18/10/2015
Pendez les accordéonistes !
cher accordéoniste qui joues le dimanche aux heures de marché sur la place Saint-Louis
je t'emmerde
je te balance toutes les malédictions qu'a pu inventer mon arrière-grand-mère
je fabrique une poupée à ton effigie et je la larde d'impayés du Trésor Public
ça ne suffit pas que tu donnes à cette place un aspect encore plus bobo que d'habitude
(appelle-moi bobo : je fais le marché une fois de temps en temps
ça me permet de fumer ma clope en faisant mes courses)
il faut aussi que tu nous ramènes Tiersen
Tiersen c'est − avec Manu Chao −
l'enfoiré qui a ruiné mes quinze ans
qui a fait de la fin des années 90 et du début des années 2000
une période invivable
mais tu vois
c'était aussi mes quinze ans
alors quand tu ressors tes BO de bluettes montmartroises en toc
c'est le dégel
c'est comme si tu me retournais la peau pour la faire sécher de l'intérieur
cher accordéoniste qui joues le dimanche aux heures de marché sur la place Saint-Louis
pour ton information
j'ai déjà horreur de la nostalgie
mais s'il y a une chose dont j'ai encore plus horreur
c'est qu'on me la confisque
ma nostalgie
qu'on me la sorte du ventre et qu'on la fasse puer à la face de tous les passants
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devant les gosses en plus
22:23 Publié dans Gueules de bois, Musique | Tags : accordéon, bobo, amélie poulain, malédiction-minute, tiersen, manu chao | Lien permanent | Commentaires (0)
02/07/2015
Improvisation sur Morrison Hôtel
je veux bien que tu viennes seule
je veux bien que tu me dises ce que tu penses de ma petite chanson
la voix les paroles le grain la tessiture le placement rythmique
la mélodie - ça, tu sais déjà où je me la carre
c'est pas ça qui nous fera éclater dans le soleil
d'ailleurs un soleil déchiqueté c'est quoi exactement
une sorte de salade façon Big Mac en lumière pure
une Méditerranée qui se fait chier en vaguelettes gréco-latines
ou juste
ce que je vois du monde à travers tes cheveux
dénoués
?
07:00 Publié dans Bouts de peau, Musique | Tags : impro, the doors, soleil, chanson, big mac, méditerranée, waiting for the sun | Lien permanent | Commentaires (0)
03/06/2015
Thelonious
Photo : W Eugene Smith
En général ça commence bien.
Puis tes notes se maravent. Puis ton rythme a la goutte.
Toujours la sixte diminuée pour contrarier.
Paie ta montée chromatique.
Saigne des doigts et de la tête.
Ça bloque. Appelle la société.
Depuis ta botte, je pisse rose. C'est un rose doux et triste sous ses airs excentriques.
Exactement comme toi.
Et il collectionne les chapeaux. Exactement comme toi.
Mais depuis ton chapeau, j'ai pris de l'assise et de l'audace,
Et je déclare que ceux qui à cinquante ans n'ont pas tes rides sur le visage,
Gravées façon vinyle,
Et ton surpoids et ton tournis,
Ceux qui n'ont pas déjà bazardé quarante ans d'épargne
Pour des promesses en vrai vent,
Son mal barrés.
Mais on peut toujours se refaire.
Moi, par exemple, depuis toi,
Je déclare.
Toujours toutes les conneries qui me passent par la tête — les premières
Étant les plus fraîches — les dernières, les plus électriques.
C'est pas un truc. C'est une éthique.
Quand tu joues,
Je pense des trucs sur la société.
Je pourrais sauver le monde.
Je pourrais expérimenter dans le suicide collectif.
Je pense tout et son contraire,
Mais j'en suis sûr : je pense.
C'est le moment où tu te lèves et te mets à tourner sur toi-même.
Paraît que tu fais flipper dans ces moments-là.
Moi je m'en fous.
Même si je sais qu'il faudra le payer de dix ans de silence,
Je danse.
13:40 Publié dans Musique | Tags : thélonious monk, improvisation, schizophrénie, penser des trucs sur la société, depuis ta botte | Lien permanent | Commentaires (0)