04/11/2015
Fait son taf
pris des vacances le poète
pas fini de sécher son bob le poète
pas imprimé les photos le poète
pas terminé sa cigarette le poète
pas vu dans les soirées poésies le poète
fréquenté les métros le poète
revu la ville en accéléré à sept heures du matin le poète
analysé les jolies circonvolutions de la vie en entreprise le poète
rumine son épopée le poète
se refuse à second degré générationnel comme se refuse à se faire plein de pognon avec un beau roman sur la shoah et les familles recomposées le poète
prêt à se laisser circonvenir le poète
attend les Méphisto de l'édition un RIB à la main le poète
commence un jour plus un jour plus un jour très curieux de savoir si ça cessera de ressembler à un jour plus un jour plus un jour s'il y met assez d'attention le poète
meurt pas beaucoup plus que d'habitude mais c'est dans son programme de muscu de la semaine prochaine le poète
fait son taf mais ça s'arrête là le poète
vous souhaite une excellente journée et vous dit à bientôt le poète
06:52 Publié dans Bouts de peau | Tags : le poète, vacances, quotidien, toutes ces conneries | Lien permanent | Commentaires (0)
02/11/2014
Pour une débénabarisation du quotidien
Cher monde cruel,
Tu peux constater, si tu jette un coup d'œil sur ta droite, qu'une nouvelle catégorie vient d'apparaître sur ce blog. Elle s'intitule :
POUR UNE DÉBÉNABARISATION DU QUOTIDIEN.
Cela mérite quelques explications.
Il y a quelques jours, j'étais accoudé au comptoir d'un lieu qui s'appelle le Périscope, et qui est ce qu'on a trouvé de mieux pour écouter de la poésie. Je buvais une bière avec deux mecs de ma générations. Je te laisser cliquer dans les liens que tu vois sur ta droite, sous les catégories, et essayer de deviner de qui je parle. Et on agitait une question d'importance : comment intégrer la notion de mouche-bébé dans la poésie contemporaine ? Et sans faire du Bénabar ?
Pas par rejet de principe de l'individu qui se fait appeler Bénabar, note bien. Il y a quelques très bonnes chansons sur son premier album : je me souviens d'une en particulier, une histoire de taré amoureux d'une majorette dans un contexte de fanfare de village dans le Nord*. Mais pour l'essentiel, ce monsieur s'est fait connaître pour des textes dont la portée spirituelle revenait à dire que l'enjeu du XXIè siècle résidait dans le choix de la couleur d'une bibliothèque Billy.
Or, quand Bénabar chante le monde Ikea, c'est comme quand Houellebecq réduit le sens de l'histoire contemporaine au tourisme en Asie du sud-est : c'est terriblement réducteur.
Certes, beaucoup d'entre nous sont concernés par l'ameublement suédois, et certes, des retraités bourrés aux as vont se faire tripoter les bourrelets à Bangkok.
Mais dans les labyrinthes géants que ces putains de grands blonds foutent dans leurs magasins comme derrière le sourire impassible des masseuses thaïes, il passe chaque jour des drames, des tragédies, des vaudevilles, des décisions irrévocables et des rêves.
Note bien que je ne prétends pas à l'originalité. Il y a toujours eu des artistes pour plonger dans un tas de factures et de chaussettes sales pour en sortir de l'or. Quand HFT chante que "ça sent la vieille guenille et l'épicier cafard dans ce chagrin des glandes qu'on appelle l'amour"**, ce n'est pas moi de quotidien qu'il s'agit que quand le précité Bénabar propose à sa moitié d'annuler un dîner pour se vautrer devant TF1. Mais ça me semble plus riche. En tout cas, moi, ça m'aide incomparablement plus à vivre.
Donc, je me lance. Je vais procéder sous formes de liste, par sous une forme brève que dans un recueil encore inédit j'ai appelé la connerie (et dont on reparlera dans quelques mois si tout se passe bien).
Et ça ira où ça voudra aller.
À demain.
*Je ne crois pas que le Nord soit cité dans la chanson, mais si je voulais trouver des tarés ET des majorettes pour mon 11 novembre, c'est quand même là que j'irais.
**Je ne précise pas d'où sort cette citation, exprès. Cherche. Et si tu es obligé d'écouter tout Thiéfaine pour trouver, tu me remercieras.
08:00 Publié dans Pour une débénabarisation du quotidien | Tags : quotidien, bénabar, houellebecq, bibliothèque billy, ikea, thiéfaine, david cizeron, emanuel campo, mouche-bébé | Lien permanent | Commentaires (2)
13/09/2014
Merci de respecter la propreté des lieux
dernier virage
dernier matin
dernière guerre tribale
le monde a deux bouts tu es au bon
et tu ne sais pas quoi en faire
veuillez tenir votre droite
merci de respecter la propreté des lieux
l'armoire déborde
la vie ressemble à quelque chose comme un duel de statistique dans une émission politique
dernier caleçon propre
celui avec les diables de Tasmanie
ce n'est pas drôle
il va falloir faire la journée avec
il va falloir faire le sérieux de la journée avec
pour la première fois
tu as peur de mourir en pleine rue
tu vois déjà
le médecin légiste en train de se foutre de ta gueule
15:53 Publié dans fins de séries | Tags : quotidien, un jour plus un jour plus un jour, caleçon taz, médecin légiste | Lien permanent | Commentaires (3)