06/06/2015
Louis Léon César Faiherbe (1818-1889)
à Simon A
François-Xavier F
Jean-Marc F
le général Faidherbe
a mis ses plus beaux atours
il raconte comment c'était le Sénégal
à l'époque où on savait encore
cultiver la moustache
sans engrais chimiques
bien sûr il se la pète en bronze massif
MONSIEUR a fait Polytechnique
MONSIEUR a la Légion
MONSIEUR fut conseiller général
s'il y a un port à Dakar
à qui que vous croyez qu'on le doive
...
bien sûr MONSIEUR pue un peu le cheval
mais on sait que la gloire
c'est aussi 50% de crottin
alors on le laisse parler
moi et mon pote
on se dit bien un peu que c'est un vieux con
de la race des vieux cons à souvenirs
la plus collante de toutes
mais on le laisse parler
c'est même pas qu'on serait en avance n'est-ce pas
mais moi et mon pote
on est présentement dans le 59
on n'est pas très causants dans le coin vous savez
10:01 Publié dans fins de séries | Tags : le général faidherbe, lille, anciens combattants, la coloniale, simon allonneau | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2015
Mon coiffeur
mon
coiffeur aimerait bien que
je puisse terminer une phrase sans dire
pédé
ou
enculé
ou
Arabe Juif Tchétchène — mon
coiffeur
considère que
les mots ce ne sont pas que
les mots
ce sont
des serpillères à saloperies idéologiques
et qu'après
personne ne veut les essorer
(car personne n'aime avoir les doigts qui puent)
c'est trop facile de se laisser couler avec le climat d'une époque
c'est trop facile de faire résonner les mots de l'oppresseur
(il sait de quoi il parle
ce qui roule qui va vite et qui n'accroche pas mais en met plein la vue il connaît il a
été adepte du patin a roulette pendant des années)
si les mots devaient servir à des causes politiques
on leur offrirait un équipement paramilitaire ultramoderne
on les enverrait survivre dans des conditions extrêmes et
on leur écrirait des chansons
ce n'est pas ce que dit mon coiffeur
ce n'est pas ce qui tombe à mes pieds en touffes brunes
ce qu'ils veut lui
c'est des mots-nourrissons qui considèrent le monde pour la première fois
avec un son tout neuf
je veux bien moi
et je veux bien qu'on cause de Suétone et de Charles Péguy alors que perdant deux kilos gagnant trois centimètres
je constate qu'il a raison
puisqu'il tient le rasoir et que j'ai les bras entravés sous leur espèce de blouse sans manches
le problème
c'est que tout le monde a raison
tout le monde a raison que c'en est épuisant
que c'en est contradictoire
que c'en est péremptoire
je veux bien faire plaisir à tout le monde mais faudra le rasoir
pourtant j'aime mon coiffeur
c'est mon meilleur ami
et se faire tripoter le cuir chevelu
reste un pur plaisir physique
sans désir ni regret
09:08 Publié dans Bouts de peau, fins de séries | Tags : mon coiffeur, littérature engagé, arabe pédé juif, mots-nourrissons | Lien permanent | Commentaires (3)
19/05/2015
Cahier des charges
hier soir cahier des charges rempli
bu du vin rouge et de la bière dans un centre de documentation anarchiste
parlé de poésie avec des gens qui gagnent peu d'argent
participé à bonne vibration collective
traîné sur les Pentes
terminé dans un cabaret russe où tout était rouge
chanté Dylan et Okoudjava pour une vodka-cornichon
devant des poètes qui suaient la poésie
devant une patronne qui travaille depuis la chute du mur
un décolleté vaste comme la Sibérie et profond comme le désespoir Russe
tout ça sous les auspices d'un débauché mystique dont un musée petersbourgeois prétend conserver la bite dans du formol
tout ça en un temps record et avec des moyens réduits
tout ça sans avoir lu un Corto Maltese depuis une dizaine d'années
et n'allez pas me dire que la poésie est autre chose que le recyclage de vieux clichés
06:57 Publié dans fins de séries, Gueules de bois, Gueuloir, Musique | Tags : après la lecture, bar le raspoutine, cedrats, âme russe | Lien permanent | Commentaires (0)