05/05/2013
La Réincarnation de Piazzola
il a dans les vingt ans
et joue de l'accordéon dans le métro D
entre les stations Sans-Souci et Bellecour
toujours le même air
un dégueulis mélangeant deux mesures de Besame mucho
trois de Porche te vas avec un subtil saupoudrage de Brucia la terra
pourquoi ces trois-là je ne sais pas
mais tous les roms du quartier ont le même répertoire
- ne vous offusquez pas ils ne vendent pas de la musique
mais de la bonne conscience -
trois airs
pour des dizaines de gamins de 13 à 20 ans
mais parmi eux un seul
quand la rame arrive à quai
aime à tripoter ses boutons sans paraître y porter attention
improvisations sur modes orientaux
soli express d'une minute chrono
avec ruptures de rythme et renversements d'accords
de quoi avoir les cheveux plaqués en arrière
pour la vie
pourquoi
n'avons-nous le droit d'avoir du talent
qu'en-dehors des heures de boulot
22:25 Publié dans Bouts de peau | Tags : accordéon, métro, rom, bonne conscience | Lien permanent | Commentaires (0)
19/04/2013
Suite de la page précédente
il n'y a pas de raison de penser
qu'Elvis soit mort pour rien
ou que Margaret
se tape pas des Margaritas avec lui
du côté du triangle des Bermudes
ou qu'ils n'aient pas fait tous les deux
du bon boulot
s'agit plus de poésie
s'agit plus d'histoire littéraire
s'agit même plus de morale
il s'agit
de se lever le matin
et de se mettre sur la gueule
à coups de telecaster
boire son café
se brosser les dents
attendre pour les toilettes
toujours avec une telecaster à la main
elle te laisse un peu manchot pour la journée
mais tu sens ses vibrations au creux du ventre
tu sens son poids
la sangle de cuir cisaille l'épaule
pas la peine de lever le poing
ou alors pour l'abattre sur un accord ouvert
c'était pas si compliqué la vie
un bout de bois
deux aimants
une demi-douzaine de fils de fer
et keep rockin'
09:09 Publié dans Bouts de peau | Tags : elvis, margaret, du bon boulot, telecaster | Lien permanent | Commentaires (1)
12/04/2013
Mille e tre
le fait
que j'aie eu
autant d'employeurs
que toi de femmes
Don Juan
et le fait
que j'aie cru à chaque fois
que c'était pour de bon
que ça durerait toujours
que nous nous retrouverions
dans cinquante ans
sous une tonnelle
à recompter les bleus et les bosses
avec la complicité des grands adversaires
et l'habitude
plus forte que les rancoeurs coagulées
suffisent-ils
à faire
de ma vie
une histoire
digne d'enflammer les conteurs
de demain ?
08:40 Publié dans Bouts de peau | Tags : mille e tre, employeurs, rancoeurs | Lien permanent | Commentaires (0)