13/04/2014
"Je ne veux pas être celui/ Que tu oublies si aisément [...]"
Les gens
se croisent/se frôlent/soupirent/téléphonent/se donnent rendez-vous à l'arrêt du 9/répondent à un texto/regardent la voiture sur l'affiche
SOUFFLENT
et parlent du fait qu'ils n'ont plus le temps de se croiser/de se parler/du fait qu'il fait moche et qu'on ne s'entend plus soupirer/que la couleur de la voiture leur dégouline dessus
comme une barbe à papa à un enterrement
et qu'ils en sont bien désolés
Les gens
achètent/remplissent des sacs/vident leurs poches/cherchent le jeton/cherchent leur carte bleue/cherchent le bon de réduction
s'énervent dans les files d'attente/retiennent leur vessie/rêvent à des intestins muets/à des ventres non douloureux/à des scies électriques/à des pièges à loups/à des effaceurs instantanés de vendeurs au porte-à-porte/à des chignoles spéciales pour cages thoraciques/à des poisons indétectables dans gâteaux de noces d'or/à des
cordes dans les portes-tambour/à des flacons sans étiquettes à maintenir bien droits/
tant pis pour la salive qu'ils laissent
elle sera ramassée cette nuit par les clandés
Les gens
haïssent/vomissent/se tiennent le ventre/se font des grimaces en acier pour sortir/voudraient sortir/voudraient sortir d'eux-mêmes/voudraient sortir de leur catégorie/voudraient un mouchoir
se gorgent de larmes & ulcères
se font des yeux tremblants de verre
magasin/déchetterie
magasin/déchetterie
magasin/déchetterie
... et pendant ce temps, des poètes meurent.
13:41 Publié dans Gueules de bois | Tags : les gens, gueule de bois, nourrir, pierre autin-grenier | Lien permanent | Commentaires (0)
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