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15/11/2023

Dapsance me souffle

Dapsance (démon femelle épaule gauche) me souffle dans Qu’ont-ils fait du bouddhisme ?  que la tradition des livres de développement personnels est issue de la pensée puritaine libérale anglo-saxonne du XIXè siècle, son but premier est de vous faire vaincre la pauvreté en changeant vos attitudes individuelles. Depuis que Samuel Smiles en 1859 a écrit Self-help. On est dans la pure morale puritaine libérale victorienne : courage, épargne, sens du devoir.

Dapsance dit encore que c’est mi-XXè siècle que la discipline se mélange à de la psychologie et qu’émerge la Pensée Positive. Elle cite encore des noms dit Ralph Waldotrine Phineas Quimby Warren Felt Evans précise qu’ensuite on incorpore un peu de bouddhisme un doigt d’hindouisme on appelle ça New though et ça veut dire Nouvelle pensée fatalement en anglais car on est toujours dans l’adaptation de la spiritualité au capitalisme elle parle même de bouddhisme comme développement personnel un véhicule d’américanisaion et elle cite une chouette galerie de faux sages d’Orient mystiques mystérieux : Yogi Ramacharaka aka William Walter Atkinson –Lobsand Rampa aka Cyril Heury Hoski – Pema Chödrön aka Deirdre Bloomfield-Brown. Et d’autres.s

Là-dessus un type dans une émission de France Inter – il est sociologue s’appelle Nicolas Marquis – remonte jusqu’à Benjamin Franklin qui retraduisait lui-même des manuels protestants qui dataient du XVIIIᵉ siècle, dans lesquels on expliquait au fidèle que s'il voulait plaire à Dieu, il fallait qu'il soit un homme responsable, actif, qui prend sur lui-même.

Si on est féru d’alpinisme on remontera en rappel juqu’à : Épictète. Aristote. Épicure. De beaux Grecs blancs barbus en marbre.

Toujours est-il que les livres de développement personnel n’ont pas innové avec le pognon : les moines, les maîtres, les bonzes errants se sont toujours préoccupés de ça, le pognon.

Pas parce que tout se corrompt dès qu’on laisse à température ambiante : parce que c’est une manière pratique pour ceux celles qui ne peuvent pas consacrer douze heures par jour à faire zazen à réciter des soutras, parce qu’ils et elles, paysans paysannes, artisans artisanes, militaires, marchandes marchands ouvriers ières, cadres ministres mandarins fonctionnaires, tout ce qui fait un monde une société civile tout ce qui produit à bouffer construit des routes des bâtiments tisse des vêtements gère le bordel
(les ploucs)
– tout ce
monde-là que tu peux toucher de ton doigt terreux de cul-terreux, et tu vas y crever tu vas y souffrir, y ressentir dans toutes tes cellules les beaux médiocres soirs de semaine trop écoeurés pour tirer (un coup passable) (un enseignement spirituel de la série que tu mates) (une balle de .38 dans la tête de ton patron) pour faire taire les pires agitations de l’âme ET PIRE : TU ES CONDAMNÉE À Y RENAÎTRE ENCORE ET ENCORE JUSQU’À PLUS SOIF DE MERDE EN PINTES – on appelle ça cycle infini du saṃsāra, c’est du sanskrit ça veut dire le réel les poils du réel, les mêmes ou à peu près naissance après naissance – eh bien pour ces gens-là qui n’ont pas le temps parce qu’il faut bien produire de quoi faire bouffer les moines, c’est bien pratique d’avoir accès à des bribes de sainteté contre du pognon.

Retenez ça. Et ajoutez : le développement personnel est une tradition anglo-saxonne vieille d’un siècle et demi. Ses auteurs ne veulent pas améliorer votre bien-être. Ils veulent faire de vous un winner. Le bien-être est OK mais dans la seule mesure où votre niveau de réussite ne dépassera jamais votre niveau de développement personnel.

Mais ce qui compte c’est faire de la thune. Beaucoup de thune. Car la thune – ça je l’ai entendu sur TikTok – c’est de l’énergie.

(Temps d’arrêt – où je réalise combien cette phrase est vraie. Combien elle me mortifie.)

Dans ce projet j’ai décidé de me passer du sarcasme. C’est difficile, ces saloperies vous avez beau les vider votre corps en sécrète à flux continu, hormonal. Mais l’ironie c’est trop facile. Infécond. Contre-productif. Si je revêts l’armure antiémeute de l’ironie vous ne sentirez pas mes tripes vous ne me donnerez pas votre pognon.

Car pour le pognon il faut donner ses tripes. Ou d’autres abat. N’importe quel bout de chair mais il faut dérouiller un peu, que ça dégouline que ça tache.

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