06/08/2020
Suite de la carte postale précédente
, nous disons-nous avec mon pote de l'autre fois.
Notre problème n'est pas tant d'ailleurs de trouver assez de matière pour écrire nos poèmes en attendant la fin des événements.
Notre problème est de ne pas nous transformer en vieux cons aigris.
Comme toujours et pour tout, c'est une affaire de mise en forme, aussi pour la cent millième fois comptons-nous nos abats :
- notre grande soeur adolescente, là-bas dans le jadis, qui fume des cigarettes ;
- les jeunes filles brunes dévidées par la porte du HLM ;
- le gosse, le même que d'habitude, mais en neuropédiatrie ;
- une plage de sable fin sous-entendu et la file des gars qui attendent leur tour au Forum réfugiés ;
- les doigts du type qui recharge la machine à café du boulot ;
- tout ce qu'on peut faire avec des cheveux longs, quand ils sont assez longs pour les mettre à la bouche ;
- notre grand-mère vierge, et grosse lectrice, à un point quelconque de l'espace-temps quantique ;
- la mer qui continue à revenir vers les localités du Var, comme si elle était décidément amoureuse du béton ;
- les chargeurs les piles et les trucs en plastique qui se reproduisent dans le tiroir du buffet ;
- une pensée pour les containers qui quelque part en mer du Nord ;
- notre gueule devant le miroir quand c'est le grand retour de la Saison des Merdes ® ;
- Allaou Akbar merci pour l'apéro et bonjour chez vous ;
- les gens cool en général, les artistes en particulier, c'est-à-dire ceux qui ont fait de l'artisme une vraie raison sociale ;
- nos bites bien bien après, lorsqu'elles commencent à sentir autre chose que nos bites, quelque chose comme une forêt primaire ;
- l'agonie d'une guêpe dans la grenadine pure, et encore pas tant ça, que notre propre joie à la regarder ;
- les gens à beaux yeux qui depuis le port du masque obligatoire écrasent les gens à belles ;
- notre culpabilité de rejetons de la classe moyenne en équilibre sur l'échelle sociale essayant de ne pas regarder en bas ;
- la joie authentique de pouvoir foutre des points-virgules, pour une fois qu'il se justifient vraiment ;
- notre femme, ses cheveux, sa vésicule biliaire, ses impérieuses et divines menstrues et tout le cosmétique ;
- liste non exhaustive. Merci.
07:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
31/07/2020
Pour revenir sur la question de l'exotisme...
Faire usage
de l'anxiété des autres
témoigne peut-être
d'une forme de sans-gêne assez peu justifiable
voire
d'un manque certain d'originalité
ou encore
d'une radinerie peu reluisante
mais
en contexte de crise
c'est sûr qu'on use
moins la sienne
et et et
les gens la partagent si volontiers que voulez-vous
15:40 Publié dans Exotisme | Lien permanent | Commentaires (0)
27/07/2020
Moisson de juillet (scories)
À peine as-tu pondu ton manifeste, mis les points sur le I, pourfendu les critiques aux aguets, défini les objectifs du plan, que PAF ! tu ne fous plus rien pendant trois mois. Tu es parti en vacances : peu de cathédrale, beaucoup d'arrêts-pipi et d'intoxications alimentaires. Parfois, comme ça, il faut savoir lever le pied.
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ELLE DIT : Ray Charles, tu vois, ou Gilbert Montagné...
Quelle chose terrible cela signifie-t-il sur notre psyché, notre rapport à l'autre, nos représentations ?
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Il n'y a pas que l'humour comme centre d'intérêt ni les églises romanes. Il y a aussi le pognon. Les réunions de copropriété. Les napperons. Chacun son truc.
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L'autre jour j'étais avec un ami. On ne forcera pas sur le décor bukowskien, disons seulement que nous étions en position assise, ça facilitait la discussion. On parlait d'exotisme, en tant que notion. L'exotisme du copain de sa mère, qui balance ses spores de virilité un peu partout et se fait fort de taper des 120 dans des routes de montagne, l'exotisme du bas de notre rue, l'exotisme de la femme qui vit avec nous, l'exotisme certains matins aussi (tout à fait désagréable) de notre gueule devant le miroir. Le sujet aurait sans doute mérité plus ample développement, mais de la terrasse aux chiottes, du sourire d'yeux de la patronne à nos poches où nous étions sûrs d'avoir rangé ce putain de masque, aucun office du tourisme ne proposait de dépliant ni de balades en bateau.
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Tout le trajet, envie de dire au chauffeur du bus : Attention, vous êtes sur une voie de bus ! Ce que c'est que la force de l'habitude.
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Les amis de mes amis sont très gentils : ils documentent tous les instants tous les lieux tous les apéros où je ne suis pas.
Et aussi : toutes les églises romanes tous les spritz toutes les robes d'été (où je ne suis pas).
Les amis de mes amis sont très contents : on leur dit bravo l'église romane bravo le spritz bravo la robe d'été.
Car les amis de mes amis n'ont pas démérité ils ont : acheté les billets, vérifié leur passeport, trouvé le petit bistrot sympa au coin d'une rue.
Ici ce n'est pas pour les touristes.
Ici c'est photogénique mais c'est par accident.
Leurs visages pratiquent la parthénogenèse leurs visages voyagent sous la mer se font une petite rando parmi les satellites.
Ils se reproduisent à une pelle vitesse que je me demande : qui a le temps de regarder tous ces visages/de les reconnaître comme être humains - que valent-ils à la bourse des visages et du reconnaître humain et qui, parmi les prisonniers politiques des grands Empires de l'est, aura assez d'huile sous le coude pour fabriquer assez d'étagère pour caser les albums, si un jour ils venaient à être imprimés ?
06:20 | Lien permanent | Commentaires (0)