19/07/2015
La question japonaise
y a un moment ce n'est même plus la chaleur ou la faillite de la pensée occidentale
y a un moment
c'est une question de souffle
...
l'espace entre la cage thoracique
et le réel autour
appelle le
minimalisme
...
problème :
j'ai horreur
du haïku
...
pourtant ce matin très précisément pensées remontent
éclatent en bulles minuscules
trois vers ça devrait leur suffire
...
où sont mes nuages ?
où est cette putain de montagne ?
c'est quand la dernière fois que vous avez vu une
carpe ?
...
j'essaie
j'efface
j'essaie encore
...
je vois ce bureau
je me dis Putain voilà un beau bureau
je l'aime parce qu'il est comme il est hirsutes de pots à crayons
...
on peut dire ce qu'on veut
la pile de papier écroulée les pense-bête collés sur l'unité centrale les deux cendriers en coquille Saint-Jacques
le bâton de colle sec la boîte en carton dont je n'ai jamais su à quoi elle sert le ticket de carte bleue
n'ont pas besoin d'être la métaphore de quoi que ce soit
...
(mes collègues se marrent Putain on voit bien que c'est le bureau de Greg
et à vrai dire c'est vrai ce bureau ne me renvoie toujours qu'à moi-même
salaud d'occidental c'est encore pour ça que je l'aime)
...
rien à faire
pas moyen
d'être japonais
...
ces types-là réussissent à rendre un pauvre poissecaille
abstrait
ce sont des artistes jusque dans l'utilisation des couteaux
des contrats de travail et des centrales nucléaires
...
(moi
je
déborde)
...
j'ai fait du judo jusqu'à la ceinture jaune-orange
j'ai vu quelques films de Kurosawa
et puis ?
...
j'ai feuilleté quelques bouquins sur Hokusaï
j'ai admiré des bustes de yakusas au musée des tatouages d'Amsterdam
y avait même des doigts dans du formol
et puis ?
...
ne bouge pas de place pendant trois cents ans
tiens-toi disponible écoute il arrive
trois coups de crayon VAS-Y !!!
...
...
...
j'avais dit disponible.
...
...
...
non ce n'est pas qu'une question de tradition littéraire.
mec tu es toujours
trop plein de toi-même.
11:16 Publié dans Conneries | Tags : haïku, être disponible au réel, trois cents ans d'attente trois coups de crayon, encore raté pour le minimalisme | Lien permanent | Commentaires (0)
18/07/2015
Reconnaissance
à cette minute précisément
j'ordonne à tous ceux qui n'ont pas une crise de hoquet
à se retourner les intestins dans les amygdales
de se rendre compte
de leur chance
07:35 Publié dans Gueules de bois | Tags : hoquet, reconnaissance au monde, se rendre compte de sa chance | Lien permanent | Commentaires (0)
16/07/2015
Deux trois découvertes pour une fête nationale
j'ai compris que le rock est mort mais qu'un petit tour d'oreilles au musée archéologique n'est pas désagréable
j'ai compris que quand on campe avec un bébé de deux ans dans un squat à ciel ouvert avec toilettes sèches le tout est de ne pas prononcer le mot staphylocoque
j'ai compris que pour le défilé le compte des voitures brûlées était aussi excitant que la présentation des nouveaux avions de chasse
je n'ai rien regardé à la télé ni la messe ni le défilé mais j'ai compris
que l'impression générale de sécurité dans un pays était proportionnelle à la dose de déprime qu'évoque la gueule de son ministre de l'intérieur
j'ai compris que j'étais à la bourre que les clés étaient coincées à l'intérieur qu'il y avait une odeur de brûlé et de liquide vaisselle
que les murs de l'attente sont branlants mais qu'au-delà c'est le vide
que la peur du vide n'est apparemment pas héréditaire
que les coups de panique irrationnels n'empêchent pas un malheur d'arriver
alors je fais comme tout le monde
je fais comme si je traitais tout ça par le mépris
et je m'accroche à mes rites
07:42 Publié dans fins de séries | Tags : rock is dead, staphylocoque, défilé du 14 juillet, attentat déjoué, ministre de l'intérieur | Lien permanent | Commentaires (0)