24/12/2014
Tomber bourré sept fois dans la neige et se relever inuit (chanson)
j'ai toujours aimé
quand c'était la faute à la société
quand il n'y avait rien à se reprocher
qu'on irait mettre un coup plus tard
plus tard
quand on aurait le temps
j'ai toujours aimé
même quand j'avais trop bu
même quand j'ai regretté
même quand je voulais tout voir disparaître
j'ai toujours aimé quand tu ne voulais rien comprendre
qu'on se bouffait le foie espérant expirer au même instant
quand tu avais douves chaînes et pont-levis
et que j'étais censé chanter
j'ai toujours aimé
(même quand je n'ai pas été là que je
n'ai pas répondu à tes textos même quand
j'ai été relou j'ai
toujours toujours)
j'ai toujours aimé quand il fallait te ramasser
quand la colère te sortait des yeux
en glu alcoolisée
quand il fallait te porter
que ce n'était pas possible mais que ça arrivait quand même
qu'il fallait faire semblant d'avoir dormi et d'oublier
même quand on allait tous crever
j'ai toujours
aimé
08:00 Publié dans fins de séries | Tags : aimer, la faute à la société, tomber bourré dans la neige et se relever huit | Lien permanent | Commentaires (0)
20/12/2014
Tilia
la fille la plus balèze du monde
fait 1,6 kg
elle se tortille
avec des cuisses de mouches que même les Chinetoques boufferaient pas
à la sauce aigre-douce
pourtant elle vit
et elle fait vivre et elle fait parler et elle occupe toutes les pensées d'une bonne douzaine de personnes depuis un mois
et ELLE respire
et ELLE ouvre les yeux
et ELLE réclame à bouffer
et alors vous vous dites
moi je suis auto-entrepreneur
moi j'ai gagné la coupe des nations
moi je suis président de la République
oui mais ELLE tout ça
— respirer ouvrir les yeux réclamer à bouffer —
elle le fait vraiment
vous pouvez en dire autant ?
19:02 Publié dans Bouts de peau | Tags : tilia, les bébés prématurés, respirer, ouvrir les yeux, réclamer à bouffer, président de la république, la fille la plus balèze du monde | Lien permanent | Commentaires (2)
19/12/2014
Aloïs
Mon pote et moi on a été dans la même maison de retraite
c'est là qu'on s'est connus
c'était facile on avait à peu près la même peau
et le même goût pour le vide
Mon pote et moi notre truc c'était la viervolte
les falaises
— survie sur les glaciers du cœur et du savoir
ascension du col
du fémur
chute libre
(soignée à la colle à dentier)
mon pote et moi on ne s'est pas fait chier ces quarante-deux dernières années
que la mort
laisse un message ou
mate un peu les plantes vertes de la salle d'attente
nous
on a tellement à faire
— apprendre à babiller, à ramper, à rester sur le dos sans pouvoir se retourner, à lâcher la cuillère, à baver
apprendre à ne pas reconnaître l'infirmière —
n'ayez pas peur de la sénilité pour mon pote et moi
TOUT EST ENCORE À RACONTER
on n'a pas fait de guerres
mais on les a quand même oubliées
comme on a oublié nos sphincters
et les prénoms des héritières
AVALE
AVALE
AVALE
dit la voix
mais en fait c'est pas vraiment une voix
AVALE
AVALE
AVALE
c'est un jouet avec des sons préenregistrés dont les piles sont en train de lâcher
AVALE
AVALE
nous ça nous fait marrer
mon pote et moi on rit de se faire nettoyer par des beautés qui mâchent du chewing-gum
comme si c'était pas notre peau dans leur bouche
comme si c'était pas leur avenir sur nos varices
et comme si c'était pas entre nos rides
toutes ces choses qu'elles n'osent s'avouer
il y a les seins qui tombent
les érections qui finissent par se lasser
il y a le mal de dos
et toute cette jeunesse qui attendait pour exploser
que quelqu'un y pose le pied
il y a la rouille et les uniformes que personne ne reconnaît plus
mais mon pote et moi on s'en fout
mon pote et moi on n'y est plus du tout
mon pote et moi on les emmerdera jusqu'au bout
00:05 Publié dans fins de séries | Tags : maison de retraite, mon pote et moi, aloïs, infirmière, désapprendre, alzheimer | Lien permanent | Commentaires (0)