23/08/2014
Les doigts qui puent
j'aimerais écrire un poème sur les chevaux
un long poème
lyrique
rythmé
avec des consonnes plein les galops et le cliquetis des armes
avec des jeux de lumière sur l'écume au licol
des dents énormes
des croupes moirées
et des odeurs de foin
j'aimerais écrire un poème comme un hennissement
comme un souffle
comme on se cabre
comme on s'ébroue
le problème c'est que les chevaux ne sont
pas ce meuble altier qui vous effraie les Sarrazins en moins de deux
les chevaux s'en foutent de l'épopée
leur truc ce serait plutôt de vous croquer une phalange à l'heure de la pâtée piétiner le crâne quand vous ronflez bourrés
balancer leur queue dans les essaims de guêpes
(du moins pour l'expérience que j'en ai)
d'ailleurs
ceux qui aiment les chevaux
comme ceux qui aiment les chiens
comme ceux qui s'aiment eux-même à en glousser seuls sous les draps
doivent accepter de vivre avec les doigts qui puent
et ça
vraiment
c'est au-dessus de mes forces
08:00 Publié dans Gueules de bois | Tags : chevaux, épopée, doigts qui puent | Lien permanent | Commentaires (0)
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