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26/01/2015

C'est maintenant ou jamais après les gens meurent

poètes ou députés de la troisième

les gens sont morts en général

il dit

vous pouvez regarder les noms des rues

de celle des Abattoirs au cours Émile Zola

c'est toujours comme ça

alors j'ai pensé

(il y avait pensé mais il se grattait la tête en le disant)

que j'allais prévenir les gens quand j'apprendrais que quelqu'un est vivant

pour l'instant j'ai les Pages Blanches

je prends dans l'ordre j'appelle

et si la personne répond je monte sur les tréteaux et je le crie bien fort

non merci non merci je n'ai besoin de rien

c'est gentil

c'est gentil mais si vous pouviez me laisser maintenant

on discute on discute et au bout d'un moment

les gens sont morts

 

08/01/2015

En hommage à Charb, Cabu, Tignous, Maris et une dizaine d'autre personnes que je ne connais pas

Je suis charlie.jpg

 

J'avais prévu de poster aujourd'hui un mot qui se voulait incisif à propos de Houellebecq, Zemmour, tout ça. Mais au regard des événements, on pèse mieux l'importance de ces petites querelles littéraires.

J'ai lu Charlie toutes les semaines de mes douze à mes vingt ans.

Comme beaucoup de monde.

Et à part ça, les fachos seront toujours les fachos, avec ou sans barbe.

 

07/12/2014

Avec ce truc la poésie

(ce qu'il y a avec ce truc la poésie c'est qu'on reste peut-être plus qu'ailleurs prisonniers de nos réflexes & idées reçues. Par exemple, si je dis que ce qui m'intéresse dans le métier de poète c'est la gloire et l'argent on va dire que je manie subtilement une ironie dont le fond de désespoir etc etc. et que ce n'est pas grave, que six milliards d'humains moins des poussières s'en foutent.

Mais je reste sur ma position : je suis vraiment devenu poète pour l'argent. Et la gloire. Et la coke et les putes et l'Académie Française, si tant est qu'il y ait une différence. Je veux être mainstream, moi. Je suis prêt à me faire récupérer. À vendre ma mélodie intérieure à l'industrie de la pub. Et je m'étonne de ne pas encore avoir reçu de propositions.

En attendant, je rentrais hier tard dans la nuit avec le papa et la maman d'un journal pour les enfants.

Certains d'entre nous étaient bourrés. Mais on était tous au bord de l'épuisement. Mais on était tous au bord de l'épuisement et QUAND même encore plein de poésie. Malgré le vent le froid les deux fleuves les métros fermés.

Jaloux de notre succès, le maire de la Grande Ville avait organisé un événement international à base de pognon et d'ampoules destiné à faire quadrupler la population de l'agglomération pour un week-end et à paralyser le réseau de transports en commun. Il l'avait fait dans le seul but de nous emmerder, nous, nous trois plus les quelques poètes/éditeurs/gérants de MJC qu'on venait de quitter. Les mecs les plus puissants de la terre, bien plus que le Tsar de Russie ou le Roi de Chine, j'avais des preuves mais elles n'arrivaient pas à me sortir du cerveau dans le bon ordre alors je levais mon vin chaud aux délires logistiques qu'il avait fallu accomplir pour traîner tous ces Chinois Italiens Baltes Australiens Suédois avec leurs bonnets et leurs appareils photo, rien que pour nous faire chier, rien que pour nous faire chier moi et mes potes.

Ça s'est passé tout comme je vous dis.)