13/04/2014
"Je ne veux pas être celui/ Que tu oublies si aisément [...]"
Les gens
se croisent/se frôlent/soupirent/téléphonent/se donnent rendez-vous à l'arrêt du 9/répondent à un texto/regardent la voiture sur l'affiche
SOUFFLENT
et parlent du fait qu'ils n'ont plus le temps de se croiser/de se parler/du fait qu'il fait moche et qu'on ne s'entend plus soupirer/que la couleur de la voiture leur dégouline dessus
comme une barbe à papa à un enterrement
et qu'ils en sont bien désolés
Les gens
achètent/remplissent des sacs/vident leurs poches/cherchent le jeton/cherchent leur carte bleue/cherchent le bon de réduction
s'énervent dans les files d'attente/retiennent leur vessie/rêvent à des intestins muets/à des ventres non douloureux/à des scies électriques/à des pièges à loups/à des effaceurs instantanés de vendeurs au porte-à-porte/à des chignoles spéciales pour cages thoraciques/à des poisons indétectables dans gâteaux de noces d'or/à des
cordes dans les portes-tambour/à des flacons sans étiquettes à maintenir bien droits/
tant pis pour la salive qu'ils laissent
elle sera ramassée cette nuit par les clandés
Les gens
haïssent/vomissent/se tiennent le ventre/se font des grimaces en acier pour sortir/voudraient sortir/voudraient sortir d'eux-mêmes/voudraient sortir de leur catégorie/voudraient un mouchoir
se gorgent de larmes & ulcères
se font des yeux tremblants de verre
magasin/déchetterie
magasin/déchetterie
magasin/déchetterie
... et pendant ce temps, des poètes meurent.
13:41 Publié dans Gueules de bois | Tags : les gens, gueule de bois, nourrir, pierre autin-grenier | Lien permanent | Commentaires (0)
28/02/2014
Des yeux derrière les oreilles
Le problème, ce n'est pas qu'un moteur de recherche très connu ait été le premier à penser à ton anniversaire.
Le problème, ce n'est pas que des vitres teintées se mettent à te suivre dès que, mains dans les poches, tu te mets à rêvasser un peu sérieusement.
Le problème, ce n'est pas qu'une caméra de surveillance ait été la boule de gui qui bénit votre premier baiser.
Ni que ce jour-là justement, tu aies eu l'idée du siècle, l'idée de génie qui t'aurait fait adouber des universités américaines,
section weird & frenchitude,
et que tu n'avais pas le petit bout d'un carnet sur toi.
Le problème,
c'est que ton corps est devenu ce cahier de brouillon géant
accessible sur tous les PC/smartphones/tablettes du monde,
que tu ne le reconnais plus,
et que personne n'a su te dire si on a l'air intelligent, comme ça,
à mondialiser
un murmure.
09:44 Publié dans Gueules de bois | Tags : le problème, caméras de surveillance, baiser, anniversaire, universités américaines, mondialiser un murmure | Lien permanent | Commentaires (0)
09/02/2014
Les affaires reprennent
Cher Monde Cruel.
C'est encore moi.
Oui, je t'ai négligé.
Oui, les femmes les enfants les administrations le travail et tout le reste.
Mais ce n'est pas la raison principale.
La raison principale, c'était le Gros Truc en Prose.
Celui qui m'occupe depuis plus d'un an et demi.
Qui m'a fait déserter les bistrots.
Qui m'a pratiqué l'ablation d'un bon nombre d'heures de sommeil.
Qui a dû me foutre ma banquière à dos d'une façon ou d'une autre.
Alors, voilà : cette fois c'est fini. Je te le dis et je le répéterai sous la torture, je ne disséquerai plus une seule virgule avant au moins deux ans.
C'est que merde, d'abord.
Il n'y a pas que ça.
Dans la vie. À ce qu'on dit.
Il y a aussi le Syndicat qui s'internationalise.
Ça, c'est grâce aux bons soins de la grande Samantha.
C'est-à-dire que nous voilà en lien avec la "non-revue de littérature et autres" Margutte, en Italie.
Tu peux lire ça en italien, ou en français, comme tu préfères.
Et si mes rapports avec l'Italie et l'italien t'intéressent, tu peux toujours aller voir chez Polder si j'y suis.
Mais il n'y a pas que ça.
C'est que les affaires reprennent, dans le coin.
En mars, par exemple, tu me verras (avec ou sans les camarades du syndic) m'égosiller cinq fois en à peine dix jours.
Le mercredi 19 mars, d'abord, l'Arald organise une série de tables rondes autour du thème "La poésie et aujourd'hui".
Et ça déclamera sec : Bouchoueva, Bobillot, El Amraoui, Pireyre, Zadek... et mézigues, un peu vers la fin.
Le 22 mars, avec l'Espace Pandora et la Tribut du verbe au Clac'son (Oullins) à partir de 18 heures.
Puis, le 24 et le 25, braquage poétique au Carré 30 (Lyon) avec Bressande & Brérot.
Et pour finir, le Syndicat, en son nom pour le coup, ira chanter le printemps au CEDRATS le 31 mars.
Et après, qu'ils osent dire que les gens veulent plus bosser...
22:12 Publié dans Gueules de bois, Gueuloir, Revues, Web | Tags : gros truc en prose, lectures, syndicat des poètes, margutte, italie, brérot, bressande, arald, mohammed el amraoui, emmanuelle pireyre, annie zadek, jean-pierre bobillot, beau linge, la tribut du verbe, pandora | Lien permanent | Commentaires (1)