26/08/2013
Etc, etc, etc
on est tous
vraiment bourrés
et le pire
c'est pas qu'on soit bourrés
et que ça se voit
et que les douze gosses choisissent pile ce moment pour entonner l'air de la grande famine
c'est qu'on soit bourrés
et qu'on en ait une conscience aussi nette
on est tous
vraiment bourrés d'azote
vraiment bourrés de rues et de plaques minéralogiques
vraiment bourrés de traditions universitaires de principes d'éducation et de soldes d'hiver
et de farniente et de coupe-ongles paumés quelque part et de dégoût pour les ronds de cafés sur la nappe
et les douze gosses tanguent dans nos bras
et à leur regard on sait qu'ils savent
et qu'on va encore la leur faire aux principes civiques
à la responsabilité et au clair et net
qui d'entre vous
a une solution
pour les cas pareils
19:35 Publié dans Bouts de peau, Gueules de bois | Tags : bourrés, douze gosses, principes d'éducation | Lien permanent | Commentaires (0)
19/08/2013
Fin de série III (Mois d'août - remise en forme)
ce putain d'ULM repasse au-dessus de ma tête
il y a un moment où il faut prendre des décisions
malgré la joie des brins d'herbe dans le dos
j'ouvre les yeux
engin hors de vue
doit se tortiller quelque part au sud-est de mon oreille droite
je le claque contre mon cou
...
putain il siffle encore
tout est fini
il a suffi que j'ouvre les yeux
pour qu'éclate l'évidence
des deux poignées d'amour qui paissent sur le pré à côté de moi
et pendant ce temps-là
j'engraisse
moi
juillet-août
c'est engraisser
bouffe ça
bouffe-moi ça
bouffe-moi ça et ça encore
fais une pause et respire
un petit loukoum avec le pousse-café
faudrait que je me rencarde sur l'Egypte et la Palestine
que j'aille voir un peu comment ça se traîne du côté des pogroms et des chasses au pédé
faudrait que j'aie plus de compassion pour mes frères humains qui n'ont rien d'autre à foutre à la plage que de passer en revue les blogs de poésie sur leur smartphone
faudrait
enfin
soyons sérieux
allongé comme ça sur l'herbe
il y a toujours un demain matin pour ce genre de résolutions
et c'est pas le pire
il y a aussi la conscience
il y a aussi que Bruce Lee est mort maigre
que Cousteau est mort maigre
et Gandhi
et Primo Levi
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
(trois séries de pompes plus tard
ça va pas mieux :
Orson Welles est mort gros
mais alors gros putain
Hitchcock est mort gros
Brando est mort gros
et Churchill
et Jimbo
...
allez donc
faire quelque chose de poétique
en août)
08:55 Publié dans fins de séries, Gueules de bois | Tags : fin de série, mois d'août, ulm, remise en forme, gandhi, bruce lee, cousteau, primo levi, orson welles, brando, hitchcock, churchill, morrison | Lien permanent | Commentaires (0)
20/07/2013
Les restaurants M... M... vous souhaitent une bonne et heureuse canicule !
Je suis calé contre la table à garniture de la centrale et je regarde le conduit d'aération au-dessus de moi. Il est à peine 13 heures 42 et il n'y a absolument rien d'autre à faire en cuisine. Jack est déjà parti recharger les stocks, à une heure pareille, quelle misère. Il ne s'encombre même pas d'une pile de panières et de petites roulettes, il remonte les viandes et les sachets de frites à la main, il prend son temps.
Moi aussi : pour la première fois depuis trois semaines, je vis seul dans mon corps, sans l'excroissance craintive que Suma m'avait greffée en gage de confiance. C'est beau comme le recouvrement des cinq doigts de la main droite après l'ablation d'un plâtre. Le ronronnement de la climatisation a commencé son ascension saisonnière. C'est chaque année la même chose. La température augmente, les circuits surchauffent. Le bruit s'amplifie d'autant. Un jour on sort du boulot, on allume sa cigarette, et on a des sifflements plein les oreilles. Et le lendemain, on l'entend. On n'entend même plus que ça en cuisine, il est impossible de se concentrer sur autre chose que ce grondement, on fait répéter quatre fois sa commande à la prod, et tout le monde a les nerfs à vif jusqu'à ce que la clim pète pour l'été.
C'est aujourd'hui que ça va se produire, je le sens. Je ne lâche pas le conduit des yeux. Je ne sais plus ce que font les autres, mais je sais ce qu'ils feront dans cinq minutes.
Et ça ne rate pas. Un claquement résonne, suivi d'un bruit de baudruche qui se dégonfle. Ils sont accueillis par des cris de joie.
Je suis très fier de moi.
Voix de Fabrice par-dessus mon épaule gauche :
—L'été est en avance, cette année.
—C'est pas l'été. C'est moi.
Fabrice hésite. Il regarde Ed, du côté frites, qui hoche lentement la tête avec un grand sourire. On a l'air sérieux, tous les deux.
—Il faudrait vous reposer un peu, les gars.
Extrait de Fast-food, Work in progress
(NB : Cette page et ses 179 petites soeurs cherchent un éditeur. Hésitez pas.)
15:21 Publié dans Gueules de bois | Tags : fast food, work in progress, arrivée de l'été, canicule | Lien permanent | Commentaires (0)