24/04/2014
Trop-plein II
Tu veux savoir comment c'est la vie quotidienne à Thèbes ?
C'est comme ici.
Il y a de la vaisselle sale, deux biberons qui dépassent, et ça, tu sais que tu ne pourras pas y couper. Il y a les moutons qui paissent sous le lit et encore trois meubles à monter et ce sera pour dimanche prochain. Personne n'a eu envie de faire les courses, mais de toute façon personne n'a envie de se coller à la cuisine. Je t'aime. Moi aussi. Mois aussi. N'oublie pas que je suis là pour...
Et il y a l'insomnie. Des femmes des livres des portes des gares. Tout est soûl sauf toi mais c'est tant mieux, c'est toi qui ramèneras l'ensemble dans sa boîte en fin de soirée, pour que ça ne se tape pas devant la porte du bar, que ça ne fasse pas chier les voisins.
Un messager arrive, il dit que c'est une boucherie. Qu'untel a tué son père couché avec sa mère et qu'on en a pour des siècles à subventionner des poètes pour sauver au moins les apparences.
20:49 Publié dans Gueules de bois | Tags : thèbes, tragédie, oedipe, fin de semaine, vaisselle qui s'accumule, et la bouffe alors ? | Lien permanent | Commentaires (3)
22/04/2014
Trop-plein
J'ai des obscurités de CV et des ambigüités contractuelles... En quantité, si vous saviez. J'ai des retards de sommeil et des friches industrielles plein l'ordinateur... J'ai des chauve-souris, des comptables et des labyrinthes... Des lectures en suspends et des bibliothèques à jamais en deuil par défaut de confection d'espèce... C'est toujours moi qui frise la banqueroute mais qui finis le mois à un euro de l'interdit bancaire.
Mais je m'en sors vivant, toujours. Tellement que ça n'en est pas juste. Que c'en est trop banal. Pas à la hauteur du concours de tragédies qui m'explose dans la tête tous les vendredis saints.
Faudrait ne pas avoir mal au ventre, faudrait pas sentir son humanité en odeurs d'aisselles dans le métro. Mais comme vous savez, on fait aller.
20:19 Publié dans Gueules de bois | Tags : cv, contrats, banqueroutes, découverts autorisés, vivant toujours | Lien permanent | Commentaires (0)
15/04/2014
La sainteté commence par les pieds
Je ne peux pas le dire,
hein —
j'aurais mon père, ma mère,
avec des torches enflammées.
Non, je ne peux pas le dire —
j'aurais ma copine, mes copains, mon gosse
avec fourches affamées — Non,
il faut me taire
— j'aurais
mon frère ma soeur le maire et tous mes éditeurs
avec tanks et moissonneuses-batteuses.
Je ne peux pas le dire
que la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie
est ce tapis de bain
fabriqué en Suède
que tu as rapporté l'autre jour.
Et pourtant.
Sens, sens.
Sens comme la plante de tes pieds
efface toute pensée.
Gouttes.
Buée.
Rémission de tous les péchés du monde
l'espace qu'une seconde.
09:37 Publié dans Bouts de peau | Tags : tapis de bain, ikea, rémission de tous les péchés du monde | Lien permanent | Commentaires (0)