19/02/2017
Gratos VII
comme ça, gratos : au
fond tout au fond, là où
ta laborieuse sieste
suante
liquoreuse
rigide t'a conduit,
les merveilles carnivores
attendent ta peau
graisseuse.
vieille de corail, mérou faraud, écureuil grande-mâchoire :
salopes d'hypocrites assassins,
et la murène -
faux-culs, ses airs
de concierge sous l'occupation -
les vagues hypocritement baladent leurs reflets de trésors changeants
alors que depuis 150 millions d'années ici : RAS
ici tout miracle est d'une prétention terrible
car prévu pour l'éternité -
ÎLES -
SOLEIL -
LA NATURE À TOUS CRINS -
ET DU RHUM AGRICOLE -
mais
c'est en traversant cette vie de tunnel
qu'on trouve au
fond tout au fond,
tout ensuqué qu'on est
le rêve
le quinté dans l'ordre
........
à quoi ressemble la gueule de Jean-Claude
un rhum arrangé à la main et
150 millions d'années de corail devant lui ?
à un paradoxe :
à 150 millions de rêves crevés d'un coup d'aiguille.
Jean-Claude
jour de gloire ou pas au PMU
aura toujours besoin de mon binôme
et mon binôme
de Jean-Claude - et eux deux
de leur coude. de la pile de palettes. de l'eczéma.
des câbles dénudés
de la cafetière.
On ne sait pas si Jean-Claude et mon binôme pensent
chevaux
on ne sait pas s'ils palpitent quinté
s'ils bandent derby
dans l'intimité sacrée des slips -
en revanche on sait qu'ils disent quinté chevaux derby
Euromillion crédit à la conso et petite maison dans le sud avec piscine.
peut-être que mon binôme en a marre de jouer mon binôme
et Jean-Claude marre de jouer Jean-Claude.
peut-être se détestent-ils ainsi déguisés et l'autre en eux-mêmes, le déguisement.
mais ils existent. ils ont poids densité prénoms. il faut bien justifier tout ça et au quotidien. à partir d'un certain âge : faire simple.
car il semble (vu d'ici) que c'est trop tard pour réfléchir.
campé chacun d'un coté de la palissade pourrie de la cinquantaine
ils peuvent tous deux s'y hisser quelques secondes
pour détester l'autre côté,
le cas échéant.
quoi qu'ils y trouvent, il y a tout ce dont on peut rêver - exception faite :
des cent mille vies possibles de leurs vingt piges fossilisées.
alors ils font :
Jean-Claude.
mon binôme.
Amen.
Que le Dieu de l'espérance te donne en plénitude la paix par la foi.
Chevaux.
Gras.
Quinté.
Et le reste du monde ?
Dans la bouche.
14:01 Publié dans Bouts de peau, Gratos | Tags : quinté dans l'ordre, poissons, besoin de mon binôme | Lien permanent | Commentaires (0)
17/02/2017
Gratos VI
au fond tout au fond
où le turquoise avale toute couleur
et la recrache en fantasmagorie
au fond tout au fond
là où l'oxygène se change en méthane
là où la pression n'est pas un vain mot
là si nos cœurs sont solides
si nous pouvons suivre la ligne droite
si le silence ne nous effraie pas
alors
on est ouvert à la découverte
la banquise : surpoids
les pôles : sudation
entrer dans le spongieux
faire des pointes de ballerine dans l'ascenseur
et sourire
Jean-Claude passe
vingt ans de Ville
l'aventure pas lavée
gilet et transpalette
les doigts glissent
comme s'il ne voulait pas adhérer au poème
mais celui qui ne mérite pas un poème de moi n'est pas encore né alors
j'agrippe l'absence
comme une pellicule graisseuse
Jean-Claude passe
c'est son métier
si Jean-Claude disparaît
c'est que Jean-Claude va revenir
son transpalette c'est son chien
son ami
sa femme
il est complet Jean-Claude
mais il y aura toujours un moment où il aura besoin de mon binôme
pour les vérités fondamentales
la planque, c'est les autres
le quinté même dans le désordre
vous requinque un conquérant
mise tout sur un bourrin
et embrasse le soleil
ça et les blagues
approximatives et rouges cent vingt kilos comme lui et sudation excessive
mais pas tellement plus que celle de Lacan
c'est une expérience exigeante mais depuis que je suis ici
j'ai appris à tout encaisser avec un sourire
à part ça le soir sa mère dans la soupière et retaper la vieille DS de papa
et quand il s'ennuie
des fois un tour en voiture jusqu'au Lidl de Saint-Fons
au fond tout au fond
il y a une épaisseur de la solitude que tu ne connais pas si tu n'as pas été un Noir dans un commissariat
ou si tu n'as pas été Jean-Claude
tout s'abolit
les faux plafs gouttent
on entre dans la non-temporalité
celle dont causent les bouddhistes
les chevaux en ont marre de manger tous seuls
les chevaux en ont marre de mourir tous seuls
le reste du temps
il n'a pas le temps
alors il s'en va laissant un murmure dans la bouche de mon binôme
c'est vrai que Jean-Claude est radin
et qu'on l'a vu porter un truc tous les 29 février
mais j'aimerais parfois être une prostituée ukrainienne
belle jeune fraîche comme un poulain de deux ans
et courir tout Jean-Claude en pôle position
jusqu'à la ligne d'arrivée
et me la péter ensuite
belle
jeune
fraîche
et par-dessus tout
une vraie chrétienne
06:14 Publié dans Gratos | Tags : jean-claude, temporalité abolie, lidl de saint-fons | Lien permanent | Commentaires (0)
12/02/2017
Gratos V
...
vers 2007-2008
j'ai renoncé au malheur
à la déprime
et à l'angoisse
je trouve
que c'est une faute de goût
je ne comprends pas
comment encore en 2017
on peut
perdre son boulot
se faire rétamer la gueule par un éboulement de crédits à la conso
partir en dépression
se souvenir soudain de la bite de son oncle
ou faire des fausses-couches.
aussi moi
j'aime un peu tout
par exemple
j'aime bien travailler
car je
m'intéresse au travail
ça ne veut pas dire
que je m'intéresse à mon travail
mais que j'aime découvrir les coulisses
les coins à rouille et à moisissures
non destinés au public
le matériel vétuste
les gars qui se lavent après le boulot
je trouve ça distrayant
exotique
drôle
je trouve
que le dernier des agents d'entretien salafistes qui embauche à deux heures du matin
l'ultime appariteur diabétique qui vit avec sa mère
le plus riquiqui des agents de sécu couperosé obsédé sexuel
mérite qu'on lui écrive un livre
seulement
on ne peut pas tout le temps s'amuser dans la vie
à un moment
il faut apprendre le russe
relire les passages soulignés au crayon dans les deux Bertin
voir ce qu'il y a à piquer
répondre au mail d'Ivar
partir se cramer le cul
dans l'Océan Indien
...
06:00 Publié dans Bouts de peau, Gratos | Tags : tout aimer, s'intéresser au travail, les choses sérieuses | Lien permanent | Commentaires (2)