07/12/2012
Lecture lundi prochain
Le faire avec la bouche.
Le faire par l'oreille.
Le faire avec beaucoup de bruit.
Le faire avec les voisins qui donnent des coups de balais dans les murs.
Le faire au début de l'hiver.
Le faire sous toutes ses formes.
Le faire en commun.
Le faire à tout le monde.
Le faire malgré la conjoncture.
Le faire avec Samantha, Béatrice, Yve, Melchior, Bernard, ET, contrairement à ce qui est écrit, Frédérick.
09:26 Publié dans Gueuloir | Tags : lecture, cedrats, j'ouïr, syndicat des poètes | Lien permanent | Commentaires (0)
05/12/2012
Au seuil du pays des merveilles
[...]
Jipé passe devant moi pour aller à sa voiture. Sa démarche habituelle, un Gary Cooper dans chaque patte. Sans la circulation on entendrait un bruit d'éperons. Jipé a été élevé au Far-west. C'était ça qui m'impressionnait, au début. C'est aussi pour ça qu'il est notre directeur.
Et tout à coup, c'est là :
Sa boucle de ceinture.
Carrée, large, chromée, et dessus, gravées en capitales, quatre lettres.
BOSS.
Voix de Roch dans ma tête —Et toi ? Tu fais quoi dans la vraie vie ? Dans la vraie vie, moi, je m'étouffe avec de la fumée de cigarette en essayant de retenir un fou-rire.
Ce n'est pas par méchanceté. C'est de la joie. D'avoir compris. Quelque chose est rigoureusement à la place qu'on lui a attribuée depuis le début de la création.. La vraie vie. Le genre de sens qu'on peut toucher, regarder, emporter avec soi, mais la licence d'utilisation se limite à ça, on ne peut ni le prêter ni le vendre ni le communiquer à ses descendants, et si on veut le passer en fraude de bouche à oreille à un ou deux privilégiés un soir d'attendrissement après un gros rush étreinte qui éreinte, on ne trouve pas les mots, alors on cherche, et on cherche des années et on claque tout son sang sa sueur et son foutre pour rien trouver et ça fait de vous un poète.
(Extrait de Fast-Food, work in progress.)
08:00 Publié dans Bouts de peau | Tags : fast-food, directeur, révélation, poète | Lien permanent | Commentaires (0)
04/12/2012
Vraie viande d'universitaires
ça devait arriver
c'est toujours comme ça
chaque fois que j'en croise un il faut que j'aie
ou
un tablier
ou
une toque parfaitement ridicule
ou
la marque d'une grande chaîne de restauration rapide au fer rouge sur la poitrine
cette fois
c'était les gilet obligatoire pour les enquêteurs de notre réseau de transport en commun
il n'y a pas de fatalité me disaient-ils
n'empêche que j'ai bossé dans trois bibliothèque cette semaine
mais il a fallu que ce soit ICI et MAINTENANT que je LE croise
sur ce quai de métro où je collectais les vies et les itinéraires
je l'ai reconnu tout de suite
à l'époque c'était un demi-ponte de l'université
dix-neuvièmiste
fin de carrière
en chemise à carreaux fanée
avec une serviette bizarre à carreaux éculée
l'air un peu paumé dans le climat intellectuel de cette époque
maintenant
ce n'est plus qu'un retraité tremblottant
chemise à carreaux fanée
caddie à carreaux éculé
l'air un peu paumé dans le climat social de cette époque
je n'ai pas pu m'en empêcher
soudain
c'était comme si j'étais revenu dix ans en arrière
à cette époque
les universiataires
j'aimais bien les transformer en prêtres
ou en chamans
ou en papas Noël
(ceux
qui ont eu quinze ans dans leur vie
comprendront ma naïveté. Moi,
j'ai eu quinze ans
pendant dix ans.)
je n'ai pas pu m'empêcher
je suis allé me faire reconnaître
comme si
je VOULAIS voir la répulsion
la bouche tordue de crachat futur
la bouche qu'ils ont tous quand je les croise
ICI et MAINTENANT
- VOUS ÊTES... alors comme ça vous êtes... tombé DANS LES ENQUÊTES ?...
je conseille la viande d'universitaire matin et soir
à ceux qui ont des nostalgies de réalité rugueuse
retour d'humilité garanti sous dix secondes
et c'est gratos
08:09 Publié dans Bouts de peau | Tags : universitaire, autorité morale, métro, quinze ans | Lien permanent | Commentaires (0)