14/09/2015
À Denis Roche
quand ça veut
ça veut
quand ça veut pas
on a beau faire refaire et tout mélanger à nouveau
on reste
c'est à dire
on se bouffera pas autant que ça
ce matin j'ai bien aimé le réveil
le premier shot de nicotine était plutôt réussi aussi
mais après
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on a annoncé dans les pages culturelles la mort d'un mec on l'a appelé Denis Roche
alors c'était moins grave à cause des petits Syriens sur les plages
n'empêche
qu'on a ressorti quelques phrases
.....poésie.....inadmissible.....d'ailleurs n'existe pas.....
avec le recul on dirait les acrobaties intellectuelles d'un bébé normalien en manque de reconnaissance intitutionnelle
c'est touchant dans un sens
n'empêche
j'aimais bien son flow malgré l'intellectualisme
quand il était encore un mec avec des vers dedans
il découpait bien la phrase
ça me faisait bouger la tête
est-ce qu'il est bien raisonnable de demander mieux que ça
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mieux que ça :
(serait de me rappeler POURQUOI j'ai commencé à l'admettre, moi, la poésie)
simplement un effort pour sauver une journée
de tout ce qu'elle contient
d'agréable ou non
13:21 Publié dans fins de séries | Tags : mort de denis roche, bébé-normalien, la poésie est inadmissible, bouger la tête, sauver une journée | Lien permanent | Commentaires (0)
26/08/2015
De la prolifération des armes aux États-Unis
j'ai arrêté de compter les morts
à peu près au mois de février
l'Amérique
on l'a voulue
on l'a eue
méfiez-vous des prières
on sait que ça retombe toujours on ne sait jamais comment ni où
ça se bouffera par les yeux au coin d'une page web
et malgré la misère et les naufrages
ça engraissera son homme
assez pour se rendre bien compte du canapé
ce ne sera pas la première fois qu'on devra y regarder à deux fois pour savoir si c'est un charnier ou une partouze
mais ça se terminera comme d'habitude
au café du matin
avec une grosse poche d'oubli sous chaque œil
21:08 Publié dans fins de séries | Tags : compter les morts, engraisser sur son écran | Lien permanent | Commentaires (2)
12/08/2015
La Ville des sept gares et des mille et trois etc
(à Katia Bouchoueva)
il y a des rues il y a des poètes
il y a des avenues à sept voies et des marchands de glaces
il y a des poètes il y a du bronze
il y a du granit il y a du grès il y a du marbre
il y a des livres
et malgré la chaleur ce sont les seuls qui transpirent
il y a des yeux cloutés il y a un empire
il y a une momie une seule mais qui a rançonné depuis belle lurette toute la ferveur disponible
et il y a et il y a
des Ouzbèkes des Azerbaïdjanais des Kirghizes
dans le bâtiment et dans la voirie − et
ceux qui n'y sont pas allés ont sûrement une vague notion de ce que c'est que la démocratie
quant à ceux qui y sont revenus — paie tes cinq cents grammes de vodkas et ta nuit pour qu'on en parle
...
il y a des rues il y a des poètes et une crampe de quinze millions d'estomacs
une petite fille de 33 ans qui rallume 1917 dès qu'elle voit la mention 48 kopieki
et là-dessus
Pouchkine qui se marre de l'invariance des choses
comme s'il ne remarquait pas l'absence des ivrognes
d'il y a trois ans
23:08 Publié dans fins de séries | Tags : moscou, momie de lénine, 48 kopeks, pouckine, les ivrognes d'il y a trois ans | Lien permanent | Commentaires (1)