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18/08/2015

Quand on aura un million d'euros

quand on aura un million d'euros

(j'ai pas dit SI un jour on a un million d'euros

mais QUAND on aura un million d'euros)

on sera donc un couple avec million d'euros

il n'y a pas de raisons que ça empêche la terre de se crevasser

ni les pubs d'affluer dans la boîte aux lettres

ni les légumes de pourrir dans le bac du frigo

mais on aura un million d'euros

 

en attendant c'est bien le tapis qui agglomère la poussière et les poils de chats

sans million d'euros

c'est bien la cafetière qui fume et la graisse dans le four

et nos bouderies de carton-pâte ramollies au rosé tiède

sans million d'euros

 

mais quand on aura un million d'euros

le tapis la cafetière le four seront

tapis cafetière four avec million d'euros

 

alors on se doute bien qu'on continuera à poser les pieds sur la table basse en essayant de faire abstraction de nos poignées d'amour

qu'on aura la flemme et qu'on se commandera une pizza

mais alors en mangeant la pizza on dira OUAIS MAIS ON A UN MILLION D'EUROS !!!!

 

(je sais le rêve c'est de l'énergie en l'air

mais j'avais un pote comme ça qui faisait dans l'art conceptuel

de temps en temps, il faisait quand même un dessin —

 

faut pas perdre la main)

 

19/07/2015

La question japonaise

 y a un moment ce n'est même plus la chaleur ou la faillite de la pensée occidentale

y a un moment

c'est une question de souffle

...

l'espace entre la cage thoracique

et le réel autour

appelle le

minimalisme

...

problème :

j'ai horreur

du haïku

...

pourtant ce matin très précisément pensées remontent

éclatent en bulles minuscules

trois vers ça devrait leur suffire

...

où sont mes nuages ?

où est cette putain de montagne ?

c'est quand la dernière fois que vous avez vu une

carpe ?

...

j'essaie

j'efface

j'essaie encore

...

je vois ce bureau

je me dis Putain voilà un beau bureau

je l'aime parce qu'il est comme il est hirsutes de pots à crayons

...

on peut dire ce qu'on veut

la pile de papier écroulée les pense-bête collés sur l'unité centrale les deux cendriers en coquille Saint-Jacques

le bâton de colle sec la boîte en carton dont je n'ai jamais su à quoi elle sert le ticket de carte bleue

n'ont pas besoin d'être la métaphore de quoi que ce soit

...

(mes collègues se marrent Putain on voit bien que c'est le bureau de Greg

et à vrai dire c'est vrai ce bureau ne me renvoie toujours qu'à moi-même

salaud d'occidental c'est encore pour ça que je l'aime)

...

rien à faire

pas moyen

d'être japonais

...

ces types-là réussissent à rendre un pauvre poissecaille

abstrait

ce sont des artistes jusque dans l'utilisation des couteaux

des contrats de travail et des centrales nucléaires

...

(moi

je

déborde)

...

j'ai fait du judo jusqu'à la ceinture jaune-orange

j'ai vu quelques films de Kurosawa

et puis ?

...

j'ai feuilleté quelques bouquins sur Hokusaï

j'ai admiré des bustes de yakusas au musée des tatouages d'Amsterdam

y avait même des doigts dans du formol

et puis ?

...

ne bouge pas de place pendant trois cents ans

tiens-toi disponible écoute il arrive

trois coups de crayon VAS-Y !!!

...

...

...

j'avais dit disponible.

...

...

...

non ce n'est pas qu'une question de tradition littéraire.

mec tu es toujours

trop plein de toi-même.

 

22/06/2015

C'est beau, c'est con, ça vient de sortir

 

Aime ta connerie.

Porte-la fièrement.

Plonge-toi dans le catalogue des éditions Gros Textes.

Et pendant que t'y es, découvre la poésie contemporaine.

Et l'œuvre du type qui a fait la couverture.

Et causes-en à ton libraire.

Car c'est joli, compact, ça tient dans la poche, ça fait 81 pages et et tout ça pour 7 euros.

Et ça rappe, et ça gratte, et ça décape, du moins on a bossé pour.

Bref, une date dans l'histoire de l'esprit humain.

Particulièrement dans un contexte contemporain.

J'aurais dû le dédier à Alain Finkielkraut, tiens.