Un vrai moment de littérature

Je te touche.

Tu me touches.

J'enfonce mon doigt dans la peau.

Ce que tu peux être gonflant.

M'en fous. Je te triture. 

Je m'amuse.

C'est pas si souvent. 

Tu cherches des yeux le plus gros volume de la bibliothèque.

Pour m'assommer avec.

Moi je ris.

Le plus gros volume, c'est celui que j'ai relu toute mon adolescence.

Alors tu me parles de ce vieux monsieur pour qui le vers libre est devenu l'expression du conformisme en poésie.

Je te réponds que je veux être incinéré.

C'est dommage, tu dis.

Et tu me triture un muscle juste en-dessous de l'épaule.

Alors je te fais remarquer qu'on a sept cendriers à la maison et qu'on n'en utilise que deux.

Et là, tu ne peux pas me contredire.

Littérature

Si je veux parler franchement 

Le premier acte vraiment littéraire que j'aie accompli

A été de m'inscrire dans une boîte d'intérim

Il y a littérature à partir du moment où il y a sincérité

On ne naît pas sincère

On ne naît pas en sortant de sa mère

On sort couvert

De décennies entières de BLABLA

Et, si on écrit

C'est toujours en commençant par le BLABLA

 

La sincérité vient plus tard

C'est un composant chimique produit par le frottement

Du BLABLA et du parpaing

Extêmement volatile

Et vendu à des prix exorbitants au marché noir

On le met à la bouche

On se tait et on écoute

Mal de dos

Mal de tête

Corne aux doigts

Haïku en soi