Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/05/2017

Gatos XVI

 

Essai de philosophie politique de mon binôme



LE REGARD DU HAMSTER SUR LE HAMSTER EST SI CHARGÉ QU'ON CROIRAIT QUE LE HAMSTER EST UN HAMSTER À BARILLET À CHARGEUR À DOUILLES HAMSTER SEMI-AUTOMATIQUE HAMSTER D'ASSAUT COMME ON EN TROUVE PARTOUT AUJOURD'HUI À MOINS DE 300 EUROS DANS LES QUARTIERS - CAR LE

HAMSTER EST LE HAMSTER ET DANS LE HAMSTER EST LE DEDANS DU HAMSTER ET DEDANS LE DEDANS DU HAMSTER IL Y A LA HAINE DU HAMSTER LA GRANDE HAINE AFFIRMATIVE DU HAMSTER POUR TOUT CONTRE RIEN CAR LA

HAINE DU HAMSTER EST GRANDE

ELLE EST GÉNÉREUSE ET ELLE EST CÂLINE ET ELLE EST ORGUEILLEUSE ET ELLE EST AMBITIEUSE ET AMNIOTIQUE LA HAINE DU HAMSTER EMBRASSE LE GRAND TOUT C'EST ÇA QU'IL FAUT BIEN COMPRENDRE LE GRAND LE TOUT-HAMSTER À COMMENCER PAR LUI (DONC TOUT) À COMMENCER PAR LES AUTRES (DONC LUI) CAR AU HAMSTER TOUT EST HAMSTER

L'AVENUE LES BICOQUES DU 8È ARRONDISSEMENT LE BUREAU DE TABAC LA RUE QUI NOUS EMMERDE À ÊTRE À SENS UNIQUE

LES CAMIONS QUI PAISSENT LES JARDINIERS MUNICIPAUX

ET LES MAGASINS

ET LES SILOS À GRAIN

ET LE DISTRIBUTEUR D'EAU

ET LES DEUX FLEUVES

ET LE GOURDIN

ET LE MAGASIN DE MOTOS D'OCCASION

MAIS LA HAINE DU HAMSTER EST ENCORE PLUS FORTE POUR LE HAMSTER CAR HAMSTER+ HAMSTER = HAMSTERS ET HAMSTER X HAMSTER = HAMSTER AU CARRÉ OR C'EST EN ROND QUE COURT LE HAMSTER C'EST EN ROND QU'IL AVANCE C'EST DANS UNE ROUE QU'IL EST UN SEIGNEUR UN BATTANT UN CHEF D'ENTREPRISE CRÉATIF QU'IL MAÎTRISE SON DESTIN ET LA HAINE DU HAMSTER ATTEINT SON PAROXYSME DANS LE HAMSTER SANS ROUE

LÀ OÙ IL Y A HAMSTER IL Y A ROUTE SE DIT-IL L'ÉQUATION EST SIMPLE DERRIÈRE ROUE IL Y A MAISON IL Y A CANAPÉ IL Y A MAÎTRE

LA TÉLÉ EST ALLUMÉE C'EST LA TÉLÉ DU MAÎTRE

LE HAMSTER RENTRÉ CHEZ LUI EST UN BATTANT MAIS POUR AINSI DIRE CALCIFIÉ RABOUGRI RECROQUEVILLÉ DANS LES REINS DE SA FATIGUE

IL REGARDE SES PATTES IL REGARDE SES MUSCLES IL REGARDE SON MAÎTRE

ET LE HAMSTER SANS ROUE QUI DANS L'ÉCRAN GRONDE ET SE REPRODUIT (6 millions d'unités) DE FAÇON NON SEXUÉE

LE HAMSTER SANS ROUE EST NOURRI

POUR CE QU'IL EST : HAMSTER

NON POUR CE QU'IL FAIT : TOURNER

plus loin bien entendu

un radio-réveil une paire de bottes en caoutchouc

une guerre mettant en scène de glorieux chefs tribaux enturbannés

ces choses sont déroutantes c'est bien compréhensible

et le maître à cause du reflet de l'écran on ne le voit jamais dans son intégralité

LE HAMSTER FIGE DANS SA COLÈRE SOUDAIN RETROUVÉE AU NIVEAU DES LOMBAIRES - IL NE SE REND

PAS COMPTE QUE LE HAMSTER SANS ROUE ATTEND SAGEMENT SON TOUR POUR MONTER

QU'IL Y A DEUX HAMSTERS UNE SEULE ROUE

ET QU'ON APPELLE ÇA UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ BIEN DIGÉRÉE ET QUE

DES ÉLÉMENTS DE PHILOSOPHIE POLITIQUE DATANT DU DÉBUT DU XIXÈ SIÈCLE LUI CALCIFIENT LES MÂCHOIRES LUI SENTENT ENTRE LES DENTS LUI ÉCHAUFFENT LES HUMEURS

IL FAIT CORPS AVEC SA ROUE

SA ROUE EST À DURÉE INDÉTERMINÉE

ET SON AGRESSIVITÉ EST POUR LE HAMSTER SANS ROUE il ne se rend toujours pas compte

QUE LA ROUE EST SA STRUCTURE EXTERNE ET SA CHANCE ET SON HÂVRE ET SA PAIX ET QUE LE HAMSTER SANS ROUE EST RÉDUIT AU HAMSTER C'EST À DIRE À REGARDER LES ÉMISSIONS DU MAÎTRE C'EST À DIRE À SE REGARDER LUI-MÊME DANS L'ÉCRAN

ET À INVENTER POUR LUI-MÊME AU CARRÉ LES HEURES QUI PASSENT UNE À UNE ET COMPOSENT UNE JOURNÉE

QUE SANS ROUE LUI-MÊME IL SERAIT CONDAMNÉ À EXISTER POUR LE SEUL DÉPLAISIR DE -

À SE REGARDER COMME IL REGARDE LE HAMSTER SANS ROUE SANS STRUCTURE EXTERNE SANS ÉCHAFFAUDAGE

PERCÉ À JOUR DANS SA QUALITÉ DE PUR HAMSTER, BOUILLON DE CELLULES ANKYLOSÉES

c'est à dire un peu comme moi, à cet instant, je le regarde.



 

09/05/2017

Gratos XV

 

Les structures sociales de mon binôme sont à nu, à force d'encaisser les sables et les caillasses.

Et je mourrai ici.

C'est écrit en toutes lettres, dans son corps, dans sa démarche de cow-boy biker ayant connu l'époque où on emballait dans les balochess.

Dans la vibration fessière du camion, je me cogne à cette évidence et ne rends aucun son :

en tant que poète de la réalité, ma poésie est faite pour les binômes.

Les binômes ne lisent pas de poésie.

Et pourtant c'est pour eux, pour les faire advenir dans la réalité vraie et non poétique, que s'écrit la poésie des poètes de la réalité.

Pour les odeurs corporelles, les supermarchés, la campagne moche.

Et pour la journée qui avance. Pour en faire quelque chose de vivable. Ça fait plus d'un mois maintenant.

JE N'Y ARRIVE PAS.

JE SUIS BLOQUÉ.

C'EST LA FRIGIDITÉ CRÉATIVE DE LA JOURNÉE SANS ESPOIR.



*



Ce n'est pas l'âme du poète qui déteste à présent - c'est le corps du poète.

Une détestation qui est une détestation d'animal : la sueur – au stade intermédiaire de la sueur qui est la sueur entre la sueur des travailleurs et la sueur des vieux.

Quoi qu'il dise maintenant, les mots qui sortiront de sa bouche auront la même odeur.

Peu à peu, la cabine du camion est saturée.

Je ne suffoque pas. Je ne suis pas du genre à suffoquer pour si peu.

Je hume je déteste. Je ricane et je me tais. Puis j'enfouis mon appendice dans ma main ouverte. Ça sent le tabac. Je pense à la beauté.



Eux. Leurs couleurs. Leurs écailles. Et surtout, les jeux de lumière sur.

..................................................................................................................................................................................................

Longtemps j'ai cru que la beauté se nichait seulement dans l'œil de l'homme qui regarde. Et j'ai maudit ces quantités et quantités de beauté perdue du fond des océans, des jungles, des replis des intestins, cette beauté inaccessible, perdue pour tout le monde.

Et puis j'ai compris. Binôme ou pas, on se la pète toujours à tort d'être homme. Pas un poissecaille tapi dans la barrière de corail un bout de surfer entre les lèvres qui ne comprenne pas cette chose, la beauté. Il s'agit de dimorphisme sexuel. Il en va de la reproduction sexuée.

En tant que poète de la réalité, je suis pour la reproduction sexuée.



...



Un cahot me réveille.

Maintenant c'est mon binôme qui agite ses mâchoires comme un poisson hors de l'eau. Je ricane à nouveau. Je n'ai pas mis le son mais je sais qu'il vient de me servir une de ses brillantes analyses politiques sur les chômeurs volontaires.

L'air de rien, comme si nous n'étions pas dans la même cage et que ce n'était pas un miracle qu'on ne se soit pas encore écharpés.

À cette minute, l'odeur est sans équivoque : notre guerre civile.

Mais on ne cause pas de binômes, dès lors.

On parle de hamsters.



 

28/03/2017

Gratos XIV

 

...

ensuite

mon

binôme

me raconte

une autre

aventure

con-

cernant

un

objet

tombé

derrière

son

frigo

je

n'ai pas compris

s'il

s'agitait

d'un

portefeuille

ou d'un

plat à tarte

toujours

est-il qu'

Arlette

et lui

durent

déplacer le frigo

non sans

découvrir

un

tapis

de crasse

et de

poussières agglutinées

qu'aussitôt ils

nettoyèrent

à

grands renforts

d'as-

pirateur

et de

détergents industriels

en

tirant une

morale

définitive

sur

les frigos

et la

rapidité

de la

crasse

qui

s'accumule

-

ce

disant

il se

fait

son

sixième feu rouge

de la matinée

et dans

l'habitacle

de mon

cerveau

il est

à peine

7h32

de ce

côté

du monde

mais le

soleil

est levé

depuis

je ne sais combien de temps

le

printemps

a fait

les poches

de mes yeux

soutirant

tout le mystère

-

je

pense

aux

poissons

aux

anémones

aux

coraux –

coraux

qui sont

des

animaux

des êtres

pourvus d'âme

qui

mangent

qui

chient

qui

rêvent peut-être

je

me souviens

que

passée la limite des

coraux

des

merveilles scintillantes

passé

le mystère

retrouvée

la pesanteur

cette

île

est la

pire aberration

économique

de l'Océan

Indien –

mono-

culture

poly-

glottisme

illettrisme

20%

chômage

30%

fonctionnaires

idem

subventions

européennes

je me

souviens

de ces routes

concassées

par les chutes

de pierres

ou

recouvertes

tous les deux

ou trois ans

par les coulées

de lave

et qu'on

reconstruit

qu'on

réhabilite

mordant sur

l'océan

je me

souviens

du taux

d'obésité

des hectolitres

d'insuline

dans des milliers

de seringues

attendant

l'humain

qu'on

gave

d'imports

saturés en

sucre

à base de betterave

produite

en Normandie principalement

et dans

les Hauts-de-France

afin

qu'ils

ne se révoltent pas

comme

moi

comme

mon binôme –

je me

souviens

du sucre

de betterave

au supermarché

deux fois

moins cher

que le sucre

de canne

produit

locale-



(de temps en temps mon

binôme me demande

où c'est que j'ai loué aux

Antilles – car dans

deux ans

il aura fini de payer sa

campagne Arlette

aura ses

trimestres)



- ment mon binôme quant à lui

vit assez bien la

situation/

son foie :

à la Banque Populaire

son cœur :

chez Century 21

ses poumons :

chez un concessionnaire Renault

son rêve :

dans le magasin d'un revendeur

de motos

de l'avenue de Saxe

son crachat :

éternellement pour un

système qui

économiquement

le rend

possible –

car il

a le don du

langage créateur

il

est au centre de tout

c'est

son leitmotiv

il dit

c'est quand même nous la moelle épinière

il

assume parfaitement d'être

par

la vertu magique

de son

langage

le seul

l'unique

travailleur véritable

de ce nid

de feignasses le

détenteur de l'art

de vivre

avec

ses vingt ans de crédit

ses

deux bagnoles

son

anesthésie télévisuelle

pour

tout le temps passé

à

ne pas rembourser –

économiquement mon

binôme

est comme

ce sage

attendant la mort sur

sa montagne : ne veut

rien

n'espère

rien

a tout

pigé

mais laisse

aux jeunes générations le

soin de refaire le

chemin

afin de communier dans

son monde

parfait

clos sur lui-même

où rien ne sort

ni

ne rentre

qui soit de l'ordre de

la pensée



un monde qui

à force d'être

ressassé finit par

s'incarner

comme un

ongle

qui

à chaque

pas me procure

non une

douleur

mais une

gêne bien

réelle – ce qui

fait de mon binôme

à

sa manière et pour

moi seul un

poète.