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08/05/2014

Paco

 

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Les synapses de Francisco Sanchez Gomez sont des êtres vivants.

Je le dis, parce que je n'ai vu figurer cette information dans aucune nécro.

Et pourtant c'est évident. Je le sais depuis longtemps. Depuis que j'ai l'âge de jouer No woman no cry à la guitare. Et j'ai remarqué ça sans être un aficionado du flamenco, ni même un mec que le flamenco intéresse plus d'une heure par an.

Vous me direz : cet homme a révolutionné le flamenco avant l'âge de vingt ans. Vous ajouterez : seulement on s'en fout, du flamenco. Et je serai bien de votre avis.

Mais on ne se fout pas des synapses de Francisco Sanchez Gomez.

Les synapses de Francisco Sanchez Gomez ont une histoire. Les synapses de Francisco Sanchez Gomez ont leur sensibilité. Les synapses de Francisco - et puis merde - Paco de Lucia ont, elle aussi, leur dignité d'être n'ayant pas demandé à vivre, et essayant d'exister en détruisant le moins possible autour d'elles.

Je parle des synapses à mains. Des synapses à guitaristes, de ces synapses qui président aux gammes chromatiques et aux modes espagnols.

Il fallait douze heures de travail par jour à Paco rien que pour garder le niveau, disait-on. Douze heures par jour pour que ça soit facile. Et spontané. Et naturel. Ou tout ce qu'on voudra. Duende.

Des synapses d'une sensibilité pareille ne se mènent pas au fouet. Il fallait du doigté, du tact et une patience infinie. Elles devaient connaître les tourments des génies, la peur de l'incompréhension, le trac, la terreur de décevoir après avoir été au sommet, peut-être des caprices de diva.

Maintenant qu'il est mort, qui va leur apporter cette tendresse d'apiculteur ?

Y a-t-il dans les espaces intermédiaires un service de retraitement des synapses guettant l'éclosion des guitaristes prodiges ?

Y a-t-il une métempsychose pour les transmetteurs neuronaux ?