02/04/2016
Nous, président (extrait #2)
Faut gérer l'économie
faut gérer la beauté
faut que tout soit fait
avec la même indifférence
le même pragmatisme
faut s'assurer que l'action soit suivie
avec assez de méthode
pour qu'elle soit reproductible quels que soient les milieux naturels et les forces en présence.
Dès le lendemain quelle que soit la cuisine
dès le lendemain 6h30
mais avec assez de mobilité pour arriver à en être
un peu surpris quand même ―
il faudrait trouver un type assez élastique
pour défiler avec un masque de moi sur le visage
et un masque de toi et un du petit et un du chat
et comme ça tous les 14 juillet
et que ça fasse vrai.
Il faudrait un type assez solide pour assumer
les soirs où on est trop fatigués pour baiser
et les séries à finir avant de les rendre à la bibliothèque
et les heures de sommeil qui rétrécissent
le temps pas plus solide pour autant.
Il faudrait un mec assez consciencieux
pour ne pas éluder le vrai problème.
Là-haut ils ont dû lui faire une note de synthèse
il sait que je regarde des défilés militaires russes sur internet
que tu as ce problème avec le monstre du dimanche soir
et là il ne s'agit pas d'économie
il s'agit de fantasme.
Il faudrait un président
des petits soldats et des visions nocturnes
un
médicament pour la vie — et si ce n'est pas possible
un
traitement du symptôme — et si ce n'est pas possible
un
patch anti-cauchemars
quelque chose ou quelqu'un qu'on puisse se coller contre la poitrine
là où ça fait
vide
et qu'on puisse le faire collectivement.
07:58 Publié dans fins de séries | Tags : nous, prédident, défilés militaires, économie, beauté, extrait d'un travail en cours | Lien permanent | Commentaires (0)
31/03/2016
Nous, prédident (extrait)
Maintenant
nous sommes trois — moi, le président,
et cette main tendue entre nous deux.
C'est la sienne.
Ce n'est pas une métaphore.
C'est une main.
D'ici elle n'a pas l'air si grosse que ça.
Lui il a l'air à peu près tout autour sauf au bout de cette main.
Ma main est encore moite de cette main-là
et plus vivante que d'habitude — vivante
des milliards de bactéries des milliers de mains qu'il a serrées depuis ce matin.
Les bactéries sont des êtres vivants.
On ne tient jamais assez compte des êtres vivants.
Les êtres vivants ont droit à leur dignité.
Ils ont droit à des mains confortables.
Maintenant nous sommes trois et cette main et son président me regardent avec une bienveillance infinie.
Je les regarde et
j'ai peur — trois c'est le nombre nécessaire et suffisant pour construire une minorité.
07:20 Publié dans fins de séries | Tags : nous, prédident, extrait d'un travail en cours, main, minorité, bactéries | Lien permanent | Commentaires (0)