Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/01/2014

Cher monde cruel (opus 748 210)

Cher monde cruel,

 

Tu as gagné. Je me rends. Tu avais raison sur toute la ligne. Et tu as tellement bien réussi à faire ce moi ce que tu voulais sur ce coup-là, que je n'ai rien d'autre à faire que de te tirer mon chapeau et d'aller me pinter à la 8.6 pour oublier ça.

Pourtant, tout aurait pu se passer comme d'habitude. Si tu n'avais pas fait pousser ce vieux entre ma poussette et les portes automatiques du métro C, et si ce vieux n'avais pas essayé de prouver son existence au monde d'une façon que j'ai jugée offensante pour moi et pour le passager de ma poussette.

Je ne reproduirai pas ici le genre d'échange qui s'en est suivi, mais une question demeure : comment continuer à être un poète après ça, bordel ?

Comment se faire une existence décente parmi les milliards de petits démons tapis dans l'ombre, et dont le seul but est apparemment de nous transformer en connards à la première occasion ?

Et comment en parler sans tomber dans bénabarisation généralisée ?

Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Si je dis "démons", c'est qu'il y a de la magie noire là-dedans. Parce que la transformation est trop instantanée. Parce que ça a trop d'empire sur nous, parce que ça bouffe trop de journées de destins de sentiments et d'années d'espérance de vie pour que ça ne soit pas le mauvais oeil.

C'est trop de petitesse même pour nos dimanches de gueule de bois.

Au moins, les vrais salauds, les vrais dingues, ceux qui brûlent des livres, bombardent des villes, déportent des individus comme s'ils s'agissait de vulgaires peuples, ceux aussi qui polluent les fleuves et qui se barrent en Suisse avec l'argent du pétrole, ont sans doute des gestes d'une certaine ampleur.

Mais les innombrables petits enculés qui nous hantent le corps et nous rendent persuadés d'avoir RAISON ???...

Ça fait froid dans le dos.

Je vais te dire un truc : Je ne sais pas si Hercule, Jean Moulin ou Bernard Lavilliers auraient résisté à des saloperies pareilles.

..........................................................................................................................................................................

Sinon, au cas où tu n'aies rien à faire ce samedi 25 janvier au soir, n'oublie pas la petite sauterie de Caluire.

On s'y verra, et je me ferai au plaisir de te dire ma façon de penser.

En attendant, je te souhaite une bonne nuit, moi je vais me trouver un exorciste et me mettre au lit.

Vanné, je te dis.

 

21/01/2014

Et ça continue...

 Pelle.jpg

 

D'abord, j'ai une pelle.

Alors je creuse.

Je creuse à pic sans plan défini.

Sauf enlever de la terre.

Quand je tombe sur une canalisation, des fois je remonte, et je creuse ailleurs.

D'autres fois, je sors le marteau-piqueur, et alors ça mouille.

Et puis quand j'ai le temps, je fais des notes préparatoires.

Et puis je me remets à creuser.

Il arrive que des personnes se mettent au bord du trou et me regardent creuser un moment.

Des personnes extraordinaires.

Ils publient mes notes préparatoires.

Avec la terre des fois.

Je leur suis très reconnaissant.

Et un peu confus.

Mais un jour, j'arriverai au fond de quelque chose,

et alors,

j'écrirai,

vraiment.

 

18/01/2014

Trois ou quatre fois par an

(Chère Inspiration,

déesse de mes deux balles,

courant d'air, 

je ne crois toujours pas en toi.

Je ne veux pas croire en toi.

Je ne veux croire qu'au réveil, moi.

A la sueur — tant le litre

à TVA réduite —

aux clopes et au café.

Ça, c'est des dieux tactiles.

Ça, c'est des dieux utiles.

Mais j'ai beau m'y remettre, bosser,

trois, quatre fois par an, ça retombe.

Et me voilà con.

Comme un signe bègue.

Un bébé ouistiti sans ses cordes vocales.

Ou un rital manchot.

Bref, j'y arrive pas.

Aussi,

machin en stuc,

tu vas te ramener, 

que je t'oublie un peu.

Que je ne croie plus en toi.

A nouveau.

Je ne plaisante pas, mumuse en toc,

je t'ai à l'oeil.

Rends-moi mon athéisme,

et on restera potes.)