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28/02/2014

Des yeux derrière les oreilles

Le problème, ce n'est pas qu'un moteur de recherche très connu ait été le premier à penser à ton anniversaire.

Le problème, ce n'est pas que des vitres teintées se mettent à te suivre dès que, mains dans les poches, tu te mets à rêvasser un peu sérieusement.

Le problème, ce n'est pas qu'une caméra de surveillance ait été la boule de gui qui bénit votre premier baiser.

Ni que ce jour-là justement, tu aies eu l'idée du siècle, l'idée de génie qui t'aurait fait adouber des universités américaines,

section weird & frenchitude,

et que tu n'avais pas le petit bout d'un carnet sur toi.

 

Le problème,

c'est que ton corps est devenu ce cahier de brouillon géant

accessible sur tous les PC/smartphones/tablettes du monde,

que tu ne le reconnais plus,

et que personne n'a su te dire si on a l'air intelligent, comme ça,

à mondialiser

un murmure.

 

26/02/2014

L'Homme qui passe

Depuis que je fréquente la bibliothèque municipale de L..., je croise constamment un homme au crâne rasé, âgé de soixante à quatre-vingts ans, qui porte un blazer bleu à boutons dorés avec une cravate rouge. Il sort de la salle littérature et se dirige vers l'escalier, il passe devant la photocopieuse, il émerge de l'espace d'expositions, mais, sans exception :

1) il marche ; 

2) il n'a dresse la parole à personne ;

3) il porte blazer et cravate rouge, qu'il fasse moins cinq ou quarante degrés ;

4) il ne porte ni sac ni serviette.

D'une manière générale, il ne porte jamais l'air du dehors. Jamais humide en novembre. Jamais suant en août. Jamais d'oeil injecté quand les jours raccourcissent. Jamais de vapeur au plus fort de décembre.

Au point que je me suis demandé parfois s'il n'était pas une émanation de mon délire schizoïde, mais non, mes collègues le voient aussi bien que moi. Pourtant, personne ne sait quoi que ce soit de précis à son sujet.

Il m'est aussi arrivé de le croiser ailleurs - dans le quartier de la gare, entre l'arrêt de tram et les entrepôts de la SNCF, près de la place Saint-Paul, devant le terrain vague de la rue S... G... -partout, il marche, n'adresse la parole à personne, ne porte ni sac, etc.

Cet homme me passionne.

En dix ans, il n'a pas vieilli. Le crâne rasé y est peut-être pour beaucoup, mais ça ne suffit pas à expliquer pourquoi aucun de ses costumes n'a jamais réussi à se froisser, sa démarche à s'affaisser, ni comment il arrive à être imperméable à ce point-là à tout ce qui l'entoure. 

Ou c'est Dieu, ou c'est ma conscience.

D'ailleurs, il a l'air absolument odieux.

 

25/02/2014

De l'azur dans un tas de cailloux (suite de la note précédente)

Je n'ai pas cette capacité. N'insistez pas.

Moi, je vois un tas de cailloux, je tape dessus.

Pas avec de la poésie. Avec une masse.

Les éclats rebondissent, des fois ça me fait saigner une paupière.

Et je m'y mets alors avec une rage accrue.

C'est dur, les cailloux.

Et les lunettes de protection glissent.

Et ce n'est pas pour l'amour de l'art.

C'est pour 9 euros 39 de l'heure.

Et on m'a dit qu'il y avait de l'or dessous.

N'insistez pas. On m'a dit qu'il y avait de l'or.