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02/07/2015

Improvisation sur Morrison Hôtel

je veux bien que tu viennes seule

je veux bien que tu me dises ce que tu penses de ma petite chanson

la voix les paroles le grain la tessiture le placement rythmique

la mélodie - ça, tu sais déjà où je me la carre

c'est pas ça qui nous fera éclater dans le soleil

d'ailleurs un soleil déchiqueté c'est quoi exactement

une sorte de salade façon Big Mac en lumière pure

une Méditerranée qui se fait chier en vaguelettes gréco-latines

ou juste

ce que je vois du monde à travers tes cheveux

dénoués

?

 

01/07/2015

Pour une débénabarisation du quotidien (250-263)

Suite de la saga politico-diariste en duel avec Emanuel Campo. Épisode précédent ici.

 

250) Pour les siphons encrassés nous avons des produits. Pour les révolutions qui montent lentement le long de la colonne verticale, nous avons des produits. Pour les matins difficiles, nous avons des produits. Il suffit de demander. Il suffit d'acheter.

 

251) 7h30.

 

252) C'est ton organisme qu'il faut persuader qu'il a eu assez d'heures de sommeil. Il y a un effort rhétorique à faire. Les mots existent quelque part. Il suffit de chercher.

 

253) Mettons que l'enjeu de la poésie contemporaine soit une affaire de compléments alimentaires. Et alors ? Est-ce que la fédération a émis une liste de produits dopants interdits ?

 

254) Tout ça, l'alcool et les stéroïdes. Merde. Comme si de naissance on n'était pas tous accro à quelque chose. Je me lève et je fais les gestes, je reste sobre jusqu'à 11h-11h30. Et alors je sens violemment monter en moi le manque d'une assiette de macaronis. C'est impérieux et je pourrais vous clouer à la table à coups de fourchette pour ça.

 

255) ... votre programme de désintoxication, pour le macaroni ?

 

256) 14h.

 

257) Je flotte. Le collègues croient que puisque je suis devant mon ordinateur, que j'ai adopté la gueule du mec qui, je suis là, avec eux, en train de réinvestir en énergie l'argent du contribuable. En fait, je vogue.

 

258) Je suis installé sur un trône en sacs plastiques. Mes pieds sont maintenus à une hauteur idéale pour la circulation, sur des coussins en sacs plastiques. Je contemple la plage, satisfait. De là je vois débarquer l'un de mes équipages. On va compter le butin. Mais je prends mon temps. Ce n'est pas si facile d'arrimer un bateau à une crique en sacs plastiques.

 

259) Ce île en sacs plastiques, j'en suis le roi. J'ai été élu à l'unanimité et à main levé, seuls les vétérans amputés des deux mains ont demandé un recomptage des voix. De temps en temps, ils protestent encore. J'attends la révolution.

 

260) La révolution se produit à 18h55. Tous les jours. Dans tous les estomacs en même temps. Quelque chose éclate dans les têtes. Soudain il se produit une accélération et tout le monde est debout.

 

261) 18h59 : les derniers clients dérivent vers les caisses. Sur les retardataires il y aura carnage.

 

262) 19h01 : les estomacs se dénouent - on a trouvé une solution pacifique à la crise. Pour tous, c'est un soulagement. Marie-Pierre a un regard perdu. Je ricane, comme un gros phoque mongolien.

 

263) 19h05 : habillés, harnachés, prêts à rebrancher l'alarme. Et puis métro. Et puis soirée à occuper. Nouvelle crise de manque. Cette fois il faudra quelque chose de gras pour que ça passe. Les estomacs se nouent. Jusqu'à la prochaine révolution.