22/04/2014
Trop-plein
J'ai des obscurités de CV et des ambigüités contractuelles... En quantité, si vous saviez. J'ai des retards de sommeil et des friches industrielles plein l'ordinateur... J'ai des chauve-souris, des comptables et des labyrinthes... Des lectures en suspends et des bibliothèques à jamais en deuil par défaut de confection d'espèce... C'est toujours moi qui frise la banqueroute mais qui finis le mois à un euro de l'interdit bancaire.
Mais je m'en sors vivant, toujours. Tellement que ça n'en est pas juste. Que c'en est trop banal. Pas à la hauteur du concours de tragédies qui m'explose dans la tête tous les vendredis saints.
Faudrait ne pas avoir mal au ventre, faudrait pas sentir son humanité en odeurs d'aisselles dans le métro. Mais comme vous savez, on fait aller.
20:19 Publié dans Gueules de bois | Tags : cv, contrats, banqueroutes, découverts autorisés, vivant toujours | Lien permanent | Commentaires (0)
15/04/2014
La sainteté commence par les pieds
Je ne peux pas le dire,
hein —
j'aurais mon père, ma mère,
avec des torches enflammées.
Non, je ne peux pas le dire —
j'aurais ma copine, mes copains, mon gosse
avec fourches affamées — Non,
il faut me taire
— j'aurais
mon frère ma soeur le maire et tous mes éditeurs
avec tanks et moissonneuses-batteuses.
Je ne peux pas le dire
que la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie
est ce tapis de bain
fabriqué en Suède
que tu as rapporté l'autre jour.
Et pourtant.
Sens, sens.
Sens comme la plante de tes pieds
efface toute pensée.
Gouttes.
Buée.
Rémission de tous les péchés du monde
l'espace qu'une seconde.
09:37 Publié dans Bouts de peau | Tags : tapis de bain, ikea, rémission de tous les péchés du monde | Lien permanent | Commentaires (0)
13/04/2014
"Je ne veux pas être celui/ Que tu oublies si aisément [...]"
Les gens
se croisent/se frôlent/soupirent/téléphonent/se donnent rendez-vous à l'arrêt du 9/répondent à un texto/regardent la voiture sur l'affiche
SOUFFLENT
et parlent du fait qu'ils n'ont plus le temps de se croiser/de se parler/du fait qu'il fait moche et qu'on ne s'entend plus soupirer/que la couleur de la voiture leur dégouline dessus
comme une barbe à papa à un enterrement
et qu'ils en sont bien désolés
Les gens
achètent/remplissent des sacs/vident leurs poches/cherchent le jeton/cherchent leur carte bleue/cherchent le bon de réduction
s'énervent dans les files d'attente/retiennent leur vessie/rêvent à des intestins muets/à des ventres non douloureux/à des scies électriques/à des pièges à loups/à des effaceurs instantanés de vendeurs au porte-à-porte/à des chignoles spéciales pour cages thoraciques/à des poisons indétectables dans gâteaux de noces d'or/à des
cordes dans les portes-tambour/à des flacons sans étiquettes à maintenir bien droits/
tant pis pour la salive qu'ils laissent
elle sera ramassée cette nuit par les clandés
Les gens
haïssent/vomissent/se tiennent le ventre/se font des grimaces en acier pour sortir/voudraient sortir/voudraient sortir d'eux-mêmes/voudraient sortir de leur catégorie/voudraient un mouchoir
se gorgent de larmes & ulcères
se font des yeux tremblants de verre
magasin/déchetterie
magasin/déchetterie
magasin/déchetterie
... et pendant ce temps, des poètes meurent.
13:41 Publié dans Gueules de bois | Tags : les gens, gueule de bois, nourrir, pierre autin-grenier | Lien permanent | Commentaires (0)