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29/01/2015

D'origine

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Après les fêtes, après les meurtres, après les soldes, après les opérations du cœur et les pseudo-polémiques zemmouro-houellebecquiennes, fallait bien essayer de relever la tête avec un peu de poésie. Ces jours-ci paraît donc D'origine, mon nouveau recueil de poésie parue dans la collection poésie du Pédalo ivre, dirigée par Frédérick Houdaer.

Première réaction à chaud, de François-Xavier Farine, que je remercie au passage :

Il s'agit de poèmes-slogans de poèmes-revendications de poèmes de révoltes tous azimuts, de poèmes qui gueulent au mégaphone de l'être, qui empoignent la liberté, toutes les libertés et toutes les injustices à bras-le-corps, de poèmes-performances aussi, de ceux qui n'ont pas non plus la tête pleine d'eau mais de poèmes qui s'appuient, au contraire, sur la réalité quotidienne (la plus « triviale », la plus ordinaire, en tout cas) - avec laquelle il faut sans cesse batailler - pour exister coûte que coûte, de poèmes vitaux donc, de poèmes de survie et de combat.

D'origine est commandable ici

...

 

il y a sûrement une guerre quelque part

 

ailleurs on relève les cadavres deux jours après le séisme

 

ailleurs encore il y a ce truc avec l'eau contaminée

 

et des enfants bizarres naissent aux abords d'une usine de teinturerie tatare

 

pendant ce temps-là

 

j'engraisse

 

j'engraisse

 

j'engraisse et les deux bourrelets qui paissent de chaque côté de moi

 

commencent à vivre leur vie propre

 

 

 

enfin

 

il aura fallu que j'ai quelque chose à dire sur les banlieues pavillonnaires

 

même si je préférais

 

- t'en souviens-tu ? -

 

avoir des trucs à dire sur le fait de baiser dans des monuments classés patrimoine UNESCO


...

 

 

PS : En même temps et chez le même éditeur paraît La Vie est trop vraie de Simon Allonneau. Bien que je ne fasse généralement pas de critique ici, je vous donnerai très prochainement des nouvelles de ce livre, tellement il m'a retourné le cerveau. D'ici là, , à la vôtre.

28/01/2015

A l'Yve B, l'homme qui s'écoutait couler

(je pense à mon pote qui est en train de respirer en ce moment même        quand je dis respirer je veux dire VRAIMENT RESPIRER pas par habitude comme ça par conformisme et pour ne pas se poser de questions         pas parce qu'on fait ça depuis l'enfance et que papa maman papy mamie ont fait ça sous les Républiques 3 & 4  et même un peu l'État Français

mais par          AMOUR — je pense à mon pote

                                                          qui a besoin de tout l'amour qu'il peut contenir pour faire cet effort-là

                                                      qui écoute son sang couler entre ses bronches entre ses tempes & dans ses bras

pas comme on prend conscience une demi-seconde de son élément liquide quand on a failli rater le bus

mais comme quand le bruit du ruisseau monte & se met à secréter des violons dans une comédie romantique

juste avant la scène du baiser

                                              je pense

à mon pote qui bat des tempes

qui se colmate

mais qui n'a pas fini de se colmater

qui fuit un peu qui déborde et qui crache

comme s'il en avait trop

comme s'il en avait à refiler aux Kurdes aux Syriens aux p'tits gars de la Palestine ohé ohé

qui n'en voudraient sans doute pas, de son sang

de son sang qui a cogné à une valve de porc

qui manque de globules rouges mais qui a le mérite de couler encore

           je pense

à mon pote qui savoure l'air l'eau le sang et le plafond de l'hôpital

même s'il est vacillant comme un mauvais réveil de sieste

et je pense à mon air

à mon eau

à mon sang

j'y ajoute juste ce qu'il faut de caféine et de nicotine

pour que nos airs eaux sangs à mon pote et à moi

soient une petite fête)

 

 

26/01/2015

C'est maintenant ou jamais après les gens meurent

poètes ou députés de la troisième

les gens sont morts en général

il dit

vous pouvez regarder les noms des rues

de celle des Abattoirs au cours Émile Zola

c'est toujours comme ça

alors j'ai pensé

(il y avait pensé mais il se grattait la tête en le disant)

que j'allais prévenir les gens quand j'apprendrais que quelqu'un est vivant

pour l'instant j'ai les Pages Blanches

je prends dans l'ordre j'appelle

et si la personne répond je monte sur les tréteaux et je le crie bien fort

non merci non merci je n'ai besoin de rien

c'est gentil

c'est gentil mais si vous pouviez me laisser maintenant

on discute on discute et au bout d'un moment

les gens sont morts