09/06/2013
Taper, taper, taper
La vie est d'essence littéraire, y compris ma flemme et ma cirrhose.
Alors, ressers-moi un verre.
Ce que j'ai à dire à ce comptoir a intérêt à dépasser en connerie tout ce qu'on entend depuis quatre jours, sinon, ça ne sert à rien.
S'il-te-plaît, la petite soeur.
Parce que des fois, comme ça, les gens crèvent.
Des fois, comme ça, c'est en pleine rue.
Assassinés par des pots de fleurs, n'en déplaise à une certaine catégorie de collègues à moi. Ou tombés au combat pour un genre littéraire.
Quoi qu'il en soit, il faut des mots.
Des mots pour les cadavres. Conjurations et apaisement des âmes, la peur qu'elles nous tournent autour au-delà du délai prescrit.
Et aussi, résistance aux mots de l'extérieur.
Aux crachats endémiques.
Mais d'abord, perdre cette sale bidoche.
Perdre cette bidoche, c'est le sujet.
Parce que, justement, il est ici question de gens maigres.
De l'intransigeance des maigres.
Je dis MAIGRES. Je continuerait à dire MAIGRES et je n'abaisserai pas à GAMINS, PAUVRES GOSSES ou à parler de tragédie, parce qu'en France, depuis quarante ans, à 19 ans on est à même de faire des choix politiques et d'en assumer les poings américains, et parce que ceux qui crèvent au combat ont mérité leur épopée.
De même que je n'abaisserai pas à dire comme ici ou là -
..........que les gosses avaient succombé à un emballement romantique.......................
..........dérivé d'un désir de militer..............
............ne trouvant pas à s'exprimer dans les partis traditionnels
Je prends n'importe quelle argumentation — sauf le mépris et la malhonnêteté intellectuelle. Et il en faut beaucoup, mépris et mauvaise foi, pour ne pas voir que sans succombateurs à emballements romantiques, il y a longtemps que le monde entier ressemblerait à la Russie à la fin des années 90. Ou au Kosovo aujourd'hui. Ou à la Corée du Nord, les jours de grosse motivation.
Admets-le et ressers-moi l'avant-dernier, s'il-te-plaît, après j'ai de la route.
Il n'y a pas à tortiller question théorie des genres, et pour une fois, tu vas être content d'avoir un petit poète perso pour ton zinc.
Voici mon expertise : une tragédie est une tragédie, et un combat de rue entre deux factions prêtes à finir sur le carreau pour une cause, c'est une épopée.
Alors, envoie le dernier, et sois sympa avec les pleureuses : il n'y a pas de boulot pour elles.
Il n'y a de boulot que pour un poète. Et pour un sculpteur.
19:48 | Tags : théorie des genres, épopée, tragédie, clément méric, emballements romantiques | Lien permanent | Commentaires (0)