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28/11/2018

Realpoetik #15 est en ligne... et dans le monde Diplo

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Cher monde cruel,

 

Tout ça ne doit pas nous faire oublier que la Realpoésie bouge encore.

Avec ce coup-ci :

Jindra Kratochvil,

Antoine Brea,

Melchior Liboà,

Arno Vogelsang

et ma pomme (lisant un gros livre d'Anne Kawala),

le tout magnifiquement mexicainement baroquement illustré par Anabel Serna Montoya.

 

Note que la revue s'invite ce mois-ci dans les colonnes du Monde diplomatique, sous les plumes de Sophie Eustache et Anne-Laure Lemancel.

Qui causent aussi de nos confrères de Muscle, Revu, Pli, La Terrasse, autant dire que tu y croiseras les camarades Drouet, Vazquez, Calleja, et un tas de gens sympa.

Extrait :

"Venant enrichir un paysage composé d’une centaine de publications, portées par le désir de faire entendre ce que l’édition en place accueille bien peu (0,3 % du chiffre d’affaires des ventes de livres en 2017), une dizaine de revues de poésie ont été fondées ces cinq dernières années. Parmi elles, Muscle, Revu, Pli, La Terrasse, Realpoetik (en ligne).

Elles partagent un mode de fabrication artisanal, à base de débrouille et de bricolage."

Avec en prime un extrait d'Antoine Mouton, tout droit sorti de REAL#14.

 

La bise.

 

27/11/2018

Esprit Poupou

 

Cher monde cruel,

Le Prix Eugène Dabit du roman Populiste 2018 a été décerné à Estelle-Sarah Bulle pour son roman Là où les chiens aboient par la queue.

Félicitations à elle.

C'est l'occasion de constater qu'encore une fois, l'esprit de Raymond Poulidor est en moi, comme un loa protecteur - l'occasion aussi de rappeler :

Que mon roman La Rude de la soif, en 2008, avait fait 2è au Prix du 1er roman Léopold Sedar Senghor -

comme Poupou au Tour de France 1964 ;

que mon recueil de poésies D'Origine, en 2015, avait fait 2è au prix René Leynaud -

comme Poupou au Tour de France 1974 ;

que mon recueil de poésies De gras et de nerf, en 2018, a fait 3è au prix René Leynaud -

comme Poupou au Tour de France 1976 ;

et maintenant c'est mon roman Fast-food qui dévisse dans l'étape de montagne.

Et qui oublie carrément un tour, comme Poupou à Monaco en 1964.

C'est la vie.

Je remercie chaleureusement mes entraîneurs et mes sponsors.

Je suis en vie.

Je n'ai pas dit mon dernier mot.

Poupou non plus.

 

 

23/11/2018

Tentative de poème du 23 novembre - tombstone

En allant récupérer le petit entre les bouts de gâteau écrasés et les restes écorchés de la piñata, j'ai tout de suite vu que l'autre enculé avait jugé bon de faire trôner un agrandissement d'une photo de Dylan dans son salon - la photo mythique de D.A. Pennebaker, prise pendant l'enregistrement de Blonde on blonde, où il boude et joue de la basse.

Ni une ni deux, j'ai dégainé mon t-shirt, celui avec la photo de Leonard Cohen - Leonard Cohen par Michael Putland, riant dans une chambre d'hôtel, fumant pieds nus en 1974, c'est à dire l'année de New skin for the old ceremony. Na.

Alors l'autre enculé a saisi l'objet qui était sous la photo : une magnifique guitare d'époque, une Martin D-28, une vraie de vraie. Il m'a regardé, j'ai fait semblant d'engueuler le petit à cause de cette chaussure perdue, et il a gratté un semblant de mi, l'air de ne pas y toucher.

N'écoutant que mon désir de sauver ce qui me restait de face, quitte à la lui envoyer dans la gueule par courrier suivi, j'ai saisi ma Stratocaster de 1959.

Vous direz ce que vous voudrez des Stratocasters : c'est comme un couteau suisse, ou un bocal de condiments indiens. Ça sert à tout. Surtout quand ça commence à avoir un peu de bouteille. Que le vernis est légèrement écaillé par endroits - c'est ce que je me disais, mais voilà que l'autre enculé se met à gratter : l'intro de "Tombstone blues", rien que ça.

Et moi, sans perdre une seconde, de prendre la partie solo - un beau son clair, allant vers le crunch au coup de médiator, impec.

Mais l'autre se met à chanter : voix grave, un peu éraillée, pile ce qu'il fallait pour attraper la chanson et en faire sa chose, sans essayer de concurrencer le maître sur son propre terrain. Il le faisait en plein conscience de l'effet à produire, comme si on était sur une plage, près d'un feu, entourés de lycéennes non-épilées à moitié ivres - il ne se doutait pas que j'allais choper l'harmonie à la tierce, à mi-couplet, et faire le job mieux que sur le disque.

À ce moment-là la chanson a commencé à sembler plus vieille qu'elle n'était : un pur produit du folk américain, venu d'Europe en fraude, passée des champs de patates aux hectares de caillasses des Appalaches via des bateaux moisis, des poches d'immigrants troués, des gorges de hobos enduites d'alcool de maïs frelaté, des couloirs d'usines vétustes. À ce moment-là aussi les enfants ont arrêté leur bordel dans le couloir qui menait au jardin, et pas seulement les enfants : les parents s'y sont mis, suant comme quand on reste cinq minutes sans enlever son manteau, comme on se cherche une place sur le sofa entre les emballages de cadeaux déchirés et les assiettes en carton - et comme ça arrive parfois, certains ont commencé à danser - et comme ça arrive parfois, à taper dans leurs mains - et pour ceux qui savaient, à siffler.

Nous ne faisions pas attention à eux. C'était trop facile. Et ce n'était pas ce qui nous intéressait.

Ce qui nous intéressait, lui et moi, c'était de se regarder méchamment dans les yeux, pour voir qui de nous deux allait craquer le premier.

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Dix ans et des millions d'albums vendus, aucune de nous deux n'avait lâché un pouce de terrain.