Tentative de poème du 20 novembre - illustre

il avait envoyé un poème à ce poète illustre

à ce poète qu'il trouvait et trouve toujours illustre

quelques jours plus tard le poète lui envoya par courrier

électronique ses félicitations - c'était disait-il

un poème bien gros bien compact et moulé

pendant quelques jours ses pieds ne touchèrent plus terre

pendant quelques nuits agitées aussi. puis ils se rendit compte

que les adjectifs employés par le poète illustre

étaient parfaits pour qualifier un étron :

un étron fier, décidé, libérateur.

le genre d'étron qu'on regarde intensément avant de tirer la chasse

dont on parle longtemps dans les repas de famille.

avec reconnaissance. avec nostalgie.

ce jour-là l'expression écrire avec ses tripes prit pour lui un sens nouveau et féérique.

 

Tentative de poème du 17 novembre - rouler des pelles

voici ce que je voulais te dire à propos de rouler des pelles :

à un certain stade de la fatigue sur les réseaux sociaux

particulièrement après un ou deux godets de vin dans le cornet

tout prend une texture molle et cotonneuse :

le bleu vire

soudain au marron

l'oiseau ne chante plus il

cherche une solution à ses problèmes de transit.

 

derrière son derrière chacun aimanté par sa propre lumière

nous ne faisons rien d'autre que ce que font les hommes les plus puissants de la planète -

et pendant ce temps-là

chacune de nos langues reste dans sa propre bouche

haineuse

sûre de son droit

s'énervant autour d'une saloperie de confiserie absente

 

Sur le génie

Beaucoup de mes potes sont des génies.

D'autres, des gens extrêmement talentueux ;

d'autres encore, des gens comme vous et moi.

 

Ça ne veut pas dire que leur manière d'écrire de la poésie,

de faire rire une salle de pause

d'attaquer une choucroute ou d'allumer une cigarette

soit moins précieuse -

ça veut dire que pour s'installer dans ma journée

ils doivent marner un peu plus que les autres.

 

Et ce n'est pas grave.

Quelquefois on a besoin de non-génie.