18/08/2023
ET PUIS UN JOUR UN BOUQUIN T’AGRIPPE SANS QUE TU AIES RIEN DEMANDÉ –
Ces bouquins – les bouquins de développement personnel – sont partout. Sur les présentoirs des libraires. Au supermarché. Dans les stations-service. OK. Mais ils ont déjà envahi ton foyer : rebord de l’étagère. Table de nuit. Dans la boîte d’échanges de bouquins de la MJC où les gens laissent les ordures qu’ils ont la flemme d’amener au recyclage. Même à l’affut par-dessus ton épaule, à l’heure où tu écris. Ils attendent leur heure, ils savent bien qu’un jour tu.
Lorsqu’un bouquin te guette comme ça sur la table de nuit il y a beaucoup plus de chances que ce soit un bouquin de développement personnel qu’un bouquin de poésie contemporaine.
Fatidique. Statistique. Tu es le premier à regretter. C’est comme ça : un jour tu en ouvres un.
Tu trouves pas ce que tu cherches ou alors pas exactement alors un livre en entraîne un autre et puis un autre et puis un autre. C’est comme une bobine, tu tires un fil des kilomètres d’autres fils s’amènent de plus en plus embrouillés de plus en plus empoussiérés.
Et c’est là que ça commence – sans filet, sans doublure – tu te lances, tu plonges. Tu feras ça sérieux.
C’est ta vie que tu mets en jeu. Ce serait dangereux pour tout le monde qu’on oublie ça.
(Insomnie.)
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30/07/2023
TOUS CES MOTS SONT MAGNIFIQUE D’AUTRES TE GÊNENT BEAUCOUP PLUS –
Gourou. Maître. Instructeur. Guide. Initié. Lama.
Ça sent l’influence à plein nez, l’emprise, l’abus – de belles choses à vivre certes comme toutes les choses du monde qui sont à vivre, mais que tu pressens réclamant du temps. De la thune. Une pleine implication un engagement sans faille comme tout ce qui vaut le coup.
Qu’est-ce que tu foutrais de ça avec ton bonheur ton manque de sommeil tes factures de cantines ?
Et puis tu as été sur internet, tu as traîné les librairies tu as même fréquenté un peu et tu as vu : des visages. Avec de ces putains de sourires bienveillants – que c’en est insupportable. Ils vont pas le prendre mal, non. Ils en ont vu des sceptiques comme toi, ils pardonnent. Ils sont au-dessus de ça. Ils seront toujours là si un jour tu as besoin.
Putain que leurs sourires sont sereins. Ils donnent envie de faire confiance. À eux, à l’écrit et à la transmission de la sagesse, à la vie. Enculés.
Des sourires pour couvertures. Pour couvertures de bouquins. De développement personnel. Aux millions d’exemplaires vendus.
Pas ton genre de littérature. Définitivement pas ton genre de littérature.
(Tremblote.)
09:01 Publié dans Spi, développement perso | Lien permanent | Commentaires (0)
29/07/2023
DES AMIS DES FRÈRES DES SOEURS DES CAMARADES –
ont bien sûr défriché la Voie. Tu rencontres toujours une amie un frangin un collègue. Qui pratique la méditation. Qui a tâté de l’ayahuasca en Ardèche. Qui s’est fait tirer les cartes par le fameux. Qui jeûne une semaine ou deux. Que le yoga le qi gong ont changé sa vie. Qui suite une formation de. Qui trouve que la San Pedro c’est mieux.
Mais les expériences des autres sont les expériences des autres – incommunicables. Tu le sais toi tu es poète, tu commences aussi à cotiser à la SECU à ce titre.
Et puis tu n’as pas que ça à foutre. Parce que pour tout ça il faut trois choses : du temps. De l’amour. De l’espace. Et une quatrième : de la thune. Toi – entre SDF secrétaire d’État – ton temps ta thune ton amour ton espace sont occupés par ton boulot ta femme tes gosses. C’est ça ta spiritualité : une machine à étendre. Une facture de cantine. Un putain de canapé. Un jeudi soir devant la une. Un dos qui commence à dérouiller mais ça va.
Ce qu’on appelle le bonheur, en gros. Qu’est-ce que t’irais chercher de plus.
(Aigreurs.)
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