08/10/2013
En accroire ou pas
des discussions sur l'art
encore des discussions sur l'art
elles m'ont coûté plus de neurones
que dix ans de bière premier prix
on a des beaux mots
on est intelligents
etc etc
mais comme dit quelqu'un que je connais
c'est pas que j'y croie
mais c'est sympa de tirer un coup de temps en temps
et puis il y a des canapés au saumon
des discussions sur l'art
des mots sur l'art
des phrases
tout ce qu'il nous donne tout ce qu'il nous coûte
la limite de l'époque
et notre localisation exacte
les va et vient du langage entre que dalle et rien
et les cacahuètes
et le vin rouge à la tireuse
et les poignées de mains
et les tapes sur l'épaule
je ne sais toujours pas si le poète est celui qui passe foudroyé par son époque
en s'incarnant au petit bonheur dans tel ou tel
j'aurais tendance à penser qu'il est surtout celui qui fait péter le réveil à 7 heures du mat
et termine son oeuvre définitive en quatre quatre entre les couches et le métro
quoi qu'il en soit
tant qu'on ne m'aura pas prouvé qu'un adolescent mutique a renoncé à son projet de suicide à cause de ce que je fais
je ne serai sûr de rien
19:49 Publié dans Gueules de bois | Tags : discussions sur l'art, ados, suicide, poète | Lien permanent | Commentaires (0)
29/09/2013
Dimanche soir
aussitôt que
l'énergie du moment
a fini d'être absorbée par le plafond
que les assistants
ont fini de ne pas se reconnaître l'instant d'avant
que les murs
sont redevenus les murs
et la porte
une complice avec un doigt sur la bouche
aussitôt que
les maux ont réintégré le dictionnaire
et l'ivresse
les maux d'estomac
aussitôt
que notre sédentarité
est redevenue une certitude sans imagination
et la messe
une vieille tradition poussiéreuse
aussitôt nous serons
morts
morts
et le sachant
et vides
des mots propres à nous faire sortir de nous-mêmes
et de cette mort même
gros de quelque chose de plus
21:45 Publié dans Gueules de bois | Tags : dimanche soir, fin de la fête | Lien permanent | Commentaires (0)
22/09/2013
La somme
tout ce que tu fais
tout ce que tu fais pour décoller tes paupières
tout ce que tu fais pour impressionner les collègues
les mots que tu tais pour ne pas paraître anormal aux passants
les vêtements pour avoir l'air d'avoir vraiment deux bras et deux jambes
les rideaux pour transformer les voisins en hypothèse spécieuse
et tout ce que tu fermes pour que le soleil la mort la longévité des galaxies ne soient qu'un infime éblouissement dans le bruit de la circulation
tout
les bouquins
la musique et le manuel de musculation
la douche le comptoir et le brouhaha enfumé
la peau le musc les cheveux avalant le visage
et la cafetière qui filtre plutôt bien les cachets d'aspirine
tout
la vibration que tu cherches sous tes pieds
le tremblement de terre qui n'arrive pas
le mot juste qui tombera au bon moment
et le bateau qui finira par exister
tout ce que tu fais pour la beauté des cicatrices
tout ce que tu fais pour éviter l'ennui
tout ce que tu fais pour sentir tout le nerf dans l'étendue d'une seconde
tout ce que tu fais pour oublier ton besoin d'inaction
tout
vraiment tout
22:50 Publié dans Gueules de bois | Tags : tout ce que tu fais, voisins, passants, soleil, mort, galaxie, aspirine, ennui | Lien permanent | Commentaires (1)