14/04/2015
Pleine saison
Günter Grass est mort.
François Maspero est mort.
Jean d'Ormesson entre à la Pléiade.
Putain si c'est pas un mois d'avril du tonnerre.
07:00 Publié dans fins de séries, Gueules de bois | Tags : günter grass, françois maspero, jean d'ormesson, avril | Lien permanent | Commentaires (0)
13/04/2015
Le Même métier
40 000 ans
40 000 ans qu'on fait le même métier dans les parages
les scientifiques ont démontré que
pas plus de 6000 ans nous séparaient de la première mutation génétique ayant abouti à notre gueule blême d'Européens
mais il y a 40 000 ans qu'on se projette sur les murs des cavernes
en pigments
en chevaux
en mammouths
et en rennes
il faut être sacrément dingue pour en retirer un quelconque orgueil
mais il faut être plus dingue encore
pour vivre sans tambours sans chevaux sans mammouths et sans rennes
sur les Powerpoints et les tableaux Excel
avec la petitesse troglodyte d'une école de commerce
ceci n'est pas un manifeste réactionnaire
pas même une pointe de nostalgie
40 000 ans
que rien n'a fondamentalement
changé
08:12 Publié dans fins de séries | Tags : cavernes, 40 000 ans, chevaux, mammouths, rennes, écoles de commerce | Lien permanent | Commentaires (0)
10/04/2015
Pour une débénabarisation du quotidien 195-200
Suite du match de téléphone arabe épicé-puéricole avec Emanuel Campo. Épisode précédent ici.
195) Tout ce qu'on a dû vivre pour en arriver là. À voir un fleuve. Et encore. Là où tu vois un fleuve je vois une place triangulaire, avec un square où des assistantes maternelles alcooliques vident des cartons de bouteilles de lait vides & généreusement offertes par l'union Européenne avant de rallumer leur cigarette et de laisser les gosses s'étriper tranquillement. Je vois ça et un fil de fumée qui monte, et j'hésite sur quelle bagnole je vais balancer mon mégot à moi.
196) Ce que j'aime dans cette place, c'est qu'elle porte le nom de la bataille la plus meurtrière de la seconde guerre mondiale. Je ne sais pas quoi en conclure mais j'aime bien cette collision des mots.
197) Les Boches battent en retraite à l'heure des parents. Les Soviétiques vont maintenant s'en donner à cœur joie avec toute la faim le désespoir la frustration dont ils sont capables. Pendant dix ans et nous trouverons que ce n'est que justice.
198) Quant à moi, je sais que je vais bientôt fermer, et que je vais faire les gestes. Balancer le marc de café. Vider le filtre permanent dans la poubelle. Rincer avec un jus noir et grumeleux. Remplir à nouveau. Six cuillère. Deux verres-doseurs. Puis régler la machine sur 5h45. Allumer une autre cigarette en pensant aux heures de sommeil perdues. Je sais que si je deviens dingue un jour ces gestes-là y seront pour quelque chose. Alors je les fais en essayant de ne rien voir d'autre dans une cafetière qu'une cafetière. Ça fait déjà trente ans que je m'y exerce. L'abstraction n'est jamais si problématique qu'avec des gestes comme ceux-là.
199) Ces gestes. Ces gestes qui ne se cherchent pas d'identité, parce qu'ils savent à quel point ils ressemblent aux gestes du soir précédent, qui ressemblaient à ceux du soir d'avant, etc. Ils sont fiers, ces gestes. Quelle que soit notre tendance au romantisme et notre petite gloriole dans les milieux poétiques ce sont toujours eux qui gagnent. Avec le tempo régulier d'un hymne national. On n'y croit pas mais on chante quand même. Et le cœur s'accélère au refrain. Il y a quelque chose de profondément fasciste dans les gestes du quotidien.
200) Et demain, au lever, on aura oublié, et ce sera reparti pour un tour.
06:37 Publié dans Pour une débénabarisation du quotidien | Tags : débénabarisation du quotidien, emanuel campo, place stalingrad | Lien permanent | Commentaires (1)