08/07/2013
Cosmologie de poche (pour les longs voyages)
ça se trouve ni chez Buffon ni chez Darwin
mais c'est la vérité
la moustache d'ancêtre
ça naît des chiures de mouches
de même
ce n'est ni dans Pline ni dans Galien
mais les chiures de mouches naissent des vieux cadres
les vieux cadres naissent de la poussière
la poussière naît des vieilles malles
et les vieilles malles du coin du grenier
de la maison natale
maison natale de qui
allez savoir
ça fait au moins trois générations que personne n'est né dans la maison
et que les plus encore vivants parmi les quelques qui y ont encore joué enfants
se bercent eux-mêmes au fond de la salle à manger de la maison de retraite
le sourire accroché à des choses
mortes depuis longtemps avant la guerre
mais maison natale quand même
c'est comme ça qu'on l'appelle
c'est comme ça qu'on l'a toujours appelée
et ça tombe bien parce que personne ne se rappelle à quoi elle ressemblait exactement
ni où elle se trouvait
dans la famille certains disent qu'il y a fait bon l'été entre huit heures du soir et minuit
jusqu'à ce qu'on abatte le pin en 67
d'autres
que les nappes brodées dataient de l'époque où l'arrière-grand-père avait vendu la colline à la SNCF pour le chantier
(arrière-grand-père de qui
chantier de quoi
c'est ce que l'enquête
n'a pu déterminer)
pour moi
je ne suis sûr de rien
sauf des deux médailles de cuivre représentant des paysans en costumes traditionnels sur le buffet
et du claquement de la pendule
toujours est-il que le cadre le sépia et les deux frères riants mort à la guerre ont dû servir à un culte quelconque à un moment
servir jusqu'à l'oubli
puisqu'il y a poussière et chiures de mouches
17:50 Publié dans Bouts de peau | Tags : grenier, chiures de mouches, famille, culte, buffon, darwin, pline, galien | Lien permanent | Commentaires (0)
30/06/2013
De l'action sociale par l'animation culturelle
(...& ça fait des années que je fréquente la bibliothèque municipale de L... & ça fait des années que croise des hommes barbus d'un teint de brique fumée dans le sas des toilettes du rez-de-chaussée, des hommes barbus avec des mains violettes & des manteaux ajourés quelque soit la saison, un sac est posé devant eux retenu par un genou contre le cache-tuyau du lavabo...)
(...& ça fait des années que je sais avec quelle application ils se peignent & se peignant adorent insulter le monde et les toilettes de la bibliothèque municipale et son sas où c'est pas vrai enfin & où bordel de dieu on n'est jamais tranquille...)
(...& je sais le vent le frimas la houle dans leur bouche et un enculés de merde je te je te je te ferai bouffer ton tu va voir clapotis surnageant de temps à autre...)
(... & je sais qu'avant Joyce et le monologue intérieur chacune de leurs imprécations commençait par des quelle ne fut pas ma surprise des n'était la certitude qui me tenait & des oui !... Car, me disais-je...)
(...mais quelque soit le procédé je sais que c'est l'instant où je voudrais m'envoyer des avalanches de nerfs de boeufs pour me punir de ne pas avoir un dictaphone sur moi pour enregistrer la seule vérité du monde remâchée encore & encore & en-dehors des heures ouvrables jusqu'à en devenir violette, brique, barbue & soigneusement peignée dans le sas des toilettes de la bibliothèque municipale de L...)
(... de même que je sais au rasoir comment ils tassent avec amour les piles de slips lavés à la main dans le cabas kingsize du hard-discount le plus proche & arrivent à le transformer (le cabas, pas le hard-discount) en ballot prêt pour la route de la soie...)
(... mais AVANT le sas AVANT le peigne AVANT le slip propre & essoré à raideur cadavérique JE NE SAIS PAS comment on se lave dans le réduit des toilettes de la bibliothèque municipale de L... JE NE SAIS PAS comment on arrive à tenir où on pose les vêtements sales & où les propres COMBIEN il faut de doses de savon liquide du distributeur pour astiquer le corps entier S'IL EST seulement POSSIBLE de se nettoyer correctement les fesses le sexe le périnée & de les maintenir assez longtemps à hauteur du lavabo en se hissant sur la pointe des pieds pour rincer correctement les poils & les faire dégorger leur jus savonneux SANS transformer le réduit en piscine olympique...)
(... & JE NE SAIS PAS quelle adresse demande le fait de se tenir debout sur ses chaussures repliées & ne pas se choper de mycoses dans cette salle des pas perdus rupestre d'1 m² NI si on arrive à oublier les mains sous le filet d'eau chaude que les aisselles ont déjà refroidi NI si on arrive à s'oublier soi-même à faire le vide à être sous la douche QUAND même & à bander doucement comme ça pour soi-même & à se taper une petite branlette doucement comme ça pour soi-même malgré les bites & les têtes de mort & les svastikas gravées sur les murs ça JE NE LE SAIS PAS non JE NE LE SAIS PAS & JE NE LE SAURAI SÛREMENT JAMAIS...)
(... & je...)
(...me prétends de gauche...)
23:12 Publié dans Bouts de peau | Tags : bibliothèque municipale, toilettes, clodos, lavabo, peigne, cabas, nettoyage, je ne sais pas | Lien permanent | Commentaires (0)
24/06/2013
Mise au point sur quelques notions touchant au classicisme littéraire
(âme :
glande de petite taille
située à l'embouchure du gros intestin
produisant un liquide visqueux & transparent d'un pH à forte acidité
assez semblable
à des larmes
l'atrophie de cette glande
— entraînée par certains troubles psychiques et somatiques —
peut entraîner la mort)
(et
coeur :
glande de petite taille
située à l'embouchure du côlon
produisant
un liquide visqueux d'une forte placidité
assez semblable
au sang
l'atrophie de cette glande
provoquée par certains etc...—
peut entraîner etc
AUSSI.)
(Je sais ce que c'est que la modernité mais j'ai connu
trop de cardiaques et de dépressifs dans ma vie
pour me passer de vocabulaire spécialisé.)
20:21 Publié dans Bouts de peau | Tags : âme, coeur, mise au point, glande, modernité | Lien permanent | Commentaires (0)