ON T’AURAIT DIT IL Y A QUELQUES ANNÉES QUE TU T’ENGAGERAIS DANS UN TRUC PAREIL

Tu te serais bien marré. Ayant toujours considéré d’un œil circonspect pour ne pas dire caustique. Les cargaisons de bouquins de sagesse qui se déversaient à flot continu sur les tables des librairies. Les présentoirs des supermarchés. Les étals des stations-service. Les tables de nuit innocentes. 

Pourquoi développement d’abord ? Pourquoi personnel ? Quel intérêt a le monde à ce que tu sois plus, a fortiori plus toi, en quel honneur il faudrait que tma personne, en admettant qu’un tel truc existe, se développe engraisse s’élargisse prospère s’étende aille au bout du bout de son potentiel, en admettant que quelque chose comme un potentiel existe ? 

Et puis. Tu étais comme tout le monde : tu as cru que ça tiendrait la route. Ça faisait des années que ça tenait. 

Ça : la vie. Le bordel.

La souffrance le malheur tu étais contre. C’est-à-dire. En tant que poète. Tu en as bien bouffé des clichés sur la souffrance des artistes. Le sublime sacré intouchable de la souffrance des artistes. Toi en tant que poète tu avais pour principe d’être le type de base : vivre travailler manger chier procréer. Comme tout le monde. 

Tout le monde : tout ce qui se trouve entre SDF et secrétaire d’état.

(Démangeaisons.)

JC, Bruce, petites villes...

 

Que reste-t-il quand le corps de Bruce Lee est inutilisable depuis le 20 juillet 1973, que c’est la province terne et le milieu des années 1990 ?  

La réponse tient en quatre lettres : JCVD. Jean-Claude Van Vaerenbergh. Né le 18 octobre 1960 à Berchem-Sainte-Agathe, commune de Bruxelles, Belgique. Connu de Los Angeles à Grozny sous le nom de Jean-Claude Van Damme.

JCVD, seule star du film de baston francophone. Avec ce quelque chose de provincial des Belges, cet accent pas possible dans un corps Grèce antique ascendant Malibu. Avec ça cet enthousiasme qui serait le nôtre si on était à sa place, cet air de toujours pas en revenir d’être une superstar au corps inoubliable, touchant comme un gamin qui découvre sa bite. 

Là est la clé : les grands écarts servent à que dalle en combat rapproché – et avec des pectoraux pareils essaie de faire partir un poing furtif. 

Le corps de JCVD n’est pas un corps de combattant : c’est un corps de culturiste. Comme celui de Bruce Lee.

Mais JCVD mais Bruce Lee ne sont pas pour le combat rapproché, ils sont pour la foi. 

Pour la foi de millions de gamins dans des dojos de petites villes.

Amour

 

je vous ferai ça comme des lettres d’amour à la con

car l’amour se doit lui aussi d’être un peu con

bien sûr ce sera lucratif

et bien sûr

tout ça finira sans nom d’auteur

sur le net et dans des bouquins

de management

de merde