08/03/2017
Lecture croisée au Musée des Beaux-Arts de Lyon
Katia Bouchoueva et Grégoire Damon
Quand j'ai su que le thème était Afriques
Lecture croisée
Vendredi 17 mars 12H15
Samedi 18 mars 14H
au Musée des Beaux-Arts
20 place des Terreaux Lyon 1er
entrée : prix du musée + 3 euros
qu'on se l'dise
...
16:54 | Tags : grégoire damon, katia bouchoueva, musée des beaux arts lyon, printemps des poètes | Lien permanent | Commentaires (0)
02/03/2017
Gratos XI
selon les
l'homo sapiens est le premier mammifère
à être attesté
ici.
a priori
le lieu fut d'abord envisagé comme lieu d'exil
mouroir
punition.
puis
comme paradis sur terre
mangeoire divine
miracle de mécanique vivante.
puis
on a commencé à travailler -
introduction d'espèces invasives
destruction de l'écosystème
horaires contre-nature
inversion du rythme circadien -
aux dernières nouvelles nous sommes devenus nous-mêmes et il s'agit d'investir 1,7 milliard d'euros afin que l'océan se transforme en autoroute
bref
tout va bien
...
le soleil réverbéré par le pare-choc du connard du 75 rebondit
sur le creux des joues de mon binôme
sur mon obésité
ce matin de concert nous bouffâmes du clébard
et le geste qu'il fait pour monter le son (Sardou, Les Lacs du, op. cit.)
me fait penser à ce que disait Fred l'autre soir à propos de magie noire :
il y a des périodes
où il vaudrait mieux ne jamais sortir de chez soi
sans un gris-gris en vrais poils de chatte d'Erzulie-Freda
j'ai voulu ce que j'ai eu - mais rejouer
cette belle existence de tendinites et de scolioses
me fait toucher une vérité
tout à fait
fondamentale :
j'ai 32 ans
presque dix de plus que la première fois
que j'ai monté un carton de frites
pour de l'argent.
je suis vieux.
depuis leur éternel regret du cligno
mes poignées d'amour testent en frottements
les limites du siège passager
et la paternité - avec son cocktail chimique -
a fait chuter mon taux de testostérone
augmentant du même coup
ma tendance à la somnolence.
07:00 Publié dans Bouts de peau, Gratos | Tags : binôme, 32 ans, somnolence, camion, bouffer du clebs | Lien permanent | Commentaires (0)
28/02/2017
Gatos X
la plongée en haute mer
impose
la régularité de l'inspiration
et de l'expiration.
la flânerie entre massif de corail
et banc de poissons-chirurgiens
exige de soumettre son souffle
à un ostinato d'une régularité terrible.
à cette profondeur la personnalité se dissout
l'être
se dédouble :
croise un requin qui veut faire mumuse.
lutte contre l'aspiration d'un courant subit.
prends-toi sur la tronche les eaux troubles d'une embouchure de fleuves.
l'humain dit : peur.
l'appareillage non-humain qui dispense l'air répond : régularité.
n'oublie pas.
de respirer.
avec.
régularité.
ou.
tu mourras.
yoga -
métronome -
horlogerie fade et froide de Jean-Sébastien Bach -
vieux fantasme d'une maîtrise absolue
sur les réflexes.
la survie dépend du maintien de l'effort conscient
jusque dans le plus mou
de la contemplation.
-
ainsi
par une bizarrerie cognitive que la science
n'a jamais cherché à expliquer
mon binôme vit dans un monde
inversé.
c'est comme ça.
il faut s'y faire.
quand il pousse une pile de caisses et dit on descend ça veut dire
on monte au rez-de-chaussé.
quand il dit à gauche il faut comprendre
à droite.
quand il dit devant
c'est du cul du camion qu'il
parle.
quand il dit CD c'est pour DVD et
inversement.
pour
survivre
pour que le boulot se fasse
c'est le monde entière qu'il convient de reconfigurer.
toutes les cinq minutes.
à raison de huit heures par jour.
ça prêterait à rire comme ça y prête au sein de l'équipe de l'après-midi
mais.
mais c'est dans tête-dans-l'cul et dans durée-indéterminée que ça se passe ;
mais c'est doucereux et constant comme un picotement
comme une migraine ;
mais c'est aussi
la folie qui dépasse dans les coins
légère et court-vêtue.
politiquement
spirituellement
religieusement
il y a longtemps que j'ai arrêté de considérer l'équilibre mental
comme autre chose qu'un cliché pour magazines féminins
et agents de maîtrise sans imagination.
aussi
il n'est pas exclu
que le rez-de-chaussée de la bibliothèque
se trouve en-dessous du premier sous-sol
que le cul du camion
ait été placé par erreur derrière la porte latérale
et que la voie de droite
derrière les stops de la bonne ville de Lyon où nous exerçons notre métier
se trouve malignement à gauche
et que personne
jusque là
ne s'en soit simplement
aperçu.
12:00 Publié dans Bouts de peau, Gratos | Tags : respirer quand on fait de la plongée sous-marine, binôme, folie, inversement du monde | Lien permanent | Commentaires (3)