

se refuse à second degré générationnel comme se refuse à se faire plein de pognon avec un beau roman sur la shoah et les familles recomposées le poète

prêt à se laisser circonvenir le poète

attend les Méphisto de l'édition un RIB à la main le poète

commence un jour plus un jour plus un jour très curieux de savoir si ça cessera de ressembler à un jour plus un jour plus un jour s'il y met assez d'attention le poète

meurt pas beaucoup plus que d'habitude mais c'est dans son programme de muscu de la semaine prochaine le poète

fait son taf mais ça s'arrête là le poète

vous souhaite une excellente journée et vous dit à bientôt le poète

 

21/10/2015

Septheuresdumat

7H du mat et c'est l'instant où l'immeuble d'en face fait ses sémaphores.

Troisième étage, fenêtre du milieu : trois coups brefs.

Deuxième, fenêtre de gauche : trente secondes de néon à vif, puis noir.

Rez-de-chaussée, troisième fenêtre en partant de la droite : lumière, noir, lumière, noir, toutes les trois secondes.

Il est 7 heures du mat. C'est l'heure où on peut voir de loin des formes humaines reprendre forme humaine. Du moins les deviner. Imaginer le sexe, l'âge et la carrure. Mais même à cette distance on peut voir la fatigue.

C'est quelque chose d'onctueux, la fatigue, à cette distance et à cette heure. Quelque chose d'à la fois atterrant et rassurant. De nonchalant. De presque brésilien dans le dandinement.

Et c'est pour moi. Rien que pour moi.

Une cigarette, un bruit de freins au loin, la camionnette des éboueurs et les formes humaines : je suis le poète de service, je fais le malin, j'appelle ça ma petite solitude.

C'est très exagéré. C'est tout simplement de l'attention aux choses.

Aux choses comme le fait que je suis seul, que cette heure de solitude est chargée d'oxygène, que tout est là mais que les autres dorment encore. Que j'ai autant besoin d'avoir froid, de de tousser.

Mais j'ai besoin aussi que les autres aient chaud, qu'ils soient là et qu'il ne se doutent de rien.

 

7H15.

Je balance mon mégot par la fenêtre. Il tournoie il rougeoie. C'était l'instant ou jamais. Le soleil se lève. Cinq minutes plus tard on n'aurait rien vu.