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30/01/2014

Pour en finir avec un débat sur la place de l'âme et du coeur en poésie

amour — infarctus

enthousiasme — dépression nerveuse

vous devriez faire une demi-heure de marche par jour

doutes sur les fins dernières — anxiolytiques 

pressant pressentiment — hypertension

combien avez-vous dit que vous fumiez déjà

 

allons docteur

faites pas l'enfant

ce n'est qu'un tisonnier 

ce n'est jamais qu'un 

mauvais moment à passer

et rappelez-vous

ça ne fait pas mal 

je vous dis que ça ne fait pas mal

 

27/01/2014

Lendemain de lecture

il y a les courbatures

il y a le mal de tête

il y a le tapis de feuilles froissées sur la table du salon

et je vais me tordre sous le robinet pour ne pas avoir à laver un verre

 

qu'est-ce que tu dirais si j'ajoutais

que je n'ai pas dormi de la nuit

JUSTEMENT parce que tout était féérique

que l'énergie semblait inépuisable

et qu'elle circulait entre nous tous comme si

elle avait passé toutes ses vacances dans nos poumons

depuis l'âge de cinq ans

 

qu'est-ce que tu dirais si je te secouais

que je te sortais de ton rêve de Brad Pitt et de la plage déserte

pour te raconter encore une fois

que je panique

que ce pouvait très bien être la dernière

que je n'ai plus la moindre idée sur rien

que je n'ai plus de mélodie en stock

 

mon boulot consiste principalement

à me cogner la tête à un mur plusieurs fois par semaine

à savoir que c'est impossible

et à y aller quand même

 

pourtant

il doit y avoir quelques compensations 

 

la preuve

je suis encore vivant pour en parler

 

24/01/2014

Cher monde cruel (opus 748 210)

Cher monde cruel,

 

Tu as gagné. Je me rends. Tu avais raison sur toute la ligne. Et tu as tellement bien réussi à faire ce moi ce que tu voulais sur ce coup-là, que je n'ai rien d'autre à faire que de te tirer mon chapeau et d'aller me pinter à la 8.6 pour oublier ça.

Pourtant, tout aurait pu se passer comme d'habitude. Si tu n'avais pas fait pousser ce vieux entre ma poussette et les portes automatiques du métro C, et si ce vieux n'avais pas essayé de prouver son existence au monde d'une façon que j'ai jugée offensante pour moi et pour le passager de ma poussette.

Je ne reproduirai pas ici le genre d'échange qui s'en est suivi, mais une question demeure : comment continuer à être un poète après ça, bordel ?

Comment se faire une existence décente parmi les milliards de petits démons tapis dans l'ombre, et dont le seul but est apparemment de nous transformer en connards à la première occasion ?

Et comment en parler sans tomber dans bénabarisation généralisée ?

Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Si je dis "démons", c'est qu'il y a de la magie noire là-dedans. Parce que la transformation est trop instantanée. Parce que ça a trop d'empire sur nous, parce que ça bouffe trop de journées de destins de sentiments et d'années d'espérance de vie pour que ça ne soit pas le mauvais oeil.

C'est trop de petitesse même pour nos dimanches de gueule de bois.

Au moins, les vrais salauds, les vrais dingues, ceux qui brûlent des livres, bombardent des villes, déportent des individus comme s'ils s'agissait de vulgaires peuples, ceux aussi qui polluent les fleuves et qui se barrent en Suisse avec l'argent du pétrole, ont sans doute des gestes d'une certaine ampleur.

Mais les innombrables petits enculés qui nous hantent le corps et nous rendent persuadés d'avoir RAISON ???...

Ça fait froid dans le dos.

Je vais te dire un truc : Je ne sais pas si Hercule, Jean Moulin ou Bernard Lavilliers auraient résisté à des saloperies pareilles.

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Sinon, au cas où tu n'aies rien à faire ce samedi 25 janvier au soir, n'oublie pas la petite sauterie de Caluire.

On s'y verra, et je me ferai au plaisir de te dire ma façon de penser.

En attendant, je te souhaite une bonne nuit, moi je vais me trouver un exorciste et me mettre au lit.

Vanné, je te dis.