21/07/2015
Tous les atomes
c'était déjà il y a quelques jours mais j'aimerais bien m'en souvenir parce que
ce soir-là tous les atomes qui composent mon corps ont vraiment
fait l'amour avec tous les atomes qui composent le tien
ce n'est pas si courant
ce n'est pas donné à n'importe quelle soirée même quand on a fait garder le gosse qu'on a décidé de faire comme si la gueule de bois n'existait pas plus que le travail demain
d'ailleurs quand je dis tous les atomes qui composent mon corps tous les atomes qui composent le tien je ne tiens même pas tout à fait le compte
on a dû embarquer avec nous ceux des draps
ceux des murs dont on ne se demande jamais s'ils se font parfois chier à nous voir coïter avec nos chaussettes nos heures de sommeil sacrosaintes nos quittances de gaz et nos sept années à observer comment nos muqueuses vieilliront ensemble
avec toujours l'air d'ajouter une raison de stresser à une autre
jusqu'à cette impression de faire l'amour avec des passe-montagne
(juste assez de mémoire libre pour que ta tête trouve familier le tapis de ma poitrine mes narines ton odeur
juste assez pour que je redevienne moi et que tu redeviennes toi
et qu'on puisse moins plaider l'aliénation mentale)
mais cette fois non
nous avons fait l'amour ce qui s'appelle l'amour
et ce qui s'appelle faire
et je t'en veux pour preuve qu'on ne perd pas sept kilos comme ça aussi vite
et qu'on n'annihile pas comme ça deux semaines pourries
même si autant d'atomes ça fait quand même beaucoup de vide dans les interstices
non vraiment
même sur le plan des recherches en physique nucléaire
je crois qu'on peut être fiers de nous
07:00 Publié dans Bouts de peau | Tags : faire l'amour, atomes, perdre sept kilos | Lien permanent | Commentaires (0)
19/07/2015
La question japonaise
y a un moment ce n'est même plus la chaleur ou la faillite de la pensée occidentale
y a un moment
c'est une question de souffle
...
l'espace entre la cage thoracique
et le réel autour
appelle le
minimalisme
...
problème :
j'ai horreur
du haïku
...
pourtant ce matin très précisément pensées remontent
éclatent en bulles minuscules
trois vers ça devrait leur suffire
...
où sont mes nuages ?
où est cette putain de montagne ?
c'est quand la dernière fois que vous avez vu une
carpe ?
...
j'essaie
j'efface
j'essaie encore
...
je vois ce bureau
je me dis Putain voilà un beau bureau
je l'aime parce qu'il est comme il est hirsutes de pots à crayons
...
on peut dire ce qu'on veut
la pile de papier écroulée les pense-bête collés sur l'unité centrale les deux cendriers en coquille Saint-Jacques
le bâton de colle sec la boîte en carton dont je n'ai jamais su à quoi elle sert le ticket de carte bleue
n'ont pas besoin d'être la métaphore de quoi que ce soit
...
(mes collègues se marrent Putain on voit bien que c'est le bureau de Greg
et à vrai dire c'est vrai ce bureau ne me renvoie toujours qu'à moi-même
salaud d'occidental c'est encore pour ça que je l'aime)
...
rien à faire
pas moyen
d'être japonais
...
ces types-là réussissent à rendre un pauvre poissecaille
abstrait
ce sont des artistes jusque dans l'utilisation des couteaux
des contrats de travail et des centrales nucléaires
...
(moi
je
déborde)
...
j'ai fait du judo jusqu'à la ceinture jaune-orange
j'ai vu quelques films de Kurosawa
et puis ?
...
j'ai feuilleté quelques bouquins sur Hokusaï
j'ai admiré des bustes de yakusas au musée des tatouages d'Amsterdam
y avait même des doigts dans du formol
et puis ?
...
ne bouge pas de place pendant trois cents ans
tiens-toi disponible écoute il arrive
trois coups de crayon VAS-Y !!!
...
...
...
j'avais dit disponible.
...
...
...
non ce n'est pas qu'une question de tradition littéraire.
mec tu es toujours
trop plein de toi-même.
11:16 Publié dans Conneries | Tags : haïku, être disponible au réel, trois cents ans d'attente trois coups de crayon, encore raté pour le minimalisme | Lien permanent | Commentaires (0)
18/07/2015
Reconnaissance
à cette minute précisément
j'ordonne à tous ceux qui n'ont pas une crise de hoquet
à se retourner les intestins dans les amygdales
de se rendre compte
de leur chance
07:35 Publié dans Gueules de bois | Tags : hoquet, reconnaissance au monde, se rendre compte de sa chance | Lien permanent | Commentaires (0)