25/06/2018
Amour (tentative de poème pour des 14 févriers en juin)
Quand je te vois mon coeur s'épanouit telle une fleur au mille pistils les anges soufflent n'importe comment dans leurs trompettes pas chères les voitures carambolent les braguettes de mes jeans subissent de graves dysfonctionnements et 25 ans après : NOUS DEUX heureux et diabétiques devant la télé. Olé.
06:35 Publié dans Bouts de peau | Tags : amour, connerie, diabétiqyes, canapé | Lien permanent | Commentaires (0)
07/03/2015
Pour une débénabarisation du quotidien 167-174
Suite du poésie-contest en temps réel et sous vos applaudissements avec Emanuel Campo. Livraison précédente ici.
167) En 86 je transformais lentement ma propre nature sauvage en nébuleuse de culture sauvage. En 86 je n'avais rien à foutre du département 86, qui est la Vienne, qui est en Poitou-Charentes, et dont le chef-lieu est Poitiers. En 86 je n'avais même pas l'idée de bouter les Sarrasins hors du royaume des Francs. En 86 si je voyais un marteau, je m'en saisissais, je tapais, sur tout et n'importe quoi, sans distinction de race ni de religion. En 86 j'étais dans l'égalitarisme et je bavais beaucoup.
168) En 86 ma grande sœur me mettait dans ma poussette me poussait jusqu'au couloir et me balançait droit devant direction la porte des voisins. Je riais à m'en éclater les vaisseaux sanguins et j'écartais les jambes juste avant le choc. Ce fut mon expérience de la confiance totale.
169) En 86 il n'y avait qu'aujourd'hui et la veille de demain et ça durait des siècles. Cela dit, j'étais déjà insomniaque. Trop de choses à faire, à voir, à mettre à la bouche. Mes parents payent encore leurs nuits sans sommeil à l'heure qu'il est. Mais ils étaient encore capables de se lever, de résister à la tentation de m'envoyer par la fenêtre et de retourner se coucher en évitant de voir ce que le mitterandisme était déjà devenu. Il n'y avait pas encore eu de chanteur ironiquement générationnel pour leur enfoncer le nez dans leur trivialité. Ils faisaient ce qu'ils pouvaient. Ils y croyaient.
170) 86 : De gueule au pâle ondé d'argent accompagné de cinq châteaux d'or maçonnés de sable et donjonnés de trois tourelle de même ordonnés en sautoir et brochés sur le tout. Voilà à peu près ce que je comprenais quand vous disiez devant moi autre chose que lait, rot, purée, caca, doudou, grande sœur.
171) Ton film continue. Ton acteur américain s'instille en moi doucement, gentiment, juste à côté de ma migraine et de mon année 86. Si tu savais combien de siècles elle a duré, cette année où je suis descendu de mon arbre, où j'ai découvert le feu, inventé des outils, commencé à enterrer mes morts, fait commerce ou la guerre ou les deux avec mes voisins, inscrit des stèles dans une langue réservée aux prêtres, sacrifié à des dieux rapidement passés de mode. Je me replonge dedans, et je me prends à rêver. Un long chant monte en moi. Quarante choristes en uniforme soviétique évoque la jeune fille simple sur son rivage, avec son aigle et les lettres de son héroïque fiancé. En 86, j'ai toujours l'espoir que ce soit lui, lui en particulier, qui s'occupe du cas de ton acteur américain dans une cave anonyme des faubourgs de Moscou, avec une fraise de dentiste, des cisailles, une faucille et un marteau.
172) Je sens ton corps opérer un déplacement presque imperceptible sur le canapé. Tu te grattes, une petite vague affleure à la surface du duvet vert qui nous recouvre. D'ici, je ne sais pas quelle partie de ton corps tu grattes, mais quelle qu'elle soit j'ai envie d'y porter les lèvres. Mais pour être tout à fait honnête, je t'aimerais avec moins d'anxiété si, une fois, juste une fois, ton acteur Américain en sortait sans nez ou les couilles en moins.
173) L'autre jour un copain à moi qui revenait de Russie m'annonce : Je sais que tu aimes la Russie et la guerre, j'ai un cadeau pour toi. Et il m'offre une demi-douzaine d'insignes de l'armée rouge, marine, aviation artillerie, danse cosaque, tout. J'ai de moins en moins de certitudes sur la notion de hasard.
174) Ô Katioucha ! Quand ton aimé reviendra de mes fantasmes, de ma migraine et de mon acteur américain, quand il se jettera sur toi puant la viande et la vodka, pense à ton amour, à ce à quoi il ressemblait quand tu le chantais seule sur la berge, même s'il est recouvert d'écailles et qu'il vomit des trucs vert fluo. Nous sommes en 1986 et ton amour s'en revient d'Ukraine. Mais je ne m'en fais pas : fatigue, nostalgie, sarrasins, acteurs américains pour salons de dimanche soir, le nuage, comme on dit, s'est arrêté à nos frontières.
08:06 Publié dans Pour une débénabarisation du quotidien | Tags : débénabarisation du quotidien, manu campo, 86, vienne, poitiers, confiance, canapé, union soviétique, torture, acteur américain, choeurs de l'armée rouge, katioucha | Lien permanent | Commentaires (0)
23/11/2012
Le Mal (de dos) du siècle
Ce n'est pas pour faire de la poétique poéticienne,
Mais il me semble qu'il faut
Vitupérer
Avec son temps.
N'en déplaise à Rimbaud,
Je ne vois pas d'assis
Ici.
Je ne vois que des vautrés
Sur canapé.
08:04 Publié dans Conneries | Tags : canapé, mal de dos, mal du siècle, rimbaud | Lien permanent | Commentaires (0)