08/05/2020
King jouet
Cher monde cruel,
Avant de nous revoir en chair et en os, un petit extrait de mon recueil Un peu plus ample un peu moins moche, tragiquement paru chez Vanloo deux jours avant ce-que-tu-sais.
Filmé at home, entre la poire et le salon, commandable dans toutes les bonnes librairies ou sur le site de l'éditeur, si tu habite la diagonale du vide.
20:53 Publié dans Film, Gueuloir, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
03/05/2020
Notes de voyage III
En ce moment, sournoisement une image m'obsède.
(Attendez une seconde, vous allez pouvoir vous foutre de ma gueule.)
Je vois - je sens - distinctement
un kyste
ou un bubon ou un abcès
je ne sais pas ce qu'en disent les médecins ou le populo, mais :
une boule, rigide et emplie de pus.
Au début on ne sait d'ailleurs pas que c'est du pus :
on pense à un os supplémentaire qui aurait poussé dans une région mysérieuse
et rendue difficile d'accès à cause de l'os du coccyx.
On pense aussi tumeur, on pense aussi cancer,
on se demande encore s'il s'agit de deux mots pour une même chose
vraiment nos connaissances en médecine sont pitoyable.
S'en suivent trois jours souffrance totale.
Au début on s'assoit ont dérouille.
Puis c'est le vautrage qui pose problème.
Au bout d'un moment, debout couché, toutes ces positions qu'on nous enseigne d'une voix de stentor
deviennent des cocons de couleurs qui nous recouvrent instantanément.
On en ferme les yeux on en pleurerait,
on se sentirait presque isolé et protégé du monde extérieur
tellement cette douleur constante nous porte ailleurs dans la galaxie.
Puis un jour, par la seule force d'un regard (on suppose qu'il y a de l'amour)
la chose éclate et ce sont des flot de pus
(moitié rouge moitié translucide - souviens-toi, comme lorsque la sage-femme
a percé ta poche, il n'y a pas si longtemps)
on sait que la substance sera longue à s'écouler
on pourrira trois slips et puis et puis
et puis les douches deviendront très complexes pendant un moment.
Mais le principal : la douleur est fini. C'est comme une vertigineuse, exquise et bancale onde de rien qui nous berce tout le corps
et deux-trois heures d'euphorie.
En réalité le corps est revenu : et le monde extérieur, et notre place exiguë dans la galaxie.
On est rendus à la même merde que tout le monde.
Mais bien sûr, par un fâcheuse déformation de poète,
nous essayons à tout prix d'y voir quel que chose
de l'ordre de la métaphore.
(La société ? L'être ? La question de l'ego ?)
En fait il ne s'agit de rien d'autre que ça :
la douleur, et la fin de la douleur.
11:39 Publié dans fins de séries | Lien permanent | Commentaires (2)
26/04/2020
Notes de voyage II
J'ai terminé la rédaction de mes œuvres complètes
ce dimanche 12 avril à 6h12.
Bonne nuit, édition française.
Fais de doux rêves, conjoncture sanitaire/économique.
Depuis, ce n'est pas tant qu'à me faire chier : je me muscle.
Silence éternel de ces espaces infinis :
je fais une série de pompes.
Longue résonance métallique dans les boîtes aux lettre d'ici à Oulan-Bator :
j'entame les abdos.
Non vraiment n'insistez pas je n'ai jamais fait ça pour la gloire et la gagne :
je passe aux fessiers.
J'écoute les frottement d'actine et de myosine.
Je m'intéresse. Je prends le temps.
De temps en temps un petit bobo d'athlète.
Une recette de cuisine à haute valeur métaphorique.
Et puis, tout d'un coup, crac.
Plus envie du tout.
Nouveau projet : me pelotonner sur le canapé à écouter du Léo Ferré
en buvant du vin rouge.
Mais de le faire bien, profond, intense, régulier -
peut-être lancer un Kisskissbankbank pour les pizzas surgelées.
(En face, moue dubitative)
Oui je sais, mon amour.
Léo Ferré, entre nous, ça coincera toujours.
08:45 | Lien permanent | Commentaires (0)